Le ministre libanais des AE remercie le Qatar et Oman

Le ministre libanais des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, a appelé dimanche ses homologues du Qatar et du sultanat d’Oman, les deux seuls pays du Golfe à ne pas avoir pris de mesures de rétorsion contre le Liban suite à l’affaire Cordahi, pour les remercier.

L’Arabie saoudite, principal pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) avait décidé de rappeler son ambassadeur au Liban et d'expulser l’ambassadeur libanais à Riyad, et Bahreïn a fait de même. Deux autres pays du CCG, le Koweït et les Émirats arabes unis, ont exprimé leur soutien au royaume wahhabite et pris des mesures de rétorsion à l'égard de Beyrouth à la suite des déclarations du ministre de l’Information Georges Cordahi critiquant la guerre menée par l’Arabie au Yémen et défendant les rebelles houthis soutenus par l’Iran.

Le ministre Bou Habib a appelé son homologue du Qatar, cheikh Mohammad ben Abdel Rahman al-Thani, afin de le "remercier pour tous les efforts déployés afin de contenir l’escalade et atténuer la crise", a indiqué un communiqué officiel. Il a souligné que le Liban était « soucieux de prendre toutes les mesures susceptibles de surmonter cette crise et de ramener les relations fraternelles à la normale » avec les pays du Golfe. M. Bou Habib avait appelé auparavant son homologue omanais, Badr Bou Saïdi, pour le remercier également. Il avait insisté lors de l’entretien téléphonique avec M. Bou Saïdi sur « la nécessité du dialogue et de la compréhension", et affirmé que "le Liban tient à préserver les meilleures relations avec ses pays frères arabes et du Golfe".

Plus tôt dans la journée, dans une première réaction de la diplomatie libanaise qui s'était abstenue jusque-là de commenter les prises de position des autres pays du CCG, le ministère des Affaires étrangères avait salué la position d'Oman. Le sultanat avait "profondément déploré la détérioration des relations entre la République libanaise et nombre de pays arabes" et "appelé les différentes parties à la retenue, à éviter l'escalade et à régler les différends à travers le dialogue et la compréhension".

Dans un communiqué, le sultanat avait estimé que cela "permet aux pays et à leurs peuples frères de préserver leurs intérêts au niveau de la sécurité, de la stabilité et de la coopération, qui repose sur le respect mutuel et la non-ingérence dans les affaires intérieures", rappelle la diplomatie libanaise. Le ministère des Affaires étrangères a enfin précisé, dans un communiqué, que "le Liban tient à préserver les meilleures relations avec ses pays frères arabes et du Golfe".

Pour sa part le Qatar, qui a condamné les propos "irresponsables" de M. Cordahi, a appelé le gouvernement libanais à agir "pour surmonter les dissensions entre (pays) frères".

Des centaines de milliers de Libanais travaillent dans les pays arabes du Golfe. Le Liban, en proie à un effondrement économique et financier depuis plus de deux ans, mise sur des aides financières potentielles que pourraient lui fournir les pays du CCG pour l'aider à sortir de sa crise. Le gouvernement de Beyrouth a mis en place une cellule interministérielle, dirigée par M. Bou Habib, pour trouver une issue à l'imbroglio diplomatique. Dimanche, le chef de l’Église maronite Béchara Raï a appelé le chef de l’État Michel Aoun, ainsi que le Premier ministre Nagib Mikati, à prendre "une mesure décisive" pour désamorcer la crise, sans demander explicitement la démission du ministre Cordahi.