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Campus - ÉCOLE DE DESIGN

Au CSB-SD, les talents émergents apprennent et évoluent selon leurs envies

Ce n’est pas une grande école universitaire, et pourtant elle a la cote, attirant de plus en plus d’étudiants. Sa recette ? Des profils très variés et un parcours gratuit et individualisé.

Au CSB-SD, les talents émergents apprennent et évoluent selon leurs envies

Les étudiants, les enseignants et les membres de l’équipe de CSB-SD lors de leur exposition organisée à Dar el-Nimer en 2016. Photo Carl Halal

Fondée en 2011 par Sarah Hermez, George Rouhana et Tracy Moussi, avec le concours de l’ancienne professeure à Parsons Caroline Simonelli, l’école de mode et de design Creative Space Beirut-School of Design (CSB-SD) s’est donné pour mission de rendre accessible à tout un chacun une éducation gratuite et de qualité dans le domaine de la mode et du design. Et ce indépendamment de son niveau académique ou de sa situation financière et personnelle... Pour avoir sa place dans cet espace situé rue Monnot, à Achrafieh, il suffit que le candidat ait du talent, qu’il soit créatif, motivé et déterminé. « Et surtout être passionné de mode », précise Sarah Hermez.

Préparer les étudiants à leur future carrière est la priorité numéro 1 de l’école. C’est pourquoi, en 2016, elle a peaufiné son programme. Depuis, sept à dix personnes issues d’horizons différents sont sélectionnées annuellement pour suivre gratuitement une formation professionnalisante qui leur permettra, au bout de trois ans, d’intégrer l’univers de la mode. Du lundi au vendredi, de 8h à 19h, ces futurs professionnels de l’habillement, encadrés et soutenus par des enseignants et designers locaux et internationaux dotés d’une solide expérience dans le milieu de la mode et du design, bénéficient d’un cursus qui leur apprend non seulement les arcanes de cette vaste industrie, mais leur permet aussi, entre autres, de développer leur créativité, de maîtriser différentes techniques, mener un projet de création ou encore commercialiser leurs produits…

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Holistique et cohérent, le curriculum valorise et intègre les deux aspects du métier : conceptuel et technique, d’après Sarah Hermez. Les étudiants profitent ainsi de cours théoriques sur l’histoire du design, la culture mode, l’art, le dessin, le processus de collection, la création textile, mais pas uniquement. Ils vont tester pratiquement leurs compétences techniques et en acquérir de nouvelles à l’occasion de multiples initiatives réelles et projets immersifs. En effet, étroitement arrimée au milieu des affaires, la formation intensive que propose CSB-SD, comme le précise Mme Hermez, ne vise pas à former des « couturiers » mais des « créatifs » et des « designers » hautement qualifiés possédant une « véritable compréhension du marché », susceptibles de façonner et de structurer le monde dans lequel nous vivons et de dessiner notre futur.

Pour les personnes talentueuses n’ayant pas les ressources financières nécessaires pour obtenir un diplôme dans des établissements d’enseignement supérieur de plus en plus coûteux, l’admission au sein de cette école constitue une aubaine. Cependant, face à ce monde fascinant et dynamique de la mode, fait à la fois de travail intense, de vision et de talent, ce qui distingue vraiment CSB-SD des autres écoles, instituts ou établissements proposant une formation aux métiers de la mode, c’est l’apprentissage entre pairs et le parcours individualisé qu’elle prône. « Nous accompagnons et suivons de près le cheminement de chacun de nos élèves, même après la fin de leur parcours. Nous jouons parfois le rôle d’incubateur, en les orientant, en leur proposant un encadrement ou des conseils », explique la cofondatrice de CSB-SD.

Un milieu inclusif

La particularité de l’école provient également du fait qu’elle réunit des profils très différents les uns des autres. « Au début, lorsque le Creative Space Beirut a été fondé, nous avons cherché les étudiants potentiels dans les centres communautaires, les ONG et les camps de réfugiés. Certains d’entre eux n’ont jamais été à l’école. Aujourd’hui, grâce à la réputation et la crédibilité que CSB-SD a acquises au fil des ans, aux histoires à succès de ses diplômés, nous recevons des centaines de demandes d’inscription en ligne », confie Sarah Hermez. Mais si tous les candidats peuvent postuler, la personnalité et le caractère du postulant demeurent deux critères essentiels lors du recrutement. « Après l’étude du portfolio et l’entretien individuel, un atelier regroupant une vingtaine de personnes nous permet de retenir les meilleurs candidats. Nous recrutons des personnes ouvertes d’esprit, en mesure d’interagir, de collaborer et d’évoluer au sein d’une équipe diverse », remarque-t-elle. Et d’ajouter : « Des personnes qui n’ont pas peur de travailler dur pour avancer et progresser », rappelant au passage que « pour que le design devienne un outil efficace pour le progrès de la société, il doit être inclusif et intégrer la vision et les voix de personnes de tous horizons ». Créateurs de mode, stylistes, modélistes, concepteurs de mode, illustrateurs, designers textile, patronniers-gradeurs, premiers d’atelier… À l’heure actuelle, les savoir-faire spécifiques des jeunes qui ont intégré CSB-SD – une trentaine jusqu’à ce jour – leur ont conféré des opportunités d’emploi un peu partout. Certains ont été recrutés dans les pays du Golfe, d’autres en Europe, travaillant dans les ateliers de grandes figures de la mode à Milan ou à Paris, d’autres sont restés à Beyrouth. Pour permettre à ses étudiants d’élargir leurs compétences, CSB-SD multiplie les partenariats. C’est ainsi qu’en sus d’une coopération avec l’Unicef, l’école a, durant la pandémie de Covid-19, collaboré avec l’hôpital gouvernemental Rafic Hariri dans la création de vêtements d’isolation, indique Sarah Hermez. En 2018, les étudiants ont également conçu une collection de robes pour la boutique Santiago à Beyrouth. En 2019, ils ont collaboré avec un ancien diplômé de CSB-SD, Roni Hélou. « Nous maintenons des liens avec nos anciens et nous essayons de mettre les talents émergents en contact avec la réalité et les gens du métier, ce qui, explique Sarah Hermez, est loin d’être un processus simple. » « Ce faisant, nous leur accordons la possibilité de suivre leur propre voie, d’acquérir de l’expérience et de tisser des liens au sein de l’industrie », renchérit-elle.

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Afin d’assurer sa continuité et son fonctionnement, l’école a, chemin faisant, instauré un système de soutien durable qui lui permet de s’autofinancer. C’est ainsi qu’une entreprise sociale a été lancée, comprenant une marque baptisée CSB avec pour but de soutenir et financer l'école. Cette dernière sert également de plateforme pour aider les étudiants à trouver des opportunités d’emploi. La mise en place d’un écosystème complexe de cette nature a représenté un défi réel d’autant qu’un magasin phare et un site de commerce électronique, csb-shop.com, ont été également mis en place.

« Qu’il s’agisse de compétences techniques, de compétences créatives ou de compétences générales, une éducation de qualité gratuite permet d’améliorer la qualité de vie des gens », insiste-Sarah Hermez. « Elle leur permet surtout de rêver », tient-elle à ajouter, dans un Liban en crise où survivre est devenu une mission quotidienne.


Fondée en 2011 par Sarah Hermez, George Rouhana et Tracy Moussi, avec le concours de l’ancienne professeure à Parsons Caroline Simonelli, l’école de mode et de design Creative Space Beirut-School of Design (CSB-SD) s’est donné pour mission de rendre accessible à tout un chacun une éducation gratuite et de qualité dans le domaine de la mode et du design. Et ce indépendamment de son...

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