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Politique - Clashs de Tayouné

À Meerab, des centaines de partisans venus soutenir leur « zaïm national »

Les manifestants qui se sont déplacés vers le lieu de résidence du leader des Forces libanaises Samir Geagea refusent la justice des « deux poids, deux mesures » et voient dans leur chef « un rempart » contre l’hégémonie du Hezbollah.

À Meerab, des centaines de partisans venus soutenir leur « zaïm national »

Des partisans des Forces libanaises de Samir Geagea rassemblés à Meerab en soutien à leur leader. Photo Mohammad Yassine

Ils étaient plusieurs centaines à se rendre hier matin à Meerab, ce village paisible du Kesrouan où le chef des Forces libanaises (FL), Samir Geagea, a choisi de s’installer quelque temps après avoir recouvré la liberté en 2005. Ces partisans étaient venus « demander au chef des FL de ne pas se rendre à l’interrogatoire » qui était prévu hier à 9 heures au ministère de la Défense, à Yarzé, selon plusieurs personnes interrogées sur place par L’Orient-Le Jour. Le leader maronite était appelé à comparaître devant la justice militaire pour être entendu dans le cadre de l’affaire des affrontements meurtriers de Tayouné, survenus le 14 octobre, qui avaient opposé des miliciens chiites affiliés au tandem Amal-Hezbollah à d’autres éléments chrétiens présumés proches des FL, faisant sept morts (six affiliés au tandem chiite) et 32 blessés. Comme cela était pressenti, le chef des FL ne s’est pas rendu au bâtiment du ministère de la Défense.

L'éditorial de Issa Goraïeb

Un tabboulé de justices

Pour arriver devant l’entrée de la demeure du leader des FL, placée sous haute surveillance de l’armée, de nombreuses personnes ont fait un bout de chemin à pied, les routes de montagne étant trop étroites pour accueillir autant de voitures à la fois. Nombre d’entre eux sont arrivés de Bkerké, siège du patriarcat maronite situé quelques kilomètres plus bas que Meerab, où ils s’étaient rassemblés plus tôt dans la journée, avant de se diriger par convois vers leur destination. Ici et là, des personnes présentes brandissaient des drapeaux du parti et de l’unité « Sadm », une ancienne unité militaire des FL, ainsi que des portraits du leader maronite. Casquette du parti vissée sur la tête, Abchi, un ancien combattant FL dans les années 80, originaire de Rahbé dans le Akkar, a conduit jusqu’à Meerab pour soutenir le « hakim » (surnom du chef des FL, NDLR). « Samir Geagea est le dernier rempart du pays. S’il lui arrive quelque chose, le Liban deviendra une province iranienne. La seule personne à avoir fait face au chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, c’est Samir Geagea », lance Abchi.

Habillé en tenue kaki de la tête aux pieds, Roy Khoury, 28 ans, est venu de Batroun, dans le Nord, pour apporter son soutien au chef des FL. Le jeune homme assure refuser « un nouveau scénario semblable à celui de 1994 », lorsque Samir Geagea avait été inculpé de plusieurs crimes de guerre et emprisonné, alors que ses partisans criaient aux « dossiers fabriqués » par le régime syrien. « Le leader des FL est attaqué de toutes parts aujourd’hui car il constitue l’opposition principale aux régimes syrien et iranien », estime le jeune homme.


Drapeaux du Liban et des FL et des portraits de Geagea à quelques pas de sa résidence à Meerab. Photo Mohammad Yassine

Adhérents... sunnites

Si les récentes prises de position du chef des FL contre le Hezbollah lui ont permis de regagner en popularité auprès de sa base chrétienne, il semblerait que le leader maronite a également marqué des points du côté d’une partie de la rue sunnite. Parmi les personnes présentes dans la foule, se trouvaient notamment des habitants de Tripoli et du Akkar, de confession sunnite, qui se déclarent adhérents des FL (ils étaient plus d’un millier selon les organisateurs). Certains avouent même avoir été séduits par les propos de M. Geagea bien avant les affrontements de Tayouné.

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Les contours d’un petit compromis à la libanaise...

Drapeau du Liban en main, Mohammad Khaddaje, un Tripolitain de 30 ans, raconte qu’il était « proche du courant du Futur (de Saad Hariri) quand (il) était plus jeune ». Il a ensuite trouvé que « le discours des FL (le) représentait désormais plus », ce qui l’a poussé à devenir membre du parti en 2019. Il affirme que Samir Geagea « n’est plus un leader pour les chrétiens seulement, mais aussi au niveau national ». Les FL « sont les seules à avoir un discours patriotique, comme elles l’ont montré notamment lors de l’épisode de Tayouné », lance-t-il.Originaire de la région de Jabal Akroum, dans le Akkar, Ahmad Ismaïl raconte comment il a ouvert le premier bureau FL dans cette région majoritairement sunnite en 2015. « J’ai rejoint les FL en 2015 avec 15 personnes de la région. Au début, personne ne comprenait notre démarche, car la région est proche du courant du Futur. Aujourd’hui le bureau de Jabal Akroum compte une cinquantaine de membres », confie-t-il à L’OLJ. Interrogé sur son appartenance à un parti qui est traditionnellement perçu comme une formation chrétienne de droite, M. Ismaïl assure avoir « tourné la page de la guerre civile » dans laquelle Samir Geagea a été impliqué, entre autres. « Le chef des FL a l’étoffe d’un zaïm national. Le parti est aujourd’hui implanté dans tout le pays et accueille des adhérents sans distinction confessionnelle », indique M. Ismaïl.

Jad Damien, responsable du bureau de Tripoli des FL, confirme que le parti a commencé à attirer de nombreux adhérents issus de la communauté sunnite ces trois dernières années. « Les FL ont plus de mille adhérents sunnites dans ces trois régions », souligne-t-il.

Les deux sons de cloche

Dans le cadre du même rassemblement, des centaines de partisans de Samir Geagea s’étaient également rassemblés en matinée à Bkerké, en solidarité avec les propos du patriarche Béchara Raï. Le prélat a pris à plusieurs reprises position en faveur du chef des FL ces derniers jours et effectué une tournée, mardi, auprès des dirigeants politiques afin de réclamer que l’affaire de Tayouné ne soit pas politisée. « Je suis à Bkerké pour soutenir le patriarche maronite et ses récentes prises de position », confie un partisan FL venu du Chouf. « Nous refusons la politique du deux poids, deux mesures », lance-t-il en référence à la convocation de Samir Geagea au ministère de la Défense hier, alors qu’aucun responsable au sein du tandem chiite n’a été convoqué pour le moment. Écartant l’éventualité d’une « guerre civile », il a remercié Hassan Nasrallah qui a « fait un très grand cadeau » à Samir Geagea en lançant ses accusations contre lui.

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Face aux tentatives d’arrangement politicien, Bitar semble imperturbable

Rita Kouyoumjian, qui est venue d’Achrafieh, affirme être « solidaire de Samir Geagea et des jeunes arrêtés par les forces de l’ordre après les combats de Tayouné ». « La justice doit écouter les deux sons de cloche, pas seulement le témoignage du chef des FL », ajoute-t-elle, avant de lancer : « Nous voulons un État souverain, et non un État du Hezbollah et de l’Iran. »

Ils étaient plusieurs centaines à se rendre hier matin à Meerab, ce village paisible du Kesrouan où le chef des Forces libanaises (FL), Samir Geagea, a choisi de s’installer quelque temps après avoir recouvré la liberté en 2005. Ces partisans étaient venus « demander au chef des FL de ne pas se rendre à l’interrogatoire » qui était prévu hier à 9 heures au ministère...

commentaires (4)

Le courage et l’honnêteté sont des vertus qui consistent à ne trembler devant aucun traître ou hors la loi. Monsieur Bitar en est la preuve vivante face à ces criminels sans foi ni courage ni honneur. Celui-ci semble à ce jour imperturbable, mais une source qui accompagne le dossier craint qu’il ne soit au final contraint de se désister, ou que le ministre de la Justice, Henri Khoury, propose au Conseil supérieur de la magistrature (CSM) le nom d’un autre juge pour le remplacer. Même pas dans vos rêves. Ce juge est un homme intègre que tous les protagonistes, même ceux qui prétendent l’appuyer vont conclure des marchés sur son dos alors qu’ils devraient le soutenir à mort. Ce qui sensé l’affaiblir le rend encore plus fort et tous les autres se ridiculisent et jettent l’opprobre sur les communautés qui se distinguent par leur lâcheté et leur trahison face à la souffrance des citoyens et surtout aux familles des victimes. Il n’y a pas de troc à faire et la justice passera malgré toutes leurs manigances. On invite RAÏ à aller prier pour expier ses péchés d’intention impardonnables vis à vis des victimes mortes pour rien et qui méritent que tous les libanais se battent pour que justice soit faite en leurs noms.

Sissi zayyat

12 h 28, le 28 octobre 2021

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Commentaires (4)

  • Le courage et l’honnêteté sont des vertus qui consistent à ne trembler devant aucun traître ou hors la loi. Monsieur Bitar en est la preuve vivante face à ces criminels sans foi ni courage ni honneur. Celui-ci semble à ce jour imperturbable, mais une source qui accompagne le dossier craint qu’il ne soit au final contraint de se désister, ou que le ministre de la Justice, Henri Khoury, propose au Conseil supérieur de la magistrature (CSM) le nom d’un autre juge pour le remplacer. Même pas dans vos rêves. Ce juge est un homme intègre que tous les protagonistes, même ceux qui prétendent l’appuyer vont conclure des marchés sur son dos alors qu’ils devraient le soutenir à mort. Ce qui sensé l’affaiblir le rend encore plus fort et tous les autres se ridiculisent et jettent l’opprobre sur les communautés qui se distinguent par leur lâcheté et leur trahison face à la souffrance des citoyens et surtout aux familles des victimes. Il n’y a pas de troc à faire et la justice passera malgré toutes leurs manigances. On invite RAÏ à aller prier pour expier ses péchés d’intention impardonnables vis à vis des victimes mortes pour rien et qui méritent que tous les libanais se battent pour que justice soit faite en leurs noms.

    Sissi zayyat

    12 h 28, le 28 octobre 2021

  • NOUS SOMMES TOUS GEAGEA. MERCI QUI?

    Sissi zayyat

    12 h 28, le 28 octobre 2021

  • LE SEUL LEADER CHRETIEN, NATIONAL MEME, QUI N,A POINT COMMIS DE FAUTE DEPUIS QU,IL PRESIDE LES F.L. LE PEUPLE LIBANAIS AVEC LES F.L. CONTRE LES MERCENAIRES IRANIENS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 37, le 28 octobre 2021

  • La mobilisation aurait sans doute été bien plus importante sans le grain de sable apparu à la dernière minute avec la confusion née autour des fuites sur le "compromis Raï". Les prochaines heures apporteront sans doute des clarifications à ce sujet. Les FL ont déjà été très claires sur un refus du marchandage Tayouné vs port de Beyrouth: elles veulent que les 2 enquêtes aillent jusqu'au bout coûte que coûte car elles n'ont rien à se reprocher. Si demain le marchandage prend forme et que les FL appellent à manifester contre, je suis sûr qu'il y aura bien plus que quelques milliers de citoyens libanais qui répondront à l'appel.

    Citoyen libanais

    09 h 13, le 28 octobre 2021

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