Rechercher
Rechercher

Culture - Portrait

Alain Saadeh, comédien caméléon

Reconnu internationalement pour son interprétation dans « Film kteer kbeer » de Mirjean Bou Chaaya dont il était par ailleurs le coscénariste, l’acteur polyvalent enchaîne actuellement une série en ligne : « 8 Days », et un film de production mondiale.

Alain Saadeh, comédien caméléon

Acteur pluriel et multiple, Alain Saadeh avoue adopter pour chaque rôle une technique différente. Photo DR

Sa voix est lascive, musicale. Son allure de félin, prêt à bondir sur les rôles qui lui plaisent, contraste avec son attitude débonnaire. Alain Saadeh est un comédien hors du commun, un être libre dans sa tête dans un milieu plein de tabous ou de clichés. De Film Kteer Kbeer à 8 Days en passant par Aahd el-Dam, l’acteur promène son talent et l’enrichit. Il ne s’est jamais laissé emprisonner ni dans un rôle ni dans un texte. Il brise les limites, casse les barrières et s’envole à chaque fois, haut, très haut. Il ne traverse pas l’écran mais le crève à chaque rôle car le comédien ne fait pas du cinéma, il le vit pleinement.

Jouer pour devenir l’autre

Alain Saadeh a ainsi cette passion qui l’habite et lui colle à la peau depuis très jeune. « Jouer », incarner des personnages, se retrouver soi-même en étant à la fois un autre ou parfois lui-même mais transformé, tel est son « goal », son but. Le jeu pour lui équivaut à celui qu’il pratiquait enfant quand il aimait à se déguiser. S’il accepte parfois de porter un toupet sur sa tête ou une perruque et à changer complètement de physique, d’interpréter des rôles de malfrats ou de truands, ce n’est pas pour tromper le spectateur mais pour mieux le convaincre et mieux faire accepter le personnage qu’il incarne. Pluriel et multiple, il avoue adopter pour chaque rôle une technique différente. « Si on change une seule habitude dans sa vie, à condition qu’elle soit primordiale tout en implantant une nouvelle, on découvre une avalanche de bonnes habitudes qui déferlent par la suite sur soi. » Quoiqu’il ait étudié ce qu’on appelle aux États-Unis « The Method acting technique » – la fameuse méthode d’Elia Kazan, fondateur du mythique Actors Studio – et adopté différentes autres techniques, notamment celle de Stanislavski, ou encore celles apprises en Espagne ou en France, Alain Saadeh continue à faire un travail sur soi et à développer son jeu. Pour lui, jouer relève d’un acte mental et physique à la fois. « Si je ne maîtrise pas assez mon corps afin qu’il suive les ordres de mon intellect, je risque de tout perdre. Il ne faut surtout pas oublier, enchaîne-t-il, que dans un film, il s’agit d’un travail d’équipe, je ne devrai donc pas adopter une technique que les autres n’ont pas. Je serais comme un intrus au milieu du film. Au bout du compte, j’essaye de créer ma propre méthode de travail qui sera ma signature, tout en demandant toujours au réalisateur, qui est une sorte de chef d’orchestre, quel est le ton qu’il veut donner au film. » Telle une centrifugeuse électrique, Saadé mélange ainsi les techniques pour en extraire une singulière, unique, qu’il s’approprie. Ceux qui le verront dans la série 8 Days de Majdi Bisri sur la plateforme Shahid ne pourront sans doute pas le reconnaître dans ce rôle tellement différent de celui qu’il incarnait dans Film Kteer Kbeer (Very Big Shot) de Mirjean Bou Chaaya. L’acteur s’en amuse. « C’est ce qui me plaît dans le processus du jeu », assure-t-il. Ce n’est d’ailleurs pas uniquement sur ce sujet-là que le comédien effectue une métamorphose. Complètement réfractaire auparavant à l’idée du petit écran, il a su prendre le train en marche lorsqu’il s’est rendu compte que les séries sur les nouvelles plateformes en ligne étaient bien élaborées et rivalisaient même avec les films de cinéma. « Je m’opposais à l’idée du consumérisme des films, car Netflix commençait à ressembler petit à petit à un grand supermarché. Mais dans ce grand espace n’y trouve-t-on pas aussi des produits organiques alignés à côté des produits de masse ? » se demande l’acteur qui est désormais convaincu qu’il n’y a pas de mal à entrer dans ce supermarché pour y trouver le bon produit. Alain Saadeh veut attraper le train en marche. « Il est bon de nos jours de ne pas rester sur le quai d’une gare car on risquerait de devenir un Don Quichotte se battant contre des moulins à vent », déclare-t-il en précisant toutefois que son choix se portera forcément sur une minisérie compacte pour que l’action ne traîne pas en longueur. « Même si je n’ai pas participé au scénario de 8 Days comme dans Film Kteer Kbeer le plaisir de jouer était tout aussi pur », conclut celui qui enchaîne déjà sur un nouveau projet de film. Un bonheur qui compense un peu la dure réalité d’un pays qu’il avoue ne pas vouloir encore quitter.

1991

Re-naissance d’Alain Saadeh à l’âge de sept ans, après un accident qui l’a plongé plus de 24 heures dans le coma.

Octobre 2003

Quand il apprend (en rêve) qu’il est admis à l’Institut des beaux-arts de l’Université libanaise.

2004

Premier voyage à l’occasion de la présentation d’une pièce dans le cadre d’un festival en Corée du Sud.

2008

Il écrit et met en scène sa première pièce de théâtre intitulée Bila Rahm (Sans utérus).

2009

Il voyage en France pour la première fois pour participer à une pièce de théâtre. Cinq jours de lecture publique à l’intérieur du Louvre avant les répétitions et les 40 représentations constituent pour lui un souvenir inoubliable et magique.

2013/2014

Le périple de Film Kteer Kbir. Un parcours d’écriture et de préparation au personnage. « Ce film est comme mon bébé », dit-il.

30 mai 2021

Un autre périple prometteur : retrouver l’amour.

Sa voix est lascive, musicale. Son allure de félin, prêt à bondir sur les rôles qui lui plaisent, contraste avec son attitude débonnaire. Alain Saadeh est un comédien hors du commun, un être libre dans sa tête dans un milieu plein de tabous ou de clichés. De Film Kteer Kbeer à 8 Days en passant par Aahd el-Dam, l’acteur promène son talent et l’enrichit. Il ne s’est jamais laissé...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut