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Moyen-Orient - ÉCLAIRAGE

Déficit budgétaire : l’Arabie saoudite passe au vert

Après huit ans de déficit budgétaire, le royaume wahhabite prévoit un surplus budgétaire pour 2022. Symptomatique d’une vague de réformes économiques, ce signal positif repose cependant sur une hausse du prix du pétrole dont le pays reste dépendant.

Déficit budgétaire : l’Arabie saoudite passe au vert

Le roi Salmane ben Abdelaziz annonce le budget saoudien pour 2022 depuis le palais royal de Neom, en Arabie saoudite, le 12 décembre 2021. Saudi Press Agency/Reuters

Lors de la présentation de son budget prévisionnel pour 2022, Riyad a annoncé dimanche dernier pouvoir dégager un excédent de près de 24 milliards de dollars l’année prochaine, soit 2,5 % de son PIB. Une première en huit ans, alors que le prix du baril de brut n’a plus franchi la barre des 100 dollars depuis la chute des cours en 2014. Le prince héritier Mohammad ben Salmane (MBS), architecte d’une vaste réforme économique en cours depuis plusieurs années, a précisé que « l’excédent serait utilisé pour augmenter les réserves du pays afin de faire face à la pandémie de coronavirus, ainsi que pour renforcer les finances du royaume et sa capacité à absorber les crises et chocs à venir ». L’Arabie saoudite, dont les revenus en 2020 dépendaient encore pour moitié du pétrole, craint une nouvelle baisse des prix du brut. La pandémie de

Covid-19 avait en effet entraîné une chute brutale du prix du baril en avril 2020 – à environ 20 dollars, son plus bas record depuis 1998 – avant que le royaume ne bénéficie cette année d’une reprise économique faisant remonter le baril à près de 85 dollars au plus haut.

En réponse à ces instabilités et à la dépendance du royaume envers l’or noir, le prince héritier poursuit une stratégie claire. Prévoyant une croissance de 7,4 %, plus du double de ce qui est attendu cette année, l’Arabie saoudite tente d’attirer des investisseurs et des travailleurs qualifiés pour se positionner comme une alternative au hub financier et économique incarné par Dubaï dans la région. Riyad a également organisé fin octobre la cinquième édition de la Future Investment Initiative (FII), à laquelle une pléthore d’entreprises et d’officiels étrangers ont participé. À cette occasion, un accord a été signé entre la Grande-Bretagne et l’Arabie saoudite pour faciliter les investissements directs entre les deux pays, après que Riyad a acheté le club de football anglais de Newcastle. Plus récemment, lors de la visite contestée d’Emmanuel Macron au prince héritier, Mohammad ben Salmane, le 4 décembre dernier, les deux pays se sont entendus pour renforcer leur coopération dans le secteur touristique. Dans ce contexte, la récente tournée de MBS dans le Golfe, en amont du 42e sommet du Conseil de coopération du Golfe prévu aujourd’hui à Riyad, souligne sa volonté de renforcer les liens avec ses voisins. Sur le plan politique, en créant un front commun pour faire face à la menace iranienne. Mais également sur le plan économique, alors que les pays du Golfe se préparent à l’ère post-pétrole.

Diversification économique

L’Arabie saoudite a en effet lancé son grand chantier de diversification économique sous l’impulsion du prince héritier, à la suite de l’effondrement des prix du pétrole en 2014, annonçant en 2016 le plan Vision 2030 visant à réduire le risque d’une dépendance excessive au pétrole. Des réformes ont ainsi été conduites dans le royaume pour augmenter la productivité de l’économie saoudienne, attirer les investissements et capitaux étrangers et développer notamment les secteurs du tourisme, de la technologie et de l’industrie. Dans l’espoir de créer des emplois et de booster l’activité économique sur son sol, Riyad a annoncé en début d’année que les entreprises étrangères qui n’auraient pas un siège social dans le pays d’ici à fin 2023 risqueraient de perdre des contrats gouvernementaux. De nombreuses multinationales ont depuis demandé une licence pour ouvrir des bureaux dans le royaume. Parmi elles, PepsiCo, Unilever, Siemens, ou encore Novartis.

En parallèle, une série de mesures d’austérité a été adoptée, dans la perspective de diminuer les dépenses publiques et de diversifier les sources de revenus publics. La TVA, pour la plupart des biens et services, a été introduite dans le royaume wahhabite pour la première fois en 2018 et a triplé l’été dernier pour passer à 15 %. Peu avant, l’allocation mensuelle, qui avait été accordée aux fonctionnaires à la suite des restrictions budgétaires faites en 2018, a été supprimée. Dans la même lignée, le budget 2022 prévoit de réduire les dépenses publiques de 6 % par rapport à cette année – une baisse de 10 % est par exemple annoncée dans le secteur de la défense.

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Un excédent budgétaire pour 2022, une première depuis la crise du pétrole

Encourageant, le Fonds monétaire international (FMI) a estimé que « les réformes entreprises sous l’égide du plan Vision 2030 ont joué un rôle essentiel pour aider l’économie saoudienne à faire face à la pandémie » l’année dernière. Mais si l’annonce d’un budget excédentaire pour 2022 confirme le succès de cette politique, le deuxième exportateur mondial de produits pétroliers après les États-Unis dépend encore largement des énergies fossiles. « Les revenus estimés pour 2022 sont 15,7 % plus élevés que le budget initialement préparé (en septembre), probablement grâce à un nouveau calcul basé sur une hausse du prix du pétrole, que l’on estime désormais à environ 70 dollars le baril », précise Pratibha Thaker, directrice éditoriale pour le Moyen-Orient et l’Afrique à The Economist Intelligence Unit. Bien que l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) reste optimiste pour 2022, elle ne nie pas que « l’équilibre attendu du marché continue d’être déterminé par l’évolution de la pandémie de Covid-19, un facteur clef d’incertitude », ce qui pourrait avoir des conséquences négatives sur les prévisions de croissance et d’excédent de l’Arabie saoudite.

Lors de la présentation de son budget prévisionnel pour 2022, Riyad a annoncé dimanche dernier pouvoir dégager un excédent de près de 24 milliards de dollars l’année prochaine, soit 2,5 % de son PIB. Une première en huit ans, alors que le prix du baril de brut n’a plus franchi la barre des 100 dollars depuis la chute des cours en 2014. Le prince héritier Mohammad ben Salmane...

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Les libanais se moquaient des arabes? De leurs diktats? De leurs mentalités? Eh bien… regardez les… regardez-nous…ils ont créé des générations de jeunes seoudiens hyper cultivés et branchés techno. Ils ont mis de côté les causes « bidons » des palestiniens. Ils savent MIEUX que quiconque que c’est bidon.. ils leur ont payés des milliers de millards de dollars durant des décennies… pour que ces leaders palestiniens se remplissent les poches et jouent aux casino du monde entier… ils ont planifié l’ère post pétrole.. et BMS a mis fin aux abus et enrichissements illicites sans doute, en emprisonnant les princes du royaume et leur demandant de rembourser tout ce qu’ils ont généré grâce à la générosité des anciens du royaume. Voilà un pays que nous critiquons même aujourd’hui mais au moins? Ils gèrent bien leur pays…

LE FRANCOPHONE

15 h 11, le 14 décembre 2021

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Commentaires (1)

  • Les libanais se moquaient des arabes? De leurs diktats? De leurs mentalités? Eh bien… regardez les… regardez-nous…ils ont créé des générations de jeunes seoudiens hyper cultivés et branchés techno. Ils ont mis de côté les causes « bidons » des palestiniens. Ils savent MIEUX que quiconque que c’est bidon.. ils leur ont payés des milliers de millards de dollars durant des décennies… pour que ces leaders palestiniens se remplissent les poches et jouent aux casino du monde entier… ils ont planifié l’ère post pétrole.. et BMS a mis fin aux abus et enrichissements illicites sans doute, en emprisonnant les princes du royaume et leur demandant de rembourser tout ce qu’ils ont généré grâce à la générosité des anciens du royaume. Voilà un pays que nous critiquons même aujourd’hui mais au moins? Ils gèrent bien leur pays…

    LE FRANCOPHONE

    15 h 11, le 14 décembre 2021

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