Rechercher
Rechercher

Économie - Restructuration

L’ABL opposée à la stratégie « Good Bank, Bad Bank »

L’ABL opposée à la stratégie « Good Bank, Bad Bank »

L’entrée de l’Association des banques à Beyrouth, qui a été dégradée lors des différentes vagues de contestation qui ont eu lieu depuis fin 2019. Photo P.H.B.

L’Association des banques du Liban (ABL) n’est pas opposée à une restructuration du secteur bancaire mais souhaite que cette opération, devenue inévitable compte tenu de la gravité de la crise économique et financière que traverse le pays, se fasse à des conditions qu’elle juge adaptées à ses termes.

C’est en substance ce qui peut être déduit de la publication d’une tribune signée par le secrétaire général de l’association Makram Sader (qui est finalement toujours en fonction malgré des informations qui l’annonçaient sur le départ plus tôt au cours de l’année), et relayée par son service de presse. Contacté, celui-ci a confirmé l’existence d’un alignement de l’ABL sur les positions exprimées par Makram Sader.

Ce dernier rejette en particulier toute solution qui serait calquée sur la stratégie « Good Bank, Bad Bank » (bonne banque,mauvaise banque), option mise sur la table lors des discussions liées à l’élaboration du plan de redressement du gouvernement de Nagib Mikati, qui devra en principe servir de base aux négociations pour obtenir une aide du Fonds monétaire international (FMI). Lancées initialement en mai 2020, ces discussions avaient été suspendues deux mois plus tard suite à un désaccord entre l’exécutif de Hassane Diab d’un côté, l’ABL, la Banque du Liban et certains députés de l’autre, sur l’approche pour calculer et répartir les pertes financières du pays (État, banques et banque centrale comprises). Elles ont repris cet automne sous l’impulsion du gouvernement Mikati.

Les grands déposants
Selon le PDG de FFA Private Bank Jean Riachi, la stratégie « Good Bank, Bad Bank » a été appliquée lors de certaines crises financières récentes (notamment celle qui a frappé Chypre en 2012/2013). Il explique que cette stratégie vise à isoler les actifs non productifs des banques comme des créances douteuses par exemple – les dettes que les acteurs économiques ne peuvent pas rembourser, notamment les titres de dette sur lesquels l’État a fait défaut – et à les regrouper dans une seule et même entité intitulée « Bad Bank ». Cette première structure, qui regroupe également les avoirs des grands déposants, rappelle Jean Riachi, prend généralement la forme d’une société d’investissement qui, au fur et à mesure, s’emploiera à liquider les actifs douteux. Les actifs « sains » seront eux regroupés dans une seconde entité, qui pourra alors fonctionner comme une banque normale et financer l’économie.

Lire aussi

Négociations FMI/Liban : où en est-on vraiment ?

Or, Makram Sader estime que cette option est inadaptée pour plusieurs raisons. La première en mettant en avant la forte baisse des portefeuilles de prêts des banques pendant la crise, qui sont passés de 50 milliards à 30 milliards de dollars selon lui, sur une période qu’il n’a pas davantage détaillée, et via plusieurs processus de liquidation orchestrés par le secteur bancaire. Une baisse de la quantité d’actifs douteux disqualifierait le choix de la stratégie citée, que le secrétaire général de l’ABL juge de plus « inadaptée au cas libanais car elle ne permettra pas de fournir de liquidités en devises au marché, de résoudre la question des dépôts et de financer l’économie », entre autres explications. Des arguments infondés, selon Jean Riachi qui lance : « Soit Makram Sader ne sait pas de qui il parle, soit il fait de la politique. » Toujours est-il qu’au regard du contenu de la tribune, l’ABL semble avoir finalement peu modifié sa position vis-à-vis de l’approche à privilégier pour absorber les pertes du pays, comme l’illustre le fait que Makram Sader considère que les 60 milliards de dollars de pertes attribuées aux banques « proviennent exclusivement de la BDL », que le Code de la monnaie et du crédit impose à l’État de renflouer. Un point que Jean Riachi confirme. « Oui, la loi dit bien que c’est à l’État de recapitaliser la BDL, mais ni l’un ni l’autre n’ont l’argent pour le faire », conclut-il, considérant déjà comme positif le fait qu’ils « reconnaissent les pertes ».

M.A. avec P.H.B.

L’Association des banques du Liban (ABL) n’est pas opposée à une restructuration du secteur bancaire mais souhaite que cette opération, devenue inévitable compte tenu de la gravité de la crise économique et financière que traverse le pays, se fasse à des conditions qu’elle juge adaptées à ses termes. C’est en substance ce qui peut être déduit de la publication d’une tribune...

commentaires (1)

C'est une blague ?? Il n'y a RIEN dans le bilan des banques qui puisee etre affecter a une "good bank" ! les seules actifs liquides que les banques possedent sont les fonds propres que les proprietaries et grands actionnaires ont reussi a soustraire. C'est uniquement si ces messieurs acceptent de rapatrier ces fonds propres (detenus principalement a Chypre et en Suisse) que le principe de "good bank" pourra voir le jour. Au jour d'aujourd'hui ce n'est que "bad bank" dans le pays du cedre

Lebinlon

09 h 31, le 03 décembre 2021

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • C'est une blague ?? Il n'y a RIEN dans le bilan des banques qui puisee etre affecter a une "good bank" ! les seules actifs liquides que les banques possedent sont les fonds propres que les proprietaries et grands actionnaires ont reussi a soustraire. C'est uniquement si ces messieurs acceptent de rapatrier ces fonds propres (detenus principalement a Chypre et en Suisse) que le principe de "good bank" pourra voir le jour. Au jour d'aujourd'hui ce n'est que "bad bank" dans le pays du cedre

    Lebinlon

    09 h 31, le 03 décembre 2021

Retour en haut