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Politique - Focus

Après Tayouné, le Hezbollah lance la bataille politique contre les FL

Le parti chiite cherche à empêcher la formation de Samir Geagea de gagner du terrain face au CPL sur la scène chrétienne.

Après Tayouné, le Hezbollah lance la bataille politique contre les FL

Hassan Nasrallah lors de son discours, lundi 18 octobre 2021. Photo al-Manar/HO/AFP

Dans la rhétorique du Hezbollah, la défaite n’existe pas. Ses victoires sont la preuve de sa supériorité militaire. Ses revers servent à alimenter les croyances autour de la martyrologie, au cœur de la pensée chiite, qui font de ses hommes morts au combat des héros de la cause. C’est dans cette double logique que le secrétaire général du parti de Dieu, Hassan Nasrallah, a commenté, lundi, les affrontements qui ont opposé jeudi dernier des membres du tandem chiite Amal-Hezbollah à des éléments armés chrétiens appartenant probablement aux Forces libanaises, dans le secteur de Tayouné. D’un côté, il a fait étalage de sa force, en affirmant pour la première fois qu’il dispose de « 100 000 combattants », une façon d’effrayer l’adversaire, mais aussi de rassurer sa base. De l’autre, il a insisté sur son statut de victime, renouant avec un discours qui a longtemps été central pour le parti et qui réapparaît au premier plan à un moment où les choses se compliquent pour lui sur la scène nationale. Le Hezbollah a en effet été confronté à trois situations délicates en quelques mois, mettant en relief la détérioration de ses rapports avec les autres communautés : l’interception d’une de ses camionnettes transportant un lance-roquettes dans le village druze de Chouaya, les affrontements qui ont opposé des membres du parti aux tribus sunnites à Khaldé et enfin les événements de jeudi dernier.

L'éditorial de Issa Goraïeb

À l’écoute des juges

Par le passé, la formation chiite est toujours sortie renforcée des « incidents » sécuritaires dans lesquelles elle était directement impliquée. Le 13 septembre 1993, l’armée libanaise ouvre le feu sur une manifestation du Hezbollah dans la banlieue sud de Beyrouth. À cette époque, le parti vient de faire son entrée sur la scène politique. Mais cette altercation lui permet de prendre plus de poids dans l’arène libanaise à la suite d’un accord avec le régime syrien, à l’époque puissance occupante. En 2003, le scénario est sensiblement le même. À la suite d’un autre conflit avec l’armée, qui fait des victimes dans la région de Hay el-Sellom, le Hezbollah renforce ses relations avec la Syrie, ce qui le conduit par la suite à participer pour la première fois au Conseil des ministres en 2005.

Rebelote en 2008. La milice chiite est une nouvelle fois opposée à l’armée dans des combats qui se déroulent près de l’église Mar Mikhaël à Chiyah. À la suite de l’incident, le commandant en chef de l’armée de l’époque, Michel Sleiman, est contraint de présenter ses excuses aux commandements du Hezbollah et du mouvement Amal, et des officiers et membres de l’armée sont sanctionnés. Tout cela se traduit politiquement ensuite par l’accord de Doha – après les événements sanglants du 7 mai, au cours desquels le Hezbollah a envahi plusieurs quartiers de Beyrouth et de la montagne – qui accorde une minorité de blocage au parti chiite.

« Pas question que le Hezb tombe dans ce piège »

Le Hezbollah cherche une nouvelle fois à convertir politiquement les derniers incidents. Il ne souhaite pas poursuivre l’escalade sur le plan militaire, mais affaiblir le plus possible le chef des Forces libanaises Samir Geagea dans le bras de fer qui l’oppose à son allié chrétien, Gebran Bassil. Il s’agit pour lui de contrecarrer ce qu’il assimile à un complot, mené par les États-Unis avec l’aide de l’Arabie saoudite et des FL. « Les incidents de Chouaya, de Khaldé et de Tayouné ont été planifiés. L’objectif est de semer la zizanie entre les communautés libanaises pour arriver à un nouvel accord politique qui exigera que le Hezbollah rende ses armes », assure un cadre du parti. Le Hezbollah a très souvent recours à la théorie du complot lorsqu’il s’agit d’analyser un événement sur la scène locale. « D’autres incidents de ce type vont avoir lieu. Mais il n’est pas question que l’on tombe dans ce piège », ajoute le cadre du parti.

Le décryptage de Scarlett Haddad

Nasrallah et les chrétiens : deux alliés... et un « ennemi »

Le Hezbollah a désormais un objectif clair : casser la dynamique des FL, à l’approche des élections législatives. Le parti pro-iranien semble considérer que les FL ont le vent en poupe dans la rue chrétienne et qu’elles sont les seules à pouvoir contester sa domination. Pour inverser la tendance, la formation chiite a d’abord envisagé l’arme judiciaire. L’idée était de recourir à la Cour de justice, afin de demander la dissolution des FL ou des poursuites contre Samir Geagea. Mais cette option a été abandonnée pour un certain nombre de raisons, dont la première est que le contexte n’est plus le même que dans les années 1990. En 1997, la Cour de justice avait condamné Samir Geagea à la peine de mort commuée en détention à perpétuité. Celui-ci avait dû attendre le départ des Syriens, en 2005, pour sortir de prison après l’adoption d’une loi d’amnistie par le Parlement. Le Liban n’est plus sous tutelle syrienne et Samir Geagea jouit aujourd’hui d’une certaine popularité dans la rue chrétienne. Une telle action aurait pu au contraire le renforcer. Dès lors, la formation chiite a décidé d’entamer la bataille politique, à quelques mois des législatives prévues pour le 27 mars prochain.

Risque

Le Hezbollah a pour objectif d’isoler les FL afin d’éviter un scénario qui les verrait sortir renforcées des prochaines élections. Hassan Nasrallah n’a pas ménagé ses efforts pour ternir l’image de Samir Geagea auprès des rues sunnite (en rappelant l’épisode de la démission forcée de Saad Hariri en 2017 depuis Riyad, affirmant que le chef des FL avait alors voulu aller directement à de nouvelles consultations parlementaires pour nommer un nouveau Premier ministre), mais surtout chrétienne, dans sa longue allocution de lundi. Le présentant comme la plus grande menace pour la paix civile, et même pour les chrétiens, il a mis en exergue toutes les « fautes » accumulées par le chef des FL par le passé et qui peuvent avoir un certain écho auprès des publics visés.

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Entre le Hezbollah et les FL, la délicate ligne de crête

Mais la stratégie du Hezbollah suffira-t-elle à éviter que les FL l’emportent sur le Courant patriotique libre en mars prochain ? Est-elle en phase avec les attentes de la rue chrétienne ? Si celle-ci n’est pas acquise aux FL, elle semble toutefois de plus en plus hostile au Hezbollah, y compris au sein du public aouniste. D’autant que le parti chiite tente d’entraver l’enquête sur la double explosion du port, qui a ravagé plusieurs quartiers chrétiens de Beyrouth. Le Hezbollah prend clairement un risque, tout comme le CPL. La réaffirmation de leur alliance mais aussi les attaques ciblées contre Samir Geagea pourraient au contraire s’avérer contre-productives. Et faire le jeu de celui qui rêve de prendre la tête de l’opposition au Hezbollah.

Dans la rhétorique du Hezbollah, la défaite n’existe pas. Ses victoires sont la preuve de sa supériorité militaire. Ses revers servent à alimenter les croyances autour de la martyrologie, au cœur de la pensée chiite, qui font de ses hommes morts au combat des héros de la cause. C’est dans cette double logique que le secrétaire général du parti de Dieu, Hassan Nasrallah, a...

commentaires (14)

Comment peut-on décemment continuer de nommer le parti dirigé par Hassan Nasrallah "parti de DIEU" ? Un parti dont le chef ne sait que menacer, accuser, et qui ose se vanter d'avoir 100 000 combattants ? Il ne connait apparemment pas du tout les enseignements du vrai DIEU dans le Coran et la Bible qui sont: amour du prochain, charité, humilité et une vie selon ses préceptes... - Irène Saïd

Irene Said

15 h 16, le 21 octobre 2021

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Commentaires (14)

  • Comment peut-on décemment continuer de nommer le parti dirigé par Hassan Nasrallah "parti de DIEU" ? Un parti dont le chef ne sait que menacer, accuser, et qui ose se vanter d'avoir 100 000 combattants ? Il ne connait apparemment pas du tout les enseignements du vrai DIEU dans le Coran et la Bible qui sont: amour du prochain, charité, humilité et une vie selon ses préceptes... - Irène Saïd

    Irene Said

    15 h 16, le 21 octobre 2021

  • Il vient dépeindre les FL comme ses ennemis jurés parce que les libanais de Ain El Rmmeneh et Badaro ont trouvé le courage à lui tenir tête avec ses voyous qui jusque là entraient en terrain conquis sur tout le territoire libanais sûrs de leur impunité et supériorité parce que armés? Pourquoi il ne s’est pas insurgé contre ceux qui ont massacré des femmes et des jeunes et moins jeunes pendant les manifestations qui celles là étaient pour le coup vraiment pacifiques et dont les agresseurs n’étaient autres que ces mêmes voyous qui avaient l’intention de faire la même chose le 14 octobre pour semer la terreur. Nous ne l’avons pas entendu demander à ce que ceux qui ont tiré à balles réelles sur des manifestants non armés soient interceptés et jugés comme par hasard. Il a fait fausse route cette fois ci et s’est retrouvé pris par son propre piège. Dorénavant il n’y aura plus d’impunité et chaque agresseur paiera cher ses actes de barbarie et de terreur quel que soit son leader et donneur d’ordre, c’est la,leçon à retenir. Pigé?

    Sissi zayyat

    16 h 18, le 20 octobre 2021

  • Je ne sais pas si j’ai bien compris mais le hezb a mis aussi en duel frangieh et bassil … pour la présidentielle

    Bery tus

    15 h 25, le 20 octobre 2021

  • La bataille s'est avéré être contre le peuple libanais et non pas les fl ou autre parti politique: chrétiens ayez peur et nous vous protégerons, vous tout les autres ayez peur car nous avons 100000 têtes guidées, à ne pas confondre avec fusées intellos, alors restez aa'liines et taisez-vous, armée vas investiguer ton soldat qui a tiré et rend-moi des comptes, et surtout Vous, parents et familles des victimes du port, cessez vos demandes et contentez-vous de mes conclusions... Ooooh, arrogance quand tu nous tiens...

    Wlek Sanferlou

    15 h 12, le 20 octobre 2021

  • Ils ont eu toujours besoin sur qui cracher et vociférer pour remonter dans l'estime de leurs suiveurs. Tantôt c'est Israël, tantôt les Etats unis tantôt le complot mondial et maintenant ils ont du local ... Pour autant cela ne changera pas aux yeux des gens éclairés ce qu'ils sont : mafieux comme les autres mais en pire.

    Zeidan

    14 h 19, le 20 octobre 2021

  • Déjà qu’il sorte de son bunker à 40 mètres sous terre avant de menacer les autres. Ce peureux de catégorie 1 ferait à peine peur à un gosse de 5 ans ne serait ce sa tronche, ses cris et son index levé

    Lecteur excédé par la censure

    13 h 38, le 20 octobre 2021

  • PAS QUESTION. IL NE PEUT RIEN FAIRE. LE CPL C,EST DU PASSE, C,EST LE CON-PLICE DES MERCENAIRES ET DE L,IRAN ET LEUR A SERVI ET SERT ENCORE DE PARAVENT. LES CHRETIENS VEULENT DES PARTIS CHRETIENS LIBANAIS. LA DIASPORA DE MEME. PLUS D,EMIGRATION CHRETIENNE A CAUSE DE LA TRINITE DIABOLIQUE DU MAL DONT LES BELIERS BISCORNUS INFERNAUX DU CPL EN FONT PARTIE. STOP ! ELLEZ VIVRE EN IRAN.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 57, le 20 octobre 2021

  • ..."100K combatants Libanais et autres".... qu'il libère les Fermes de Chebaa...

    Jack Gardner

    10 h 57, le 20 octobre 2021

  • Saint Hassouna de Téhéran, avec son action milicienne ratée et son attaque médiatique encore plus catastrophique a dédoubler le nombres de députés que les FL et les forces souverainistes Chrétiennes auront aux prochaines élections. Je ne considère même pas le succès auprès des Sunnites, Druzes et Chiites qui en ont marre des élucubrations et actions mafieuses et voyous des miliciens du parti de Dieu. Ce dernier nous mène directement vers la guerre car il ne remettra jamais ses armes s'il n'arrive pas a son but ultime qui est la république islamique du Fakih que rejette les 75% du peuple Libanais.

    Pierre Hadjigeorgiou

    10 h 42, le 20 octobre 2021

  • Malgré une descente aux enfers économique , une explosion quasi nucléaire, les libanais s’en remettent encore aux anciens chefs de guerre ! On parle de Geagea comme d’une alternative, quelle tristesse ! Un criminel au passif lourd… Aucune liste civile et laïque ne sort du lot, seul espoir qu’un jour les choses changent dans ce « pays »… Le problème du Liban, ce n’est ni le Hezbollah, ni Aoun, ni Geagea, c’est les libanais eux-mêmes…

    EL RIZ Mohamed

    10 h 14, le 20 octobre 2021

  • En 2022 il y aura un raz de maree FL

    HABIBI FRANCAIS

    08 h 32, le 20 octobre 2021

  • Donc il peut alors retourner ces armes sur les libanais et les traiter comme il traite l’ennemi … à bon entendeur …

    Bery tus

    06 h 47, le 20 octobre 2021

  • Toutes les accusations qu'il a lancé, se retournent contre lui. Pas besoin de détailler.

    Esber

    06 h 39, le 20 octobre 2021

  • NASRALLAH EST TOMBE DANS LE PIEGE, SES PAROLES ET ACTIONS VONT CONDUIRE A UNE GUERRE CIVILE INEVITABLE QUI SCELLERAIT LA FIN DE SON ORGANISATION IRANIENNE AU LIBAN ET DANS LA REGION.

    LA LIBRE EXPRESSION

    00 h 15, le 20 octobre 2021

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