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Santé - Santé mentale

Soigner sa tête pour accompagner son corps

Soigner sa tête pour accompagner son corps

Simone Biles au cours de sa participation aux Jeux olympiques de Tokyo en août 2021. Photo Lionel Bonaventure/AFP

Dépression, anxiété, burn-out, blues postcompétition : les sportifs ont mis en exergue la santé mentale sur de nombreux terrains en 2021, y compris olympiques avec la gymnaste américaine Simone Biles, pour contribuer à briser le tabou, même si le chemin reste encore bien long.

« Nous sommes humains, nous ne sommes pas juste des attractions. » À 24 ans, Simone Biles, multiple championne olympique et gymnaste surdouée, a mis le sujet sur le tapis, craquant en pleins Jeux olympiques à Tokyo, perdant ses repères dans l’espace au risque de se mettre en danger physiquement.

Elle a alors donné la priorité à sa santé mentale, stoppant la compétition plusieurs jours, avant de reprendre pour décrocher une médaille de bronze le dernier jour. Deux mois plus tard, cette championne devenue une icône après ses cinq médailles aux JO de Rio en 2016 a expliqué qu’elle aurait dû « abandonner bien avant Tokyo » et fait part de tout le stress accumulé ces dernières années.

Biles, qui fait par ailleurs partie des victimes de l’ex-médecin de l’équipe américaine Larry Nassar, condamné pour avoir agressé sexuellement plus de 250 gymnastes, est entrée en campagne pour briser le tabou de la santé mentale.

Quelques semaines plus tôt, c’est la joueuse de tennis japonaise Naomi Osaka, qui faisait, elle, part de ses problèmes d’anxiété, marqués de « plusieurs épisodes dépressifs », en plein tournoi de Roland-Garros.

Anxiété, fatigue mentale, dépression, troubles anxieux, bipolarité, la santé mentale peut être affectée de multiples manières, et à bien des degrés. Et chez les sportifs de haut niveau aussi.

Dans le documentaire Jeu, set et crise d’angoisse, le joueur américain de tennis Mardy Fish décrit le trouble anxieux qui l’a empêché un jour de se rendre sur un court, et l’aide à laquelle il a eu recours pour combattre son anxiété. Il est aujourd’hui capitaine de l’équipe américaine de Coupe Davis.

Récemment, l’escrimeuse française Ysaora Thibus a raconté son blues post JO au retour de Tokyo : « La santé mentale ne doit plus être un tabou ni pour le sportif ni dans la société », explique cette sportive qui veut s’engager pour « banaliser » des maux, qui restent souvent cachés aussi dans les sphères familiales ou professionnelles.

Il y a un an, le Comité éthique et sport, une association française dédiée à lutter contre les déviances éthiques dans le sport et proposant notamment de l’aide aux victimes de violences et maltraitances dans le sport, a lancé une enquête sur la santé mentale dans le sport.

Invités à donner des thèmes de réflexion, les sportifs de l’association ont voulu parler en priorité de cette question, raconte sa présidente Véronique Lebar. Réalisés sur un millier de sportifs et sportives, pour la plupart de haut niveau, les résultats de l’enquête sont « alarmants chez les jeunes » (15-17 ans et les 18-25 ans) pour Mme Lebar qui prône des « actions d’accompagnement » et des « formations ».

L’aspect du suivi ou de l’aide psychologique, distinct de la préparation mentale proprement dite destinée à améliorer la performance, est rarement abordée par les instances sportives françaises.

À moins de trois ans des JO de Paris, tout le monde fait le bilan des Jeux de Tokyo, projette des médailles, embauche les meilleurs entraîneurs à l’étranger. Mais pas un mot sur l’accompagnement psychologique de champions qui auront une pression très forte pour remporter des médailles à la maison.

Certes l’Insep (Institut national du sport de l’expertise et de la performance), temple du haut niveau français, compte une équipe de psychologues mais le chemin est encore long et certains sportifs considèrent, comme Ysaora Thibus, que la France est en retard par rapport à d’autres pays.

Par ailleurs, le contexte de crise sanitaire a également pesé sur tous les esprits. L’arrêt ou le report de compétitions a parfois permis à certains une pause réparatrice mais en a plongé d’autres dans le désarroi. Les cas de dépression et d’anxiété ont augmenté de plus d’un quart dans le monde en 2020, selon une étude récemment publiée dans The Lancet. Les sportifs n’y ont pas échappé.

Déborah CLAUDE/AFP

Dépression, anxiété, burn-out, blues postcompétition : les sportifs ont mis en exergue la santé mentale sur de nombreux terrains en 2021, y compris olympiques avec la gymnaste américaine Simone Biles, pour contribuer à briser le tabou, même si le chemin reste encore bien long.« Nous sommes humains, nous ne sommes pas juste des attractions. » À 24 ans, Simone Biles,...

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