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Culture - Exposition

Tamara Haddad dans l’épicentre de la terre

L’artiste présente jusqu’au mardi 30 novembre à la galerie Tanit hors-les-murs (Starco)* un ensemble d’œuvres, hommage à la Terre et surtout cri d’alarme pour sa préservation.

Tamara Haddad dans l’épicentre de la terre

Tamara Haddad : « Hurler la beauté de la Terre afin que l’homme réfléchisse à ce qu’il est en train d’exterminer et de perdre. » Photo Michel Sayegh

De Terre et de matière, Faille II, à la galerie Tanit (hors les murs à Starco) est la seconde exposition de Tamara Haddad abordant le même sujet et célébrant son amour pour la Terre. Sensible à ses pulsions et à ses blessures, l’artiste autodidacte qui avait poursuivi des études de publicité à l’Académie libanaise des beaux-arts (ALBA) avoue avoir commencé à peindre en faisant des expériences avec les matériaux ou les teintes. Et puis, un beau jour, elle a pris ses pinceaux comme on prend les armes, pour dénoncer les grands maux qui affectent la Terre. Sa première exposition, présentée à l’Institut français de Beyrouth en 2013 et intitulée également Faille, comprenait des œuvres à l’huile traversées par des paysages lunaires apocalyptiques, dévastés par la déforestation, les incendies et d’autres catastrophes. Huit ans après, le mal existe encore et la Terre demeure menacée par l’homme qui l’habite. L’écosystème est ébranlé : inondations et pollutions se perpétuent. Sans respect pour ce lieu d’accueil, l’homme poursuit ses crimes. Tamara Haddad n’a pu rester les mains croisées.

La toile de Tamara Haddad se construit en couches, strates de peinture et en mixed media où branchages, écorces et brindilles se superposent, formant un paysage vivant. Photo DR

Avec de simples pinceaux

Par une série d’acryliques, souvent en grand format, elle pousse son cri d’alarme. Dans Failles II, elle revient à l’origine de la Terre, à la matière même. En couches, strates de peinture et en mixed media où branchages, écorces et brindilles se superposent, formant un paysage vivant, Haddad interroge le relief, ses formations, sa déclinaison de couleurs. De ses multiples voyages (comme la Sicile où elle a été voir des volcans) ainsi que de ses pérégrinations sur le sol libanais, elle rassemble des photos de mines de charbon ou de marbres, de forêts blessées, tailladées ou brûlées pour s’en inspirer et soustraire leur beauté. « Je suis une passionnée de randonnées, dit-elle. Quand je me balade dans la nature, je ramasse des éléments du sol que je retrouve sur mon chemin et que j’incorpore dans mon travail. Je m’inspire aussi de documentaires qui m’offrent le visuel nécessaire. » Le travail de Tamara Haddad n’est pas spontané mais réfléchi. Après ses explorations, elle assemble les images et élabore une sorte de composition structurée sur un thème choisi : déforestation, état des mines…

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« Faille évoque la blessure, la plaie que nous les hommes, faisons subir à la terre en épuisant ses ressources. Mais elle est aussi prise dans son sens géologique. Comme une “coupe”. » « La Terre est belle, poursuit-elle, mais personne ne le réalise, ni ne s’en soucie. Elle offre un éventail de richesses et une palette incroyable de couleurs. Je veux montrer dans cette série, outre les problèmes de la planète, la beauté de la Terre dans ses textures, ses couleurs, sa matière, car, au final, si l’homme va disparaître un jour, elle qui l’a abrité, demeurera quand même. » Dans ses couches en turbulences, ses pigments tumultueux, ses teintes en saillies, tant dans ses roches massacrées que dans ses arbres saccagés, la Terre apparaît belle dans sa souffrance.

Entre abstrait et figuratif, art et militantisme, Tamara Haddad sculpte la matière, la remodèle en lui redonnant vie, persuadée que l’artiste a un rôle à jouer dans une pareille tragédie : « Il est là pour sensibiliser l’œil, aider l’autre à bien regarder ce qui l’entoure et le danger qui le guette. Il est urgent de réagir, souligne-t-elle, car viendra un jour où toutes les ressources seront épuisées alors vers qui l’homme va-t-il se tourner ? Vers sa terre qu’il a violée à maintes reprises ? » Et de poursuivre : « Ce qui me choque le plus, c’est que les gens ne sont pas offusqués par cet état des choses. Ils sont trop préoccupés par la politique, l’argent et le bonheur factice en oubliant le beau présent qui leur est offert : ce sol qu’ils foulent ou ce cadre magnifique qui les entoure. »

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C’est un message que l’artiste peintre lance au monde entier. « Je n’ai jamais voulu peindre simplement des arbres qui brûlent ou des carrières qui fendent la montagne, mais hurler la beauté de la Terre afin que l’homme réfléchisse à ce qu’il est en train d’exterminer et de perdre. »

De Terre et de matière, Faille II, à la galerie Tanit (hors les murs à Starco) est la seconde exposition de Tamara Haddad abordant le même sujet et célébrant son amour pour la Terre. Sensible à ses pulsions et à ses blessures, l’artiste autodidacte qui avait poursuivi des études de publicité à l’Académie libanaise des beaux-arts (ALBA) avoue avoir commencé à peindre en faisant...

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