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Sport - Football / Mondial 2022 – Qualifications zone Asie

Le Liban forcé de jouer à l’extérieur pour cause de terrains en décrépitude

La Cité sportive Camille Chamoun, réaménagée après la fin de la guerre civile, a été de nouveau rendue désuète par l’explosion d’août 2020 au port de Beyrouth. Et les autres sites sportifs du pays ne sont pas en meilleur état.

Le Liban forcé de jouer à l’extérieur pour cause de terrains en décrépitude

La Cité sportive Camille Chamoun, détruite par les forces israéliennes durant la guerre civile puis réhabilitée après, a été de nouveau endommagée par l’explosion au port de Beyrouth. Aujourd’hui, elle sert de lieu de stockage des aides humanitaires affluant vers le pays. Anwar Amro/AFP

Autrefois terrain de renom accueillant certains des meilleurs sportifs de la planète, le plus grand stade de football au Liban est aujourd’hui un site négligé et désuet. Des chiens errent autour du stade tandis qu’à l’intérieur, des plafonds sont effondrés et des murs fissurés par des dégâts d’eau. Réaménagé après la fin de la guerre civile (1975-1990) avant d’être endommagé par l’explosion gigantesque du 4 août 2020 au port de Beyrouth, le stade n’est qu’un des nombreux sites tombés en désuétude au Liban. Les terrains sont si mal en point que l’équipe nationale de football a été contrainte de se rendre à l’étranger pour les qualifications à la Coupe du monde 2022. Le Liban jouera ainsi ce soir contre la Syrie sur un terrain de Amman, la capitale jordanienne.

Construite en 1957 et nommée d’après le deuxième président du Liban, la Cité sportive Camille Chamoun à Beyrouth a connu une brève période de gloire avant d’être détruite par les forces israéliennes durant la guerre. Après sa réhabilitation, le site a accueilli les Jeux panarabes de 1997, la Coupe d’Asie de football de 2000 et les Jeux de la francophonie en 2009. En 2017, le joueur brésilien Ronaldinho faisait partie de plusieurs stars internationales à fouler sa pelouse dans un match opposant les équipes légendaires du Real Madrid et du FC Barcelone. Toutefois, le stade a été endommagé par l’explosion au port, le rendant de nouveau inutilisable.

Une honte

L’explosion avait ravagé des quartiers entiers de la capitale, tuant plus de 214 personnes, en blessant des milliers et détruisant les grands silos à blé du port. Dans la foulée, les aides humanitaires ont afflué, dont des sacs de blé et de farine stockés à la Cité sportive.

« Le terrain sportif a été endommagé dans l’explosion (...). Nous devions trouver un terrain alternatif », affirme le président de la Fédération libanaise de football, Hachem Haïdar. Le choix est tombé sur la ville de Saïda, à quelque 40 kilomètres au sud de Beyrouth, dont le terrain nécessitait toutefois des travaux de réhabilitation. Le Liban devrait y affronter l’Iran le 11 novembre pour les qualifications à la Coupe du monde, puis les Émirats arabes unis dans un match retour le 16 novembre. En attendant que les travaux soient achevés, « nous sommes parvenus à un accord avec les fédérations des équipes adverses pour disputer les matches aller sur leur sol », relate Hachem Haïdar.

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Situé en bord de mer, le stade de Saïda est l’un des trois terrains à avoir accueilli la finale de la Coupe d’Asie de football en 2000. Comme d’autres terrains du pays peu ou pas entretenus par l’État, il s’est progressivement détérioré au fil des ans. En visite au Liban en 2018, le sélectionneur de l’équipe de Corée du Sud de football de l’époque, l’Allemand Uli Stielike, avait été choqué. « Vous appelez ça un terrain de football ? » aurait-il ironisé. Miodrag Radulovic, sélectionneur monténégrin de l’équipe du Liban de 2015 à 2019, a aussi déploré un jour l’état du stade municipal de Beyrouth, proche de la Cité sportive. « C’est une honte de jouer sur de tels terrains », aurait-il lancé. Quant au stade de Bourj Hammoud, également à Beyrouth, il ne convient même plus aux amateurs.

Budget infime

Pour éviter le coût d’entretien élevé des pelouses naturelles, les responsables des terrains de football y ont installé du gazon artificiel. Mais cela affecte la santé et la performance des joueurs, selon le capitaine de l’équipe nationale, Hassan Maatouk, et « raccourcit la carrière d’un joueur ». « Cette saison seulement, cinq (joueurs) ont subi une rupture des ligaments croisés dans les différents clubs », déplore ce footballeur de 34 ans qui évolue au quotidien au sein de l’équipe d’al-Ansar. Il accuse les gouvernements successifs d’avoir délaissé le secteur sportif.

Pour Riyad al-Cheikha, directeur de l’établissement public des sites sportifs, de jeunesse et de scoutisme, les terrains du pays ne sont pas convenablement entretenus depuis des années. « Les priorités du gouvernement sont ailleurs, dans d’autres secteurs », dit-il. « Le budget que nous obtenons est infime, il ne suffit même pas à couvrir le strict minimum », ajoute-t-il. La solution passe, selon lui, par l’injection de fonds privés, difficiles toutefois à trouver dans les circonstances actuelles de « crash économique et de pandémie ».

L’abandon des sites sportifs du pays découle enfin, et surtout, d’une corruption et d’un gaspillage endémique ayant gangrené tous les secteurs de l’État, de l’aveu même des membres des partis politiques au pouvoir.


Autrefois terrain de renom accueillant certains des meilleurs sportifs de la planète, le plus grand stade de football au Liban est aujourd’hui un site négligé et désuet. Des chiens errent autour du stade tandis qu’à l’intérieur, des plafonds sont effondrés et des murs fissurés par des dégâts d’eau. Réaménagé après la fin de la guerre civile (1975-1990) avant d’être...

commentaires (1)

si le stade s'appelait Hassane Nasrallah, Ou Khomeiny... Ou bien Haffez Al Assad, Il y aurait un budget faramineux!

Marwan Takchi

20 h 35, le 12 octobre 2021

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Commentaires (1)

  • si le stade s'appelait Hassane Nasrallah, Ou Khomeiny... Ou bien Haffez Al Assad, Il y aurait un budget faramineux!

    Marwan Takchi

    20 h 35, le 12 octobre 2021

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