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Politique - Éclairage

Un accord sur le nucléaire iranien changerait-il la donne au Liban ?

Dans les milieux du Hezbollah, on espère un retour à la situation ante, et idéalement un déblocage des fonds en provenance de Téhéran.

Un accord sur le nucléaire iranien changerait-il la donne au Liban ?

Le fait qu’il ne soit nullement question du Hezbollah et de ses armes à Vienne rassure le parti chiite et ses alliés. Lisi Niesner/Reuters

Depuis quelques jours, les déclarations optimistes concernant un aboutissement prochain des pourparlers de Vienne sur le dossier nucléaire iranien se sont multipliées. Bien que ces affirmations proviennent surtout du côté iranien – l’optimisme de l’Occident est plus mesuré à ce propos –, on peut en déduire qu’une percée pourrait éventuellement avoir lieu prochainement. Au Liban, les observateurs ont les yeux rivés sur la capitale autrichienne et tentent d’ores et déjà d’analyser l’impact qu’un possible accord avec Téhéran pourrait avoir localement, en termes de rapports de force sur le terrain, et surtout en ce qui concerne le statut du Hezbollah.

Presque tous les analystes en conviennent : il est peu probable que l’implication de l’Iran dans la région ou le rôle du parti chiite libanais aient été évoqués parallèlement au programme nucléaire de la République islamique. « Le Liban est loin d’être un sujet central dans ces négociations. D’autant qu’Israël a adopté sa propre stratégie nationale pour gérer et atténuer la menace iranienne et celle du Hezbollah », commente pour L’Orient-Le Jour Hassan Mneimné, conférencier au Middle East Institute à Washington. D’ailleurs, croit savoir le politologue, le Liban n’est plus considéré par les États-Unis que « sous l’angle de la crise humanitaire ».

L'éditorial de Issa Goraïeb

Crimes d’inaction

Le fait qu’il ne soit nullement question du Hezbollah et de ses armes à Vienne rassure le parti chiite et ses alliés et fait miroiter l’espoir de voir les caisses du Hezbollah de nouveau alimentées à partir des fonds en provenance de Téhéran. Car tout accord conclu entre Téhéran et l’Occident devra nécessairement s’accompagner d’une levée des sanctions qui frappent l’Iran et paralysent entre autres sa liberté de commerce. Depuis que l’étau s’est resserré autour de la République islamique, cette dernière a dû quasiment assécher les aides financières envoyées au parti chiite libanais.

« Tant que le Hezbollah est exclu des pourparlers, il sera épargné de toute retombée négative », indique Mohammad Obeid, analyste proche du parti pro-iranien.

Après cinq mois d’interruption, les négociations pour sauver l’accord de 2015, censé empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire, ont repris fin novembre à Vienne entre Téhéran et les pays encore parties au pacte (France, Royaume-Uni, Allemagne, Russie et Chine). Les États-Unis y participent de manière indirecte. Certes, une entente entre l’Occident et l’Iran, si elle devait être conclue bientôt, pourrait tout au moins alléger les pressions sur la République islamique et peut-être même conforter quelque peu sa position dans la région. La question est toutefois de savoir quelle serait alors la marge de manœuvre dont disposeraient Téhéran et son bras armé au Liban, le Hezbollah. L’Iran sortira-t-il aussi renforcé qu’en 2015, date de la conclusion d’un premier accord dont se sont désistés les États-Unis en 2018 sous le mandat de Donald Trump ? Une interrogation à laquelle il est difficile de répondre pour l’heure de manière catégorique, tant il est vrai que la confidentialité qui entoure la teneur des négociations est de mise.

Lors de sa conférence de presse hebdomadaire à Téhéran, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Saïd Khatibzadeh, a fait part lundi de « bons progrès sur les quatre dossiers en discussion : la levée des sanctions, la question du nucléaire, la vérification et l’obtention de garanties ».

Accord tacite ?

C’est probablement sur ces déclarations positives que tablent les milieux du Hezbollah, qui prévoient d’ores et déjà des retombées positives pour l’Iran dans la région et pour le parti chiite au Liban.

Kassem Kassir, analyste politique proche du Hezbollah, se dit pour sa part convaincu qu’une sorte d’accord tacite conclu a posteriori prévaudra entre l’Occident et Téhéran et déterminera le rôle futur de l’Iran dans la région. Un rôle qui servirait alors à faire baisser les tensions.

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Et si les négociations sur le nucléaire iranien tombaient à l’eau ?

Une position que Ali Fathollah-Nejad, collaborateur scientifique au Centre d’études de la coopération internationale et du développement (Cecid) et expert des questions iraniennes, tend à nuancer. Selon lui, il pourrait tout au plus y avoir un appel adressé à l’Iran pour œuvrer en vue de la détente au Moyen-Orient, un peu comme ce qui existait déjà dans le préambule de l’ancien accord de 2015. « Mais cet appel serait plutôt lancé dans l’objectif d’assainir un tant soit peu les relations entre l’Iran et l’Arabie saoudite, qui souhaite être rassurée sur sa sécurité, que par rapport au Liban », croit savoir l’expert.

Hormis les milieux du Hezbollah, peu d’analystes partagent pour l’heure l’optimisme exprimé du côté iranien. Les trois pays européens et les États-Unis avaient fait état d’un certain pessimisme tandis que la menace d’une opération militaire contre l’Iran, menée notamment par Israël, planait sur les discussions. Dimanche, l’État hébreu a de nouveau exprimé ses craintes et réitéré ses mises en garde. « Israël n’est pas contraint par ce qui sera écrit dans les accords et maintiendra une totale liberté d’action partout et à tout moment, sans limitation », a déclaré le Premier ministre Naftali Bennett.

Le scénario d’une guerre provoquée par Israël est plausible, selon plusieurs experts, surtout en cas d’échec des pourparlers de Vienne. Ce qui ferait craindre de toute évidence une riposte de la part du Hezbollah à partir du Liban-Sud.

Chercheur au Carnegie, Mohannad Hajj Ali se dit plutôt sceptique quant à la conclusion prochaine d’un accord, d’autant que pour le moment les signes d’escalade dans la région sont plus nombreux que ceux qui pointent vers l’accalmie. « Le problème ne se pose pas seulement du côté iranien, mais également du côté américain. Il s’agit de savoir si les États-Unis sont disposés à donner à Téhéran toutes les garanties qu’il exige. »

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Pour le Hezbollah, l’ère du compromis est révolue

Aux yeux de Washington, l’Iran place des conditions rédhibitoires. Non seulement Téhéran réclame la levée de l’ensemble des sanctions, ce qui n’est pas du ressort du gouvernement américain mais de la bonne volonté du Congrès qui en a voté une grande partie. L’Iran demande également que l’administration américaine s’engage à l’avenir à ne plus se retirer de l’accord comme l’avait fait Donald Trump. Ce qui est impossible constitutionnellement, l’actuelle administration ne pouvant se prononcer en place et lieu des futures administrations.

« Le deal semble loin pour l’heure. Peut-être y aura-t-il tout au plus un accord partiel dit intérimaire. Mais plus rien ne ressemblera à l’accord convenu en 2015 », note Mohannad Hajj Ali. Cela signifiera que les Américains lèveraient alors une partie des sanctions et l’Iran ferait de son côté quelques concessions au niveau du nucléaire. Dans ce cas de figure, il est encore moins probable que Téhéran concède quoi que ce soit au Liban, le Hezbollah étant sa carte maîtresse dans la région.

Depuis quelques jours, les déclarations optimistes concernant un aboutissement prochain des pourparlers de Vienne sur le dossier nucléaire iranien se sont multipliées. Bien que ces affirmations proviennent surtout du côté iranien – l’optimisme de l’Occident est plus mesuré à ce propos –, on peut en déduire qu’une percée pourrait éventuellement avoir lieu prochainement. Au...

commentaires (7)

Quelques soient les accords entre les puissances mondiales et l'Iran, rien ne changera a notre situation pour plusieurs raison: - Le Hezbollah est un parti théocratique avec pour ultime but de transformer le Liban en une province islamique Iranienne soumise au Fakih. Il ne faut jamais oublier cela c'est essentiel. - Pour y arriver démocratiquement il ne pourra jamais le faire d'ou la nécessité des armes. - Il se servira de ses armes autant qu'il le peut pour tenter de changer le régime Libanais au profit de son programme. Il le fait depuis sa création en ne laissant jamais de répit au pays: Provocation guerrière de temps a autre avec Israël, guerre en Syrie, au Yémen, contre les pays Arabes, etc... Invasion de Beyrouth et blocages des institutions, institution de la corruption et protection des corrompus, trafics de tout genres, explosion du port, etc... - Et pour finir plus personne s'en fiche du Liban car ses dirigeants ont rabote toute leur crédibilité par leur mensonges et incapacités a gérer un état. Il n'y a qu'une seule manière de s'en sortir, c'est de gagner les élections pour mettre la main sur le pouvoir légitimement et par après, si le Hezbollah veut jouer au malin, eh bien lui donner la correction de sa vie. Alors et alors seulement, si nous sommes sérieux, le monde nous regardera a nouveau.

Pierre Hadjigeorgiou

09 h 19, le 13 janvier 2022

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Commentaires (7)

  • Quelques soient les accords entre les puissances mondiales et l'Iran, rien ne changera a notre situation pour plusieurs raison: - Le Hezbollah est un parti théocratique avec pour ultime but de transformer le Liban en une province islamique Iranienne soumise au Fakih. Il ne faut jamais oublier cela c'est essentiel. - Pour y arriver démocratiquement il ne pourra jamais le faire d'ou la nécessité des armes. - Il se servira de ses armes autant qu'il le peut pour tenter de changer le régime Libanais au profit de son programme. Il le fait depuis sa création en ne laissant jamais de répit au pays: Provocation guerrière de temps a autre avec Israël, guerre en Syrie, au Yémen, contre les pays Arabes, etc... Invasion de Beyrouth et blocages des institutions, institution de la corruption et protection des corrompus, trafics de tout genres, explosion du port, etc... - Et pour finir plus personne s'en fiche du Liban car ses dirigeants ont rabote toute leur crédibilité par leur mensonges et incapacités a gérer un état. Il n'y a qu'une seule manière de s'en sortir, c'est de gagner les élections pour mettre la main sur le pouvoir légitimement et par après, si le Hezbollah veut jouer au malin, eh bien lui donner la correction de sa vie. Alors et alors seulement, si nous sommes sérieux, le monde nous regardera a nouveau.

    Pierre Hadjigeorgiou

    09 h 19, le 13 janvier 2022

  • "Dans ce cas de figure, il est encore moins probable que Téhéran concède quoi que ce soit au Liban, le Hezbollah étant sa carte maîtresse dans la région." Exactement! Et toutes les élections et autres "échéances", comme disent les journalistes , ne changeront rien à notre situation: pauvre Liban!

    Georges MELKI

    11 h 54, le 12 janvier 2022

  • La question primordiale est: pourqoi est-ce que le Hezbollah ce trouve incapable d’exploiter et en même temps protéger ça force politique et même militaire sans pour autant nuire toutes les valeurs, les resources et le bien-être du Liban et du peuple libanais? Le Hezbollah se vante incessamment de ses capacités voire pouvoirs illimitées on étant en même temps témoin, pour ne pas dire instigateur surtout les dix dernières années, de l’effondrement total du Liban. Il aurai pu en ne se basant que sur l’actuel constitution, en respectant l’égalité entre tous citoyens imposée dans le pacte national et le partenariat musulman chrétien; utilisé tous ses capacités pour être à la hauteur et à la tête d’une république sans précédent. Dommage que le Hezbollah et l’iran semblent ne pouvoir règnes que sur le désespoir et la misère.

    Sarkis Dina

    09 h 56, le 12 janvier 2022

  • IL NE CHANGERAIT RIEN SI LES OCCIDENTAUX NE METTENT PAS SUR LA TABLE DES NEGOCIATIONS LES MILICES DE MERCENAIRES IRANIENS DANS TOUS LES PAYS ARABES. LE HEZBOLLAH EN PREMIER.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 55, le 12 janvier 2022

  • Un accord, permettant la levée des sanctions sera une victoire pour l'Iran, donc une défaite pour le Liban.

    Yves Prevost

    07 h 55, le 12 janvier 2022

  • Ça aurait sonné tellement mieux de pouvoir titrer: un accord au Liban changerait-il la donne du nucléaire iranien?…

    Gros Gnon

    04 h 18, le 12 janvier 2022

  • Mains libres d’attaquer le Hezbollah, waw, che bellezza

    Eleni Caridopoulou

    00 h 35, le 12 janvier 2022

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