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Lifestyle - Patrimoine

Grâce à un don italien, le fort des croisés à Saïda s’est offert une seconde jeunesse

L’enveloppe de 650 000 euros a permis de consolider et de restaurer le château de la Terre édifié par le roi de France saint Louis.

Grâce à un don italien, le fort des croisés à Saïda s’est offert une seconde jeunesse

La forteresse du XIIIe siècle était deux fois plus haute que ce qu’elle est aujourd’hui. Photo DR

Au terme de travaux de restauration financés grâce à une enveloppe de 650 000 euros accordée par le gouvernement italien, le château de la Terre, à Sidon, a été inauguré le 12 octobre par l’ambassadrice d’Italie Nicoletta Bombardiere et le ministre de la Culture Mohammad Wissam Mortada.

Le château de la Terre, ou château Saint-Louis, et sa tour étaient dans un état très critique, « sur le point de s’écrouler », confie l’archéologue et architecte Jean Yasmine. En charge depuis 2014 de la gestion et de l’exécution du projet pour le compte du Conseil du développement et de la reconstruction (CDR), il explique qu’en raison de sa forme similaire à celle de Bosra al-Cham édifiée autour d’un grand théâtre, un des plus vastes de l’Orient romain, la Direction libanaise des antiquités (DGA) avait mené dans les années soixante « des excavations en profondeur » dans l’espoir de découvrir les fondations de l’hémicycle romain. Ils ne l’ont pas trouvé. « Les Romains avaient probablement un projet de bâtir un théâtre, mais leurs travaux n’ont pas été achevés. On a retrouvé aujourd’hui différentes structures érigées par les Romains dont les fondations et le vomitorium, sur lesquels les Fatimides ont construit un fortin, Qalaat al-Mu’izz  », du nom du quatrième calife fatimide et successeur d’al-Mansour en 953.

Les vomitoria ou vomitoires étaient des passages voûtés dans les caves des amphithéâtres ou des théâtres romains où circulaient les spectateurs, avant d’atteindre les ouvertures qui « vomissent » la foule sur les gradins.Plus tard, assiégée par les croisés, Sidon devient le chef-lieu de la seigneurie de la Sagette. Aussi, entre 1250 et 1254, pour améliorer le système de défense de la ville, le roi saint Louis fait bâtir une nouvelle fortification, le château de la Terre, sur les ruines des monuments romain et fatimide.


L’entrée du fort des croisés, dit aussi château de la Terre. Photo DR

85 % du budget consacré à la consolidation

Dans les années 1940-1950, signale Jean Yasmine, « la forteresse était deux fois plus haute que ce qu’elle est aujourd’hui. Les fouilles menées en profondeur sous les fondations par la Direction générale des antiquités ont entraîné le tassement du sol et par conséquent l’affaissement de la construction et son instabilité à la surface. Le château était sur le point de s’effondrer. Alors, en préparant avec la DGA les documents du projet CHUD au début des années 2000, il a été décidé de consolider structurellement l’édifice ». Diverses techniques ont été utilisées pour travailler la consolidation du sous-sol, le renforcement des pierres de la construction, leur restauration et leur nettoyage. « 85 % du budget a été déboursé sur ces travaux, qui d’ailleurs ont nécessité l’intervention de spécialistes italiens », précise-t-il.

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Les surfaces des façades historiques et archéologiques du château ont aussi été restaurées dans les règles de l’art par des experts italiens. D’autre part, il était prévu de créer une plateforme belvédère tout en haut de la tour sud du château avec vue sur la vieille ville et d’y installer un panneau explicatif des monuments de Saïda. Ces projets ont toutefois été reportés à une date ultérieure, lorsque de nouveaux fonds seront assurés. « L’important est que le château tienne debout et repose aujourd’hui sur de solides fondations. La mise en valeur du site enclenchée aujourd’hui par l’aménagement du vomitorium se développera plus tard, quand la DGA assurera de nouveaux budgets ; elle a toutes les spécifications techniques et les cahiers des charges préparés par les experts italiens qu’on lui a remis », ajoute M. Yasmine. Prioritaire, la sécurité du monument, et celle des visiteurs, est aujourd’hui garantie.


Le vomitorium, structure érigée par les Romains. Photo DR

Khan el-Echlé sous les bistouris

Dans le vomitorium, unique couloir couvert du château, sont exposés une vingtaine d’objets choisis dans les dépôts de la DGA et provenant des fouilles de Saïda. Des panneaux explicatifs sur l’histoire du château et de la ville sont mis en évidence. Un local pour billetterie et des WC ont été installés. De même, pour sécuriser le monument, un mur en béton armé ceinture le site où un grand espace paysager a été aménagé, permettant ainsi à la ville d’y créer des évènements culturels. Aujourd’hui, le château est à nouveau dans le giron de la DGA. L’archéologue Myriam Ziadeh, qui a activement participé à sa restauration, en a la charge ; elle avait été aidée par l’archéologue Lana Shéhadeh, responsable du suivi des travaux entre 2014 et 2019. Marisa Calia, experte en patrimoine et chargée du suivi du projet pour le compte de l’agence italienne, souligne l’importance de la sauvegarde du patrimoine culturel comme vecteur de développement économique durable dans la vieille ville.

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Aussi le prochain projet financé par le gouvernement italien à Saïda, à hauteur de 2 millions d’euros, portera sur la restauration de Khan el-Echlé. Les travaux ont été entamés. Situé dans le souk traditionnel de Saïda, l’édifice du XVIIIe siècle est aujourd’hui en phase de restauration, de consolidation et de mise en valeur pour devenir un centre d’artisanat ouvert au public, avec des espaces dédiés à la formation et à la promotion des produits. La future gestion du centre sera assurée par une organisation de la société civile de Saïda à laquelle un plan de travail opérationnel sera fourni au terme des travaux. L’inauguration s’est également faite en présence des députés de la région, du directeur général des Antiquités Sarkis el-Khoury, du président du CDR Nabil el-Jisr, du président de la municipalité, de la directrice de l’Agence italienne pour la coopération au développement (AICS) Alessandra Piermattei et de la directrice du département du financement au CDR, Wafa Charafeddine. Ce projet s’inscrit dans le cadre du programme Cultural Heritage & Urban Development (CHUD) financé par la Banque mondiale, le département de coopération pour le développement du ministère italien des Affaires étrangères et l’Agence française de développement. Il porte sur le développement de cinq villes historiques : Byblos, Tyr, Baalbek, Saïda et Tripoli.

Au terme de travaux de restauration financés grâce à une enveloppe de 650 000 euros accordée par le gouvernement italien, le château de la Terre, à Sidon, a été inauguré le 12 octobre par l’ambassadrice d’Italie Nicoletta Bombardiere et le ministre de la Culture Mohammad Wissam Mortada. Le château de la Terre, ou château Saint-Louis, et sa tour étaient dans un état très...

commentaires (2)

Saint Louis le Roi des rois terrestres, l'exemple de la meilleure des gouvernances par le plus sincère et juste des croyants. C'est notre modèle à tous. Depuis le règne de son grand-père jusqu'à celui de son petit-fils la France connaîtra son "siècle d'or". Depuis Saint-Louis et grâce à ce saint Roy, les marronites sont sujets de leur Roi, le Roi de France, cette France qui n'a jamais cessé de protéger les Libanais et qui rescucita le Liban. C'est tout de même plus classe et plus merveilleux que d'être Ottomans, Arabes ou Perses.

Nicolas ZAHAR

16 h 03, le 21 octobre 2021

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Commentaires (2)

  • Saint Louis le Roi des rois terrestres, l'exemple de la meilleure des gouvernances par le plus sincère et juste des croyants. C'est notre modèle à tous. Depuis le règne de son grand-père jusqu'à celui de son petit-fils la France connaîtra son "siècle d'or". Depuis Saint-Louis et grâce à ce saint Roy, les marronites sont sujets de leur Roi, le Roi de France, cette France qui n'a jamais cessé de protéger les Libanais et qui rescucita le Liban. C'est tout de même plus classe et plus merveilleux que d'être Ottomans, Arabes ou Perses.

    Nicolas ZAHAR

    16 h 03, le 21 octobre 2021

  • Chere May, Ces travaux de restauration sont acheves par une main-d’oeuvre libanaise,syrienne et palestinienne de la region de Saida.dirigee par un chef d’equipe et conducteur des travaux sur site (haj Khaled Nakib ). Je vous conseille (si vous permettez) d’y aller visiter le Echle,où les travaux sont en cours d’execution ,en regardant leur visage ,ils meritent un paragraphe en prose . Sincerement Milad

    Abou-Jaoude Milad

    07 h 23, le 21 octobre 2021

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