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Lifestyle - Archéologie

Un temple romain émerge des ruines de Tyr

Le monument cultuel est situé dans le périmètre historique d’al-Mina, que les inscriptions grecques et phéniciennes décrivent comme une zone sacrée...

Un temple romain émerge des ruines de Tyr

Une des colonnes en granite rose qui ornaient le vestibule du temple. Photo Francisco J. Nunez

Une mission archéologique libano-espagnole-polonaise a mis au jour, début septembre à Tyr, au Liban-Sud, une structure massive remontant à l’époque romaine, identifiée comme un temple. Sa construction daterait d’environ 31 avant J-C à 193 après J-C, avec des transformations majeures vers 284 de notre ère, a expliqué Francisco J. Núñez, du Centre polonais d’archéologie méditerranéenne de l’université de Varsovie (PCMA UW), qui dirige les fouilles conjointement avec María Eugenia Aubet (université Pompeu-Fabra de Barcelone, Espagne), et Ali Badawi, responsable du Sud-Liban à la Direction générale des antiquités (DGA). L’édifice, dont l’entrée en gradins était décorée de dalles à motifs géométriques, se présente comme un plan rectangulaire orienté est-ouest. Il comporte un podium accolé à un mur de la cella ainsi qu’un vestibule flanqué de deux colonnes trouvées à proximité du site. Celles-ci sont en granit rose de huit mètres de haut et avaient été découvertes du temps de l’émir Maurice Chéhab.

L’édifice se dresse sur une plate-forme en calcaire massif et blocs de grès qui supportaient la lourde charge de la façade et, en particulier, celle des colonnes. La fouille a par ailleurs révélé une rue à portiques menant au temple, et perpendiculaire à une voie plus étroite où un sanctuaire a été identifié. Il s’agit d’une structure composée de deux pièces et d’une cour alignées suivant un axe nord-sud. L’une des pièces est ornée d’un relief égyptien représentant Isis allaitant l’enfant Horus dont le pouvoir guérisseur était connu sur la côte méditerranéenne.

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Francisco J. Núñez indique que le temple romain et la zone urbaine qui lui est reliée ont connu des modifications puis des dommages au début de l’époque byzantine. « Il avait été démonté et recouvert d’une plate-forme qui soutenait une monumentale basilique, détruite, avec une grande partie de la ville, par un tsunami au VIe siècle après J-C. »

Sur le site, des restes de ruines des périodes fatimides, croisés et ottomanes ont été également identifiés.

Dans cette zone, située dans la partie sud du promontoire comprenant la cathédrale médiévale, les bains, les arènes et le palestre, une équipe internationale, composée d’archéologues libanais, espagnols, polonais, italiens, portugais, français et grecs, a lancé des travaux en 2020 sur différents types de données, dont des vestiges et des structures archéologiques mis au jour dans les années 60 et 70 par la grande fouille de la DGA, sous l’autorité de l’émir Maurice Chéhab. Mais, du fait de la guerre civile, les excavations n’ont pas été publiées ou sont peu documentées. Aussi, l’expédition libano-espagnole-polonaise archéologique s’est penchée sur ces découvertes, pour les interpréter et mieux comprendre leur histoire et leur architecture.

La rue à portiques menant au temple romain. Photo Francisco J. Nunez

Une zone à caractère culturel

« Nous avons concentré nos efforts sur la zone de Tyr précédemment fouillée par l’émir Chéhab, afin de réétudier les restes des ruines et dans le but de reconstituer la stratigraphie du site, explique M. Núñez. Nous avons pour objectif de faire la lumière sur l’histoire et l’évolution de l’urbanisme de l’île au cours de l’Antiquité. Pour rappel, Tyr a été construite en grande partie sur une île réputée imprenable. Fondée selon la tradition en 2750 avant J-C, l’île tombe face à l’attaque d’Alexandre de Macédoine qui l’avait reliée au rivage en construisant une chaussée. Une ville grecque puis une ville romaine ont été bâties sur ce qui est maintenant devenu un promontoire. » « Cependant une grande partie des fouilles d’avant-guerre s’est concentrée sur les niveaux classique et médiéval, poursuit le codirecteur des fouilles. Nous avons vraiment très peu de preuves archéologiques des âges du bronze et du fer, alors que ce sont deux périodes historiques de grande importance, au cours desquelles Tyr était l’un des centres économiques les plus importants du monde méditerranéen. Or, notre connaissance de la ville antique est largement limitée à des aperçus de vestiges romains et byzantins qui sont aujourd’hui concentrés dans deux parcs archéologiques : sur les sites d’al-Bass et les basiliques. »

Pour mémoire

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Dans la zone actuellement explorée, les fouilles des années 1970 y ont révélé « des séquences stratigraphiques cruciales et des structures de toutes les époques qui ont besoin d’être interprétées », souligne encore l’archéologue. « En analysant les restes des ruines mis au jour, dont un nombre d’éléments architecturaux et des inscriptions grecques et phéniciennes, il a été évident que cette étendue avait un caractère sacré. » Les chercheurs pensent que de nombreux rituels et activités liés aux cultes auraient eu lieu ici. La preuve en est donnée par les structures de l’âge du fer exhumées récemment. « Ces structures se tiennent sur une plate-forme caractéristique des édifices sacrés. »

Une mission archéologique libano-espagnole-polonaise a mis au jour, début septembre à Tyr, au Liban-Sud, une structure massive remontant à l’époque romaine, identifiée comme un temple. Sa construction daterait d’environ 31 avant J-C à 193 après J-C, avec des transformations majeures vers 284 de notre ère, a expliqué Francisco J. Núñez, du Centre polonais d’archéologie...

commentaires (3)

Ali Khalil Badawi a publie un petit livre tres interessant sur Tyr et la region de Tyr. J'ai personellement la 2ieme edition de 2004 mais il existe une 4ieme edition de 2018. Publie par Al Athar Magazine. Ce que j'aime dans son livre c'est qu'il discutte de tous les tresors et points d'interets dans la region, Khan el Qasmieh, le sanctuaire de Al Qasem, Al Qleilah et le sanctuaire de Nabi Omran. Tyr et sa region m'a beaucoup impressione.

Stes David

15 h 10, le 05 octobre 2021

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Commentaires (3)

  • Ali Khalil Badawi a publie un petit livre tres interessant sur Tyr et la region de Tyr. J'ai personellement la 2ieme edition de 2004 mais il existe une 4ieme edition de 2018. Publie par Al Athar Magazine. Ce que j'aime dans son livre c'est qu'il discutte de tous les tresors et points d'interets dans la region, Khan el Qasmieh, le sanctuaire de Al Qasem, Al Qleilah et le sanctuaire de Nabi Omran. Tyr et sa region m'a beaucoup impressione.

    Stes David

    15 h 10, le 05 octobre 2021

  • ... "Un tsunami au VIe siècle après J-C." ... Pourquoi ne pas dire plus précisément: "le grand tremblement de terre et tsunami de Beyrouth de 551 après J.-C."? 30.000 personnes y ont trouvé la mort. Ce serait bien pour les libanais de commencer a mieux connaitre leur propre histoire, quand même...

    Mago1

    14 h 14, le 05 octobre 2021

  • On dirait que les bonnes nouvelles ne nous viennent plus que de notre histoire antique...

    Wlek Sanferlou

    01 h 08, le 05 octobre 2021

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