Le réseau électrique gouvernemental au Liban était totalement en panne, en raison de l'arrêt de deux centrales suite à l'épuisement de leurs stocks de fuel, a annoncé samedi Electricité du Liban (EDL), alors que le pays souffre de graves pénuries, qui ont provoqué de nombreuses pannes similaires ces derniers mois.
La compagnie a annoncé dans un communiqué que le réseau électrique est totalement à l'arrêt, ce qui veut dire que le pays sera désormais plongé dans le noir, après l'arrêt des centrales de Zahrani (Sud) et Deir Aamar (Nord), leurs stocks de mazout ayant été épuisés. La capacité de production totale de courant est ainsi tombée sous les 270 MW, précise EDL. "Il est impossible pour le moment de rétablir le courant", a reconnu la compagnie. Selon la chaîne LBCI, l'office tente de rétablir le courant "manuellement", en l'absence d'un centre de commandement national, le siège principal de la compagnie, située rue d'Arménie à Beyrouth, ayant été entièrement endommagé par l'explosion meurtrière du 4 août 2020 au port de la capitale.
"Le réseau de production électrique libanais a complètement cessé de fonctionner aujourd'hui à midi et il est peu probable qu'il puisse être remis en fonction avant lundi prochain", a déclaré pour sa part un responsable libanais à Reuters, sous couvert d'anonymat.
EDL affirme dans ce contexte qu'une cargaison de fuel de catégorie A doit arriver samedi en soirée mais ne sera déchargée dans les centrales de Zouk (Kesrouan) et Jiyé (au sud de Beyrouth) qu'en début de semaine prochaine.
Une source au ministère de l'Energie a pour sa part indiqué à l'AFP que des efforts étaient déployés "pour trouver une solution au problème".
En soirée, samedi, EDL a affirmé avoir reçu 6 millions de litres de gasoil de la part de l’armée libanaise afin d’alimenter les centrales de Deir Aamar et Zahrani pendant trois jours. Ces quantités doivent assurer une production supplémentaire de 300MW, pour un total de 500 MW.
ll y a exactement une semaine, une panne générale avait déjà été signalée, alors que le réseau électrique risque de s'effondrer à tout moment en raison des pénuries et d'infrastructures défaillantes. Cette panne était intervenue deux jours après l'arrêt de la production d’électricité fournie par deux centrales flottantes louées à Karpowership, la filiale de l’opérateur turc Karadeniz Holding, une production qui assurait près du quart des capacités totales pouvant être mobilisées par EDL (autour de 1 800 MW selon l’organisme public). Mais leurs unités de production n’étaient presque plus mises à contribution depuis deux semaines en raison des problèmes d’approvisionnement d’EDL en carburant.
Le 23 septembre dernier, EDL avait déjà prévenu contre un risque de blackout total à partir de début octobre. Depuis la fin de la guerre civile libanaise en 1990, le réseau électrique public, largement déficient et dont les infrastructures sont dans un piteux état, coûte chaque année au Trésor des milliards de dollars, aggravant toujours plus la dette publique. Le pays, qui poursuit sa descente aux enfers depuis le début d'une grave crise à l'été 2019, n'a plus de liquidités suffisantes pour se procurer le fuel nécessaire au fonctionnement de ses centrales électriques, et les générateurs privés, qui prennent normalement le relais lors des périodes de rationnement du courant public, ne parviennent plus à se procurer du mazout en raison de la pénurie de carburant. Pour ne rien arranger, et faute de liquidités suffisantes, la Banque du Liban (BDL) a presque totalement levé ses subventions en place depuis deux ans sur les carburants et autres produits et matières de première nécessité. Cela a provoqué une flambée des prix de ces carburants.
Dans ce contexte, Le Liban a entamé, en août, des contacts avec l’Égypte, la Jordanie et la Syrie pour augmenter sa production d’électricité, à la suite de l’annonce de ce projet par les États-Unis, malgré les sanctions imposées au régime syrien dans le cadre de la loi César. Entre temps, les autorités continuent de miser sur des solutions à court terme, comme l'importation de fuel irakien.
commentaires (9)
Au liban tt est a l'arrêt y'a plus rien qui marche sauf bien sûr chez les ZOUHAMA qui profitent de la détresse des gens
Derwiche Ghaleb
17 h 04, le 10 octobre 2021