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Politique - Affaire de Tayouné

Contre la convocation de Geagea, les forces souverainistes se mobilisent

Les assises du camp du 14 Mars momentanément ressuscitées pour défendre le leader des FL.

Contre la convocation de Geagea, les forces souverainistes se mobilisent

Le chef des Forces libanaises Samir Geagea. Photo d’archives AFP

C’est une véritable levée de boucliers politique qu’a suscitée la convocation du chef des Forces libanaises Samir Geagea devant la justice pour être « entendu » sur les combats miliciens meurtriers du 14 octobre à Tayouné, entre des partisans du Hezbollah et d’Amal, et d’autres postés dans des quartiers chrétiens où les FL ont une forte présence. Dans une réaction inédite dans le genre, plusieurs chefs de file anciennement comptés dans le camp du 14 Mars ont fait bloc autour de Samir Geagea, pour pointer du doigt une procédure viciée servant des fins politiques selon eux, notamment pour parvenir à un « troc scandaleux » venant entacher un peu plus encore la justice que le tandem Amal-Hezbollah s’évertue à saper dans l’affaire de l’enquête du port. Ce troc, dénoncé durant le week-end par le chef de l’Église maronite Béchara Raï, serait le suivant : la convocation de Samir Geagea contre l’enquête dans l’affaire du port menée par le juge Tarek Bitar, et dont la procédure est violemment critiquée par le tandem chiite. Mgr Raï devait aussi donner le ton en dénonçant, dimanche, une justice qui reste selon lui partiale tant qu’elle n’englobe pas tous les responsables des événements de Tayouné, c’est-à-dire les responsables d’Amal et du Hezbollah.

L'éditorial de Issa Goraïeb

Un tabboulé de justices

Hier, c’est une cascade de réactions dans le même sens qui a suivi. Leur importance réside surtout dans le fait qu’elles ont mis en relief une résurgence, même temporaire et imposée par les circonstances, du front du 14 Mars dont les composantes étaient à couteaux tirés depuis un certain temps, entre elles et avec Samir Geagea. Une résurgence qui montre qu’en dépit des divergences qui peuvent les séparer, les anciens du 14 Mars peuvent se réunir autour d’une cause commune, surtout lorsque l’un des leurs est exposé à un danger réel quelconque. Des personnalités telles que le leader druze Walid Joumblatt, les ex-Premiers ministres sunnites Saad Hariri et Fouad Siniora ou encore le chef des Kataëb Samy Gemayel, qui tous entretiennent depuis quelque temps des relations plutôt froides voire crispées avec le chef des FL, et qui s’étaient gardées de se mêler de la polémique consécutive aux affrontements de Tayouné, entre le Hezbollah et les FL, sont montées au créneau pour contester le principe même de la convocation de M. Geagea, et plus particulièrement les motivations qui la sous-tendent. Elles ont dénoncé en chœur une politique des deux poids deux mesures, à savoir le fait que n’aient pas été également convoqués des dirigeants d’Amal et du Hezbollah, dont les combattants lourdement armés étaient impliqués dans les affrontements de Tayouné. Une réunification spontanée des rangs de l’ancien camp du 14 Mars que l’ambassadeur d’Arabie saoudite, de retour à Beyrouth, a saisie sur-le-champ. À l’issue d’un entretien hier dans la matinée avec le cheikh Abdellatif Deriane, mufti de la République, Walid Boukhari a rappelé que « tout projet faisant fi de l’identité arabe du Liban devient illégitime », en allusion à la politique du Hezbollah. Ses propos ont été rapportés dans un communiqué publié par Dar el-Fatwa.

L’empressement du tandem chiite à instrumentaliser l’implication présumée de Samir Geagea dans l’affaire des affrontements à Tayouné, qui ont fait sept morts et plusieurs blessés, fait craindre une tentative de troc entre deux enquêtes : celle qui se rapporte à l’explosion du 4 août au port de Beyrouth et dans laquelle d’anciens ministres proches d’Amal sont poursuivis en même temps que d’autres, et celle visant à tirer au clair les tenants et aboutissants de la manifestation du Hezbollah et de son allié devant le Palais de justice, le 14 octobre, laquelle avait dégénéré en accrochages armés.

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Entre imbroglio juridique et « confusion délibérée »

Dans les coulisses, on dénonce ainsi un coup monté contre Samir Geagea qui sert de « bouc émissaire », pour reprendre les termes employés par le patriarche maronite dimanche. C’est notamment cette « hérésie » et une « justice noire » qu’ont cherché à stigmatiser les chefs de file de ce qui fut jadis le camp du 14 Mars, prenant fait et cause pour le leader des FL.

Le chef des Kataëb, Samy Gemayel, a refusé d’emblée la tentative d’un troc par le biais de la convocation de M. Geagea destinée à « enterrer l’enquête sur les explosions au port ». M. Hariri a dénoncé à son tour une « politique de vengeance », plaidant en faveur de la comparution de toutes les parties concernées par les incidents.

« À tous ceux qui pensent que la convocation de Samir Geagea lui fera peur et constituera un message aux forces souverainistes, nous disons : nous n’avons peur ni de vous ni de vos supérieurs. Et le rêve d’une invasion iranienne du Liban ne se réalisera pas », a ajouté de son côté le député démissionnaire de Beyrouth Nadim Gemayel.

Prenant soin de dénoncer les « manœuvres auxquelles ont eu recours le Hezbollah et Amal pour bloquer l’enquête », le chef druze Walid Joumblatt s’est prononcé en faveur d’une enquête transparente et équitable de sorte que « la justice englobe tout le monde, loin de toute partialité ». Dans ce climat de polarisation extrême provoquée par l’instrumentalisation d’une implication présumée de M. Geagea, d’aucuns craignent un « compromis à la libanaise » qui mettrait fin à ce nouveau bras de fer aux relents confessionnels. Principalement destinée à désamorcer la bombe, la tournée initiée hier par le patriarche Béchara Raï auprès des trois pôles du pouvoir devait également préluder à une sortie de crise. Sauf que les contours de cette issue restent pour l’heure imprécis.Le patriarche devait réitérer sa mise en garde contre un « troc » entre les deux enquêtes, au terme de ses entretiens avec les présidents de la République Michel Aoun, du Parlement Nabih Berry et du Conseil Nagib Mikati, assurant que « tout le monde, y compris Nabih Berry, refuse cette éventualité ». Pour le Hezbollah, il est clair que la démarche du patriarche est motivée par des considérations communautaires. « Mais il ne pourra pas défendre M. Geagea s’il est impliqué dans cette affaire », commente une source proche du parti chiite.

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En soirée, et alors que les spéculations allaient bon train sur la solution viable concoctée en coulisses, des informations de presse faisaient état d’une reprise d’un ancien « arrangement » déjà évoqué : le juge Bitar poursuivrait son enquête, probablement dans les deux volets de l’acte criminel qui a conduit à l’explosion, et l’investigation destinée à identifier les importateurs du nitrate d’ammonium à l’origine du drame. Le volet de la responsabilité des anciens ministres mis en cause – Ali Hassan Khalil, Ghazi Zeaïter (Amal) et Nouhad Machnouk – serait, lui, confié à la Haute Cour chargée du jugement des présidents et des ministres, composée de sept députés élus par la Chambre et de huit des plus hauts magistrats. Ce qui revient à dire que le juge Tarek Bitar sera en définitive écarté du volet éminemment politique de ce dossier.

C’est une véritable levée de boucliers politique qu’a suscitée la convocation du chef des Forces libanaises Samir Geagea devant la justice pour être « entendu » sur les combats miliciens meurtriers du 14 octobre à Tayouné, entre des partisans du Hezbollah et d’Amal, et d’autres postés dans des quartiers chrétiens où les FL ont une forte présence. Dans une réaction...

commentaires (12)

LE SEUL QUI DEPUIS QU,IL EST SORTI DE PRISON, OU MIS PAR VENGEANCE UNIQUEMENT, ET QU,IL PRESIDE LES F.L. N,A POINT COMMIS DE FAUTE D,AUCUN GENRE SURTOUT POLITIQUE OU CORRUPTION ET S,EST EXCUSE POUR LA GUERRE CIVILE. UN VRAI POLITICIEN LIBANAIS A L,APPARTENANCE UNIQUEMENT LIBANAISE.

LA LIBRE EXPRESSION

17 h 06, le 27 octobre 2021

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Commentaires (12)

  • LE SEUL QUI DEPUIS QU,IL EST SORTI DE PRISON, OU MIS PAR VENGEANCE UNIQUEMENT, ET QU,IL PRESIDE LES F.L. N,A POINT COMMIS DE FAUTE D,AUCUN GENRE SURTOUT POLITIQUE OU CORRUPTION ET S,EST EXCUSE POUR LA GUERRE CIVILE. UN VRAI POLITICIEN LIBANAIS A L,APPARTENANCE UNIQUEMENT LIBANAISE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 06, le 27 octobre 2021

  • ET A QUAND LA CONVOCATION DU GENDRE ET DU BEAU PERE POUR LE SCANDALE DU SIECLE QUE SONT LES BARGES TURQUES ? ET DU PROPRIETAIRE ET UTILISATEUR NASRALLAH POUR LE NITRATE ? JUSTICE THEMIS OU ES-TU ???

    LA LIBRE EXPRESSION

    16 h 59, le 27 octobre 2021

  • Si cette réunification est sincère alors ils sont la bienvenue !! ON A BESOIN D’UNITÉ PAS DE LA SOCIÉTÉ CIVILE QUI VAS NOUS MENER DROIT OU DÉSIRE ETRE LES MOUMANA3ISTES

    Bery tus

    15 h 00, le 27 octobre 2021

  • Souverainistes inactifs avec un cœur qui balance en fonction des événements. Ils retournent vite leurs vestes lorsque la souveraineté de notre pays est en jeu pour se déclarer partisans de x ou y pour sauver uniquement leurs acquis spoliés au fil du temps. Si ce pays comptait des souverainistes au pouvoir on n’en serait pas là.

    Sissi zayyat

    14 h 46, le 27 octobre 2021

  • Les forces que vous qualifiez de souverainistes !!!!! vont même à supplier tous les pays qui leur sont amis d'intervenir dans la formation du gouvernement . De grâce depuis le 17 octobre 2019 , tous se sont mis à découvert . Tous ne veulent pas d'un Etat de droit . Les seigneurs de la Guerre civile .!!!Contrebandiers d'un côté et d'autres stockent pour faire des gains ou maybe aussi de la contrebande , Le fuel non conforme , aussi les inculpés ont été protégés , l'incident de Kabrechmoun , et d'autres cas infinissables qui peuvent être cités . Nos jeunes désespèrent oui bien sûr , ceux qui n'aiment pas les partis politiques et qui voient cette classe politique se renflouer entre elle à l'approche des législatives .

    Lecteurs OLJ 2 / BLF

    09 h 56, le 27 octobre 2021

  • ET SI LE JUGE BITAR REFUSAIT DE JOUER LE JEU ?

    Gaby SIOUFI

    09 h 10, le 27 octobre 2021

  • Pendant ce temps, un petit pion allume des lampions et supplie les démons de l'enfer pour que le pire arrive.

    Youssef Najjar

    08 h 46, le 27 octobre 2021

  • Nos dirigeants sont vraiment des « nains ». Il faut toujours louvoyer et trouver des solutions bancales à la limite de la légalité et de la magouille. L’enquête sur l’explosion du port doit rester entière et retirer au juge Bitar le volet politique signifiera la mort de l’enquête et le triomphe de l’hégémonie du Hezbollah.

    Karam Georges

    08 h 08, le 27 octobre 2021

  • ILS ONT FAIT DU PAYS UN AMAS DE BORDELS. ET THEMIS UNE CATIN AU SERVICE DE LEURS PATRONNES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    06 h 35, le 27 octobre 2021

  • La Haute Cour chargée du jugement des présidents et des ministres, comme dans le passé, n'aboutira à aucun sanctionnement! 7 députés élus... Il faut vraiment chercher avec la loupe pour trouver des indépendants qui osent prononcer un jugement contre un confrère. Quant aux 8 magistrats...je vous laisse désirer!

    Georges S.

    04 h 12, le 27 octobre 2021

  • " Le jour où le crime se pare des dépouilles de l'innocence, par un curieux renversement.... c'est l'innocence qui est sommée de fournir ses justifications." ALBERT CAMUS

    Georges Airut

    03 h 39, le 27 octobre 2021

  • Avec la logique de convoquer le "présumé attaqué" plutôt que le "confirmé attaquant" on devrait sommer le hezb pour rendre des comptes pour les attaques qu'Israël inflige au sud...ah mais j'oublie...le hezb et israel maîtrisent chacun à sa façon, ou plutôt à "leur" façon, l'art de l'illusion...

    Wlek Sanferlou

    00 h 10, le 27 octobre 2021

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