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Politique - Éclairage

Beyrouth peut-il s’arrimer à l’axe Le Caire-Amman-Bagdad ?

Si plusieurs coopérations d’ordre économique peuvent voir le jour, le contexte géopolitique ne permet pas une intégration plus poussée du Liban.

Beyrouth peut-il s’arrimer à l’axe Le Caire-Amman-Bagdad ?

Le Premier ministre, Nagib Mikati, reçu par le roi Abdallah II de Jordanie. Photo ANI

Ce n’est pas un hasard si le Premier ministre Nagib Mikati a effectué sa première visite diplomatique à Paris. Il s’agissait pour les deux parties de prouver que « l’initiative française » n’est pas morte. Ce n’est pas non plus un hasard si le premier responsable étranger à s’être déplacé à Beyrouth une fois le nouveau gouvernement formé a été le Premier ministre jordanien, Bicher Khasawné. Il s’agissait d’envoyer un message fort au Liban et de le rapprocher du nouvel axe Le Caire-Amman-Bagdad, qui a l’avantage de ne pas être complètement aligné ni sur l’Iran ni sur l’Arabie saoudite. Les pays du Golfe, Arabie saoudite en tête, ont décidé de ne plus s’impliquer au Liban, considérant que le pays est sous la coupe du Hezbollah.

La nature ayant horreur du vide, et le pays du Cèdre ayant absolument besoin d’un soutien arabe, celui-ci est venu de l’Égypte, de la Jordanie et de l’Irak. Le Caire a en effet joué le rôle de parrain sunnite tout au long du processus de formation du gouvernement, d’abord avec Saad Hariri puis avec Nagib Mikati. Mais c’est surtout dans le domaine énergétique que les nouveaux amis du Liban se sont démarqués, alors que le pays du Cèdre est en proie à de fortes pénuries de carburant. D’abord avec la signature, en juillet, d’un accord avec l’Irak, prévoyant l’importation d’un million de tonnes de pétrole, devant alimenter les centrales électriques du Liban. Ensuite, avec un deal avec Amman, Le Caire et Damas, avec feu vert américain, pour importer du gaz égyptien et de l’électricité de Jordanie via la Syrie. Le ministre de l’Énergie, Walid Fayad, s’est d’ailleurs rendu ces derniers jours au Caire et à Amman pour mettre en place un plan de travail et un calendrier pour la restauration des lignes à haute tension reliant la Jordanie à la Syrie. Nagib Mikati s’est rendu pour sa part dimanche dans le royaume hachémite, où il a été reçu par le roi Abdallah II qui l’a assuré du « soutien constant du royaume au Liban ».

« Sissi n’est pas Nasser »

Profitant d’une période de trêve relative dans la région, l’Égypte, la Jordanie et l’Irak ont intensifié leur coopération ces derniers mois dans les domaines de la sécurité, de l’énergie et du commerce. L’Égypte, pays le plus peuplé du monde arabe et le plus puissant militairement, est en quête de reconnaissance et souhaite peser de nouveau dans la région. État exportateur de gaz en Méditerranée, il cherche de nouveaux partenaires régionaux et souhaite contrer l’influence de l’Iran et de la Turquie dans le monde arabe. La Jordanie veut se démarquer de ses voisins du Golfe qu’elle accuse, en particulier l’Arabie saoudite, d’avoir joué un rôle dans le coup d’État avorté en avril 2021. Amman tente de se repositionner dans la région, notamment à la suite des accords d’Abraham qui n’en font plus un acteur indispensable du rapprochement israélo-arabe. En Irak, le Premier ministre Moustapha al-Kazimi essaye pour sa part de trouver un équilibre entre l’influence croissante de l’Iran et la nécessité pour le pays de renouer des liens avec le monde arabe.

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Dans ce contexte, les accords signés entre les trois pays sont principalement d’ordre économique. Randa Slim, directrice de programme au Middle East Institute abonde, dans ce sens : « À l’heure actuelle, il s’agit d’une entente tripartite entre des économies qui font face à de nombreux défis. Cette alliance est basée sur la complémentarité de leurs besoins et productions. » Beyrouth a intérêt, sur le plan économique, à s’arrimer à cette alliance. Mais celle-ci aura du mal à changer la donne au niveau politique, sans le soutien des pays du Golfe. Joe Macaron, chercheur résident à l’Arab Center Washington (ACW), ne voit pas se dessiner un axe qui pourrait à terme intégrer le Liban politiquement. « Il ne faut pas revenir dans le passé et Sissi n’est pas Nasser. Un projet politique compliquerait énormément les choses, nous avons besoin d’une stratégie de petits pas afin de pousser l’intégration mutuelle des économies régionales, ce qui est très positif », analyse-t-il.

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Au Levant, les obligés de l’Iran, et particulièrement le Hezbollah, ne laisseront pas cet axe grandir s’il tente de limiter son influence géopolitique. « Vu le pouvoir politique du Hezbollah, il ne paraît pas probable que le Liban se rapproche de cet axe qui est avalisé par Washington pour contrer l’Iran dans la région », affirme Joe Macaron. Même sur le plan économique, les « nouveaux amis » du Liban n’ont clairement pas les moyens des anciens. « Cette alliance ne pourra pas remplacer les mannes financières dont disposent les pays du Golfe. Ces pays peuvent aider le Liban dans des domaines de coopération spécifique mais ça n’ira pas plus loin que cela », décrypte Randa Slim. Le Liban ne peut pas compter sur eux pour obtenir des aides structurelles, seul moyen de relancer son économie à court terme. Il ne peut pas non plus espérer, dans le contexte géopolitique actuel, une intégration économique très poussée, puisque celle-ci passerait nécessairement par la Syrie, qui reste sous la menace de la loi César.

Ce n’est pas un hasard si le Premier ministre Nagib Mikati a effectué sa première visite diplomatique à Paris. Il s’agissait pour les deux parties de prouver que « l’initiative française » n’est pas morte. Ce n’est pas non plus un hasard si le premier responsable étranger à s’être déplacé à Beyrouth une fois le nouveau gouvernement formé a été le Premier...

commentaires (2)

cet axe le voudrait il seulement qu'il n'en aura pas les moyens de remplacer la mise en hypothèque du Liban pour le compte iranien, Impossible tant que notre pays est gouverne par hezbollah dont l'allie indefectible n'est autre que le pres. de la republique. seule autre option(qui n'en est pas une pour notre pays), serait que la syrie remplace l'iran.... attendre la suite de la partie d'echec jouee a plus d'un partenaire/adversaire

Gaby SIOUFI

10 h 25, le 12 octobre 2021

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Commentaires (2)

  • cet axe le voudrait il seulement qu'il n'en aura pas les moyens de remplacer la mise en hypothèque du Liban pour le compte iranien, Impossible tant que notre pays est gouverne par hezbollah dont l'allie indefectible n'est autre que le pres. de la republique. seule autre option(qui n'en est pas une pour notre pays), serait que la syrie remplace l'iran.... attendre la suite de la partie d'echec jouee a plus d'un partenaire/adversaire

    Gaby SIOUFI

    10 h 25, le 12 octobre 2021

  • UN AXE A TROIS VITESSES. PEUT-ON S,Y JOINDRE COMME 4EME VITESSE ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 36, le 12 octobre 2021

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