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Moyen-Orient - Éclairage

Téhéran veut renforcer ses liens économiques avec Assad

Une exposition économique iranienne a débuté hier à Damas, alors que la République islamique espère décrocher des contrats pour la reconstruction en Syrie.

Téhéran veut renforcer ses liens économiques avec Assad

Des visiteurs arrivent à la Foire internationale de Damas dans la capitale syrienne, le 9 septembre 2018. Louai Beshara/AFP

Il s’agit du deuxième Salon du genre à être organisé dans la capitale syrienne. Selon Hasan Zamani, PDG de l’Iran International Exhibitions Company, plus de 160 entreprises iraniennes doivent participer à l’« exposition spécialisée de la République islamique d’Iran » qui a débuté hier à Damas et qui doit se tenir jusqu’au 3 décembre. Cette foire, ayant lieu sur une superficie de 4 590 m2, doit mettre notamment à l’honneur des entreprises spécialisées dans le domaine médical, de la construction et de l’énergie, dans le but de « signer des contrats et des mémorandums d’accord dans le domaine du commerce, d’une manière qui contribue au développement de la Syrie », a ajouté Hasan Zamani.

La tenue de ce Salon survient vingt jours après que le régime syrien a annoncé qu’il avait invité des hommes d’affaires locaux à enregistrer auprès de la Chambre d’industrie de Damas (DCI) leurs installations industrielles partiellement ou totalement endommagées en vue d’être présentées lors de l’exposition à des investisseurs iraniens afin qu’ils se portent candidats à leur réhabilitation. Elle s’inscrit plus généralement dans le sillage de la participation de 31 holdings iraniens à la première Foire internationale de Damas organisée en août 2017. Deux ans plus tard, la Chambre de commerce mixte syro-iranienne tenait sa toute première réunion. « Téhéran essaie de concentrer ses efforts sur les terres, la reconstruction et la réhabilitation d’usines endommagées, car il s’est récemment aperçu qu’il n’avait aucun avantage concurrentiel pour rivaliser avec les produits chinois, indiens ou turcs en Syrie », observe Ayman Abdel Nour, rédacteur en chef du site d’information All4Syria.

Retour sur investissement

Cette exposition intervient en effet quelques jours après que la Chambre de commerce, des industries, des mines et de l’agriculture de Téhéran a révélé qu’il existait un écart important entre le volume des exportations turques et iraniennes vers la Syrie. Alors que les exportations non pétrolières de l’Iran vers son allié syrien ont atteint de mars à octobre derniers 106 millions de dollars, celles de la Turquie vers le même pays ont été plus de huit fois supérieures en dépit du soutien fourni par ce pays aux rebelles opposés au régime de Bachar el-Assad. Tandis qu’Ankara détient par ailleurs la plus grande part du marché syrien, avec 38 % de produits turcs, la part de l’Iran dans le volume des exportations vers la Syrie n’est que de 3 %, selon plusieurs études rapportées par des officiels iraniens.

« Avec la Russie, c’est la République islamique qui a joué un rôle majeur dans le sauvetage du régime de Bachar el-Assad en Syrie grâce à son soutien militaire et logistique. Ce faisant, Téhéran espérait non seulement maintenir ses intérêts géopolitiques et stratégiques en Syrie et au-delà, mais aussi tirer des dividendes économiques de son engagement, constate Ali Fathollah-Nejad, collaborateur scientifique au Centre d’études de la coopération internationale et du développement (Cecid) à l’Université libre de Bruxelles. Cependant, en ce qui concerne les avantages économiques, ils ne répondent pas aux attentes de Téhéran. »

Face à ce constat, la République islamique espère désormais étendre ses liens économiques avec la Syrie en vue de faire perdurer sa présence dans le pays et obtenir un retour sur investissement pour son engagement dans le conflit syrien par le biais de contrats-clés liés au marché de la reconstruction. Si les estimations des dépenses militaires et économiques réelles de l’Iran en Syrie sont très difficiles à obtenir en raison du manque de transparence à Téhéran et à Damas, celles-ci seraient comprises – pour les sept premières années du conflit syrien – entre 30 et 105 milliards de dollars, selon un article du Foreign Policy. Au cours de la dernière décennie, la République islamique a notamment constitué une source constante d’exportation de pétrole vers Damas, alors que les deux pays sont visés par des sanctions occidentales. Cette année, les exportations iraniennes de pétrole brut vers la Syrie ont même augmenté d’environ 38 %, portant le volume de barils à 20,8 millions au cours des neuf premiers mois de l’année, contre 15 millions à la même période l’an dernier, selon TankerTrackers.com, un service en ligne indépendant recensant les exportations mondiales de pétrole brut.

Concurrence

Alors que le régime Assad est dans l’incapacité de financer une reconstruction estimée par les autorités russes et syriennes à 400 milliards de dollars, Téhéran se voit également concurrencé par plusieurs rivaux, à l’instar de la Russie et des Émirats arabes unis. En 2017, Moscou a décroché un accord-clé d’extraction de phosphates obtenu au détriment des Iraniens. Plus récemment, les Émirats arabes unis auraient, selon plusieurs rumeurs, déjà financé la reconstruction de bâtiments publics et de réseaux énergétiques dans le pays. « L’exposition iranienne à Damas intervient à un moment de concurrence accrue concernant les accords commerciaux, alors que divers États ont maintenant normalisé leurs relations avec la Syrie ou tentent de le faire », ajoute Ali Fathollah-Nejad. Plusieurs pays arabes, à l’instar des EAU ou de la Jordanie, ont notamment repris langue avec le régime de Bachar el-Assad dans l’objectif de le ramener dans le giron arabe et d’endiguer la présence iranienne en Syrie.

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En outre, l’Iran a essuyé plusieurs échecs dans sa tentative de décrocher des contrats-clés en Syrie. Alors qu’une entreprise iranienne s’était portée candidate en vue de recevoir la troisième licence de télécommunications dans le pays, Damas a finalement privilégié une société appartenant à un proche de la femme du président syrien, Asma el-Assad. De nombreux mégaprojets annoncés entre les deux pays ont également été abandonnés ou n’ont toujours pas abouti malgré les années. « Alors que les responsables iraniens continuent d’affirmer que Téhéran peut profiter de la soi-disant reconstruction de la Syrie comme moyen de compenser les coûts de son engagement là-bas, en décembre 2020, l’agence de presse conservatrice iranienne Mehr a noté que l’Iran avait déjà raté les opportunités économiques dans le cadre de la reconstruction du pays, souligne Ali Fathollah-Nejad. En fin de compte, bien que la République islamique ait réussi à construire une coalition militaire sous l’étiquette du soi-disant “axe de la résistance”, elle n’a pas réussi à créer un bloc économique avec ses alliés dans la région. »

Il s’agit du deuxième Salon du genre à être organisé dans la capitale syrienne. Selon Hasan Zamani, PDG de l’Iran International Exhibitions Company, plus de 160 entreprises iraniennes doivent participer à l’« exposition spécialisée de la République islamique d’Iran » qui a débuté hier à Damas et qui doit se tenir jusqu’au 3 décembre. Cette foire, ayant lieu sur...

commentaires (3)

Tss Tss Tss ! balivernes que tout cela. Russie, EAU, Arabie saoudite, Chine peuvent continuer a rever ! LE SEUL PAYS A RECOLTER DE LA RECONSTRUCTION EST LE LIBAN...... hahahaha !

Gaby SIOUFI

10 h 28, le 30 novembre 2021

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • Tss Tss Tss ! balivernes que tout cela. Russie, EAU, Arabie saoudite, Chine peuvent continuer a rever ! LE SEUL PAYS A RECOLTER DE LA RECONSTRUCTION EST LE LIBAN...... hahahaha !

    Gaby SIOUFI

    10 h 28, le 30 novembre 2021

  • Je crois que vous mélangez les milliards avec les millions

    rasti cambiz

    10 h 19, le 30 novembre 2021

  • "Les estimations des dépenses militaires et économiques réelles de l’Iran en Syrie seraient comprises pour les sept premières années du conflit syrien – entre 30 et 105 milliards de dollars, selon l’Atlantic Council". Quelle honte d'avoir ruiné tous ces peuples pour la gloriole. la cupidité des enturbannés doit être punie à présent.

    Christine KHALIL

    07 h 51, le 30 novembre 2021

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