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Économie - Dans la presse

La BDL a caviardé un rapport alarmant du FMI, avec son accord, en 2016, selon la presse suisse

La même année, la banque centrale avait commencé ses opérations d’ingénieries financières.

La BDL a caviardé un rapport alarmant du FMI, avec son accord, en 2016, selon la presse suisse

Le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé. Photo d’archives JOSEPH EID/AFP/Getty Images

Le journal suisse Le Temps a rapporté hier que la Banque du Liban (BDL) et son gouverneur, Riad Salamé, avaient supprimé 14 pages issues d’un « rapport intermédiaire » (Financial Sector Assesment Program ou FSAP) élaboré en 2016 par le Fonds monétaire international (FMI) et qui « pointait l’immense faiblesse financière » du pays du Cèdre. L’Orient-Le Jour a pu faire partiellement confirmer cette information via deux sources bien informées.

Contactée, la BDL n’a pas encore réagi. Une troisième source indique que ces 14 pages n’avaient pas circulé en-dehors de la BDL à l’époque. Il n’est pas rare que la BDL édite ou supprime les passages du rapport intermédiaire que le FMI lui soumet dans le cadre des consultations annuelles de l’organisation au titre de l’article IV, qui organise son suivi de l’évolution du système monétaire international ainsi que des politiques économiques et financières de ses 190 pays membres. D’autant plus que le FSAP (Programme d’évaluation du secteur financier en français) est l’une des principales composantes de ce processus d’évaluation.

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Mais si les modalités de ces consultations ont été durcies en 2009 afin de renforcer la surveillance de la part du FMI dans le sillage de la crise financière survenue un an plus tôt, Le Temps suggère que ce garde-fou n’a pas fonctionné en ce qui concerne le cas libanais. « Le Fonds monétaire international s’est laissé faire et n’a pas tiré la sonnette d’alarme quand cela s’avérait encore possible », estime notamment le quotidien suisse, sans publier les 14 pages dont il est question mais en expliquant que leur contenu avait été succinctement évoqué dans le rapport définitif publié en janvier 2017. Une quatrième source proche de la BDL, interrogée par L’Orient-Le Jour, insiste, elle, sur la responsabilité du FMI qui « a consenti à laisser ces 14 pages critiques être supprimées ».

Déficit net de la BDL

Il reste que dans le rapport de janvier 2017 que L’Orient-Le Jour a consulté, le FMI fait toute de même sommairement mention des vulnérabilités du système financier libanais, dont les origines sont bien antérieures à 2016. Dans les pages 9 et 10, l’organisation cite notamment l’accumulation des déficits de la balance courante (le solde des flux monétaires entrants et sortants) du Liban sur les cinq ans à venir, anticipant un ratio annuel supérieur à 15 % du PIB sur cette période. Le FMI évoque aussi la forte exposition des banques à la dette publique dont le ratio n’était « que » de 138 % ou encore le fait que le marché secondaire des obligations d’État, qui aurait permis au Liban de diversifier ses sources de financement, n’était pas développé. Le Temps avance, pour sa part, un chiffre que « la Banque du Liban s’est toujours refusée à divulguer », à savoir le montant de son déficit net, qui était alors de 4,7 milliards de dollars, soit 10 % du PIB.

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« La BDL joue un rôle critique dans le maintien de la confiance (dans le secteur financier, NDLR) », énonçait encore le FMI dans ce rapport de janvier 2017, avant d’ajouter que l’impact des politiques qu’elle pouvait mettre en œuvre avait ses limites « sans ajustement budgétaire ». Fonctionnant sans budget depuis 2005, l’État libanais accumulait alors - comme il le fait encore aujourd’hui - les déficits publics avec notamment un record de 4,94 milliards de dollars en 2016, tandis que la croissance des dépôts bancaires était en train de ralentir (+5,17 % en 2016, contre +5,78 % un an plus tôt).

Cette même année la Banque centrale a réagi en menant la première d’une série d’ingénieries financières, des opérations visant à « à augmenter les avoirs en devises au Liban et assurer les liquidités nécessaires pour renforcer les bilans des banques et financer l’économie libanaise, dans sa composante publique et privée », selon des termes relayés en septembre de cette même année par Le Commerce du Levant. Il s’agissait, concrètement, d’une complexe opération d’échanges de titres de dette entre mai et août de cette année. Le gouverneur de la BDL avait détaillé les trois volets de l’opération dans un entretien accordé à L’Orient-Le Jour le 3 décembre 2016. Un mois plus tard, le FMI reconnaissait les vertus de l’opération, notamment le fait qu’elles avaient permis à la BDL de renflouer ses réserves de devises, tout en soulignant le risque présenté par l’accroissement de l’exposition des banques à la dette souveraine. Nombre d’experts ont, depuis, souligné le caractère risqué et peu orthodoxe de ces ingénieries financières.

Nouvelles négociations

Le Liban est enlisé depuis plus de deux ans dans une grave crise économique, classée parmi les plus violentes depuis les années 1850 par la Banque mondiale (BM). Avec une inflation à trois chiffres (137,75 % à fin août en glissement annuel, selon l’Administration centrale de la statistique) et une monnaie nationale dont la valeur est en chute libre, ce sont trois Libanais sur quatre qui se retrouvent désormais sous le seuil de pauvreté, indiquait l’Escwa début septembre. Le ratio dette/PIB avoisine les 300 % selon plusieurs estimations récentes, en attendant celles de la BM et du FMI qui doivent être publiées la semaine prochaine en marge des réunions d’automne des deux institutions. Alors que la parité officielle est toujours fixée à 1 507,5 livres pour un dollar, le billet vert s’échangeait jeudi matin contre plus de 18 500 livres. Quant à la carte d’approvisionnement, un mécanisme de distribution d’aides directes supposé venir en aide à plus de 500 000 ménages libanais en situation de précarité, elle n’est toujours pas mise en place, alors que cela fait plus de trois mois que les députés ont adopté la loi l’instituant.

Doté d’un nouveau gouvernement depuis le 10 septembre, soit 13 mois après la démission du précédent, le Liban s’apprête à redémarre ses négociations avec le FMI pour tenter de décrocher une assistance financière. Les réunions pourraient commencer en novembre, à en croire des déclarations du Premier ministre Nagib Mikati. Ces négociations avaient été initiées par l’exécutif précédent en mai 2020, soit deux mois après le défaut de paiement annoncé par l’État sur les titres de dette en devises émises par le Liban (les eurobonds). Elles avaient été interrompues en juillet suite à une levée de bouclier des banques, de la BDL et de certains députés qui avaient rejeté l’approche prise en compte dans le plan de redressement du gouvernement pour calculer et répartir les pertes du secteur financier – lesquelles se chiffrent en dizaines de milliards.

Le gouverneur de la BDL est lui ciblé depuis plusieurs mois par des enquêtes financières lancées en Suisse, en France et au Royaume-Uni.

Le journal suisse Le Temps a rapporté hier que la Banque du Liban (BDL) et son gouverneur, Riad Salamé, avaient supprimé 14 pages issues d’un « rapport intermédiaire » (Financial Sector Assesment Program ou FSAP) élaboré en 2016 par le Fonds monétaire international (FMI) et qui « pointait l’immense faiblesse financière » du pays du Cèdre. L’Orient-Le Jour a pu faire...

commentaires (11)

Bof ! nous en sommes pas a une saloperie de plus que la BDL aurait commise. la question a poser est plutot QUI parmi cette Crasse politique en avait ete au courant ?

Gaby SIOUFI

10 h 21, le 08 octobre 2021

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Commentaires (11)

  • Bof ! nous en sommes pas a une saloperie de plus que la BDL aurait commise. la question a poser est plutot QUI parmi cette Crasse politique en avait ete au courant ?

    Gaby SIOUFI

    10 h 21, le 08 octobre 2021

  • Décidément Monsieur Riad Salame a grugé tout le monde durant des années sauf bien entendu ses complices qui sont (dans le désordre) les politiciens, les banquiers, sa famille, ses très proches, ses proches … dans mon entendement de la Justice, il mérite la perpétuité pour tous ces méfaits

    Lecteur excédé par la censure

    10 h 08, le 08 octobre 2021

  • L’homme de l’année pendant des annees.

    Nour Georges

    22 h 03, le 07 octobre 2021

  • On est entouré soit de voleurs soit de criminels. Au choix.

    LeRougeEtLeNoir

    20 h 52, le 07 octobre 2021

  • je sais que mon commentaire ne va pas être publier, mais j'ai bien chercher dans le vocabulaire français des mots qui peuvent décrire ce personnage (Mr Salamé) j'ai trouvé que le mot DEGOUT

    Élie Aoun

    17 h 38, le 07 octobre 2021

  • si cela est avéré, il est le plus grand responsable, de la crise actuel, car il criait à qui veut l'entendre que tt va bien, il y a zéro pb quel enfoi....... j'ai envie de vomir, c'est une bouche d'égout qui pue le crime contre 4 millions de Libanais, le chef d'orchestre d'une bande de mafieux tfé

    Élie Aoun

    17 h 35, le 07 octobre 2021

  • Mr. Salame and his team largely responsible for this mess should be fired. We need a detailed and transparent audit and a new set of credible experts to take over BDL.

    Mireille Kang

    17 h 19, le 07 octobre 2021

  • Le FMI, à l'époque des faits présidé par une française, est responsable de la crise bancaire au Liban. Il serait même évident que le FMI avait caché la vérité depuis 2008 puisque les règles lui dictées dès cette année-là le devoir de transparence. Le Secret bancaire libanais n'était pas apprécié par les occidentaux et ils ont laissé exploser le système bancaire tout en se lavant les mains de la "sueur des fronts" des libanais. Le complot contre le Liban ne fait que de continuer et de perdurer encore aujourd'hui. Ya ayb al-choum !

    Shou fi

    17 h 12, le 07 octobre 2021

  • Avec des gens aussi corrompus on imagine mal comment le FMI osera aider encore le Liban .

    Antoine Sabbagha

    16 h 26, le 07 octobre 2021

  • Faussaires honorablement enrichis … hahahahaha Triste !’

    LeRougeEtLeNoir

    15 h 24, le 07 octobre 2021

  • Nous savions deja que les politichiens du pouvoir (Finances, Energie, TP etc...) et les dirigeants de la BDL et des banques etaient des menteurs, des voleurs et des canailles. Ce que l'on decouvre avec consternation c'est que le FMI etait complice. C'est sans doute pourquoi le chef de la delegation pour negocier avec le FMI en est un ancien cadre : le PSNS Saade Chami .....qui fait partie des suppletifs du Hezb....oppose a l'intervention du FMI !

    Michel Trad

    15 h 02, le 07 octobre 2021

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