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Politique - Enquête / Port de Beyrouth

Bitar passe outre les menaces du Hezbollah et maintient les convocations

Le juge d’instruction près la Cour de justice a fixé de nouvelles dates d’audience aux députés et anciens ministres Ali Hassan Khalil, Ghazi Zeaïter et Nouhad Machnouk.


Bitar passe outre les menaces du Hezbollah et maintient les convocations

Le port de Beyrouth ravagé par la double explosion survenue le 4 août 2020. Photo d’archives AFP

Le Hezbollah semble avoir décidé de passer à la vitesse supérieure dans ses tentatives de faire pression sur le juge d’instruction chargé d’enquêter sur la double explosion au port de Beyrouth, Tarek Bitar, qu’il a accusé à maintes reprises de politiser l’enquête, en contestant le bien-fondé de sa décision de poursuivre en justice des personnalités politiques et sécuritaires. Selon des sources judiciaires concordantes, le magistrat a reçu des menaces à peine voilées de la formation chiite.

« Nous pourrions te déboulonner. » Telle est l’essence du message parvenu à Tarek Bitar. L’information diffusée sur son compte Twitter par un journaliste de la chaîne LBCI, Edmond Sassine, a été confirmée à L’Orient-Le Jour par ces sources.

« Le Hezbollah a envoyé au juge Bitar un message de menaces par l’intermédiaire de Wafic Safa (patron de la sécurité au sein du parti), dans lequel il lui fait part de son “ras-le-bol’’ », a écrit le journaliste. « Si les moyens légaux s’épuisent, nous allons te déboulonner », aurait averti le cadre partisan, toujours selon M. Sassine. « Ce n’est pas grave, quelle que soit la manière de m’extirper », aurait répondu M. Bitar. Une riposte qui n’est « pas surprenante », commente pour L’OLJ un juge, affirmant que son confrère n’est pas du genre à se laisser intimider. « Sa priorité est de faire paraître la vérité coûte que coûte, avec pour armes les moyens légaux dont il dispose », ajoute le magistrat interrogé.

L'éditorial de Issa Goraïeb

Confiance, disent-ils...

Ce n’est pas la première fois que le Hezbollah tente d’exercer une pression contre le juge d’instruction. Le secrétaire général du parti chiite, Hassan Nasrallah, avait critiqué en juillet son action, évoquant « une politisation du dossier », avant de lui demander de « clôturer la partie technique de son investigation ». Une requête vraisemblablement faite en vue de faire prôner la thèse de l’accident dû à une négligence, au détriment de l’hypothèse d’un acte de sabotage ou d’une attaque israélienne. Car le Hezbollah est pointé du doigt : d’aucuns estiment que le stock de nitrate d’ammonium à l’origine de la double explosion était sous son contrôle et destiné à être expédié au régime syrien de Bachar el-Assad pour être utilisé dans les attaques contre les rebelles et les populations civiles.

Revenant à la charge, Hassan Nasrallah avait réitéré ses accusations de politisation au lendemain de la première commémoration de la tragédie. Il avait alors demandé au juge d’instruction de « fournir des preuves pour étayer sa décision de convoquer et d’interroger des responsables », évoquant déjà l’option de le faire dessaisir du dossier. « Soit il doit travailler de manière claire, soit la justice doit trouver un autre juge », avait-il tonné.

Le message du Hezbollah ne serait pas parvenu à Tarek Bitar durant un face-à-face, selon des informations recueillies par notre journal, alors que d’autres médias rapportaient que Wafic Safa se serait rendu au bureau du juge, au Palais de justice.

Signe de la gravité de l’incursion flagrante du Hezbollah, le procureur général près la Cour de cassation, Ghassan Oueidate, a demandé hier au juge Bitar de lui dresser un rapport écrit sur les menaces de Wafic Safa. Le nouveau ministre de l’Intérieur, Bassam Maoulaoui, s’est contenté pour sa part d’affirmer ne pas être au courant des menaces dont ferait l’objet le juge Bitar, ajoutant que « l’instruction est secrète » et qu’il n’a « pas le droit de s’enquérir de sa teneur ».

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Après une nouvelle volte-face, Diab assigné à comparaître le 4 octobre

Le chantage du Hezbollah contre le magistrat est intervenu quelques heures après l’audience fixée lundi par le juge d’instruction pour interroger l’ancien chef de gouvernement Hassane Diab. Objet d’un mandat d’amener, celui-ci n’avait pas comparu. À noter également que la manœuvre tombe quelques jours après le mandat d’arrêt par contumace prononcé le 16 septembre contre l’ancien ministre Youssef Fenianos.

Opportunité

Malgré l’énorme moyen de dissuasion utilisé par le Hezbollah, Tarek Bitar a continué hier sur sa lancée, fixant de nouvelles dates d’audience aux députés et anciens ministres Ali Hassan Khalil (30 septembre), Ghazi Zeaïter et Nouhad Machnouk (1er octobre).

Les trois hommes font l’objet de poursuites qu’avait d’abord entamées le prédécesseur de M. Bitar, Fadi Sawan, lequel avait d’ailleurs été dessaisi du dossier suite à un recours judiciaire pour suspicion légitime présenté par MM. Zeaïter et Khalil, députés du mouvement Amal. Quelque temps après avoir accédé à son poste, Tarek Bitar avait demandé au Parlement de lever les immunités parlementaires de ces mêmes députés, sans toutefois obtenir gain de cause. La Chambre des députés se trouvait alors en session extraordinaire, du fait que l’ancien gouvernement était démissionnaire. Selon la Constitution, aucun membre de la Chambre ne peut pendant une session parlementaire être poursuivi ni arrêté pour infraction à la loi pénale sauf avec l’autorisation de la Chambre, à l’exception du cas de flagrant délit. Celle-ci en avait profité pour ne pas statuer sur la demande d’autorisation, réclamant à M. Bitar davantage d’indices pour compléter ceux qu’il avait mentionnés dans le document qu’il lui avait adressé. Mais ce dernier avait refusé, jugeant que le secret de l’enquête risquait d’être ainsi divulgué.

Hier donc, le juge a saisi l’opportunité du vote de confiance accordé au nouveau gouvernement par le Parlement, lequel est de facto hors session jusqu’à l’ouverture de sa session ordinaire, prévue le 19 octobre. Les députés peuvent durant cette période faire l’objet de poursuites pénales puisqu’ils ne bénéficient plus de leur immunité parlementaire.

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Mandat d’arrêt de Bitar contre Fenianos, qui compte contre-attaquer

Tarek Bitar ne semble pourtant pas au bout de ses peines. Le camp du chef du législatif Nabih Berry étudie les recours possibles contre la décision de convocation. De nombreux députés avaient d’ailleurs invoqué l’incompétence de la Cour de justice pour juger les anciens ministres, considérant que les faits reprochés à MM. Machnouk, Zeaïter et Khalil sont des manquements à leur devoir de ministres et relèvent donc de la Haute Cour chargée de juger les présidents et les ministres. « Nous étudions les solutions légales qui s’offrent à nous », affirme à L’Orient-Le Jour Kassem Hachem, député d’Amal. Il critique ensuite implicitement M. Bitar, assurant que « la Constitution et la loi ne sont pas des points de vue » et que les parlementaires se « conforment à la loi ». Il n’écarte pas dans ce cadre l’éventualité que les prévenus se présentent devant le juge pour lui présenter un recours quant à son incompétence. Les avocats de l’ancien ministre Youssef Fenianos avaient soumis à Tarek Bitar cette exception de procédure, mais ce dernier l’avait rejetée avant de décerner son mandat d’arrêt contre M. Fenianos.


Le Hezbollah semble avoir décidé de passer à la vitesse supérieure dans ses tentatives de faire pression sur le juge d’instruction chargé d’enquêter sur la double explosion au port de Beyrouth, Tarek Bitar, qu’il a accusé à maintes reprises de politiser l’enquête, en contestant le bien-fondé de sa décision de poursuivre en justice des personnalités politiques et sécuritaires....

commentaires (14)

La justice doit rester souveraine. HN et son Hezbollah n’arrêtent pas de la matraquer car ILS sont l’état. Aoun, basil sont silencieux tandis que Berry monte aussi au créneau…et ce foutu peuple libanais, que fait-il ?????????il reste silencieux et léthargique au lieu de descendre dans la rue par centaines de milliers pour défendre le juge Bitar qui mérite d’être soutenu à fond, mais j’ai peur que ça soit peine perdue, trois quarts de libanais sont complices de leurs zaims.

Karam Georges

21 h 39, le 22 septembre 2021

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Commentaires (14)

  • La justice doit rester souveraine. HN et son Hezbollah n’arrêtent pas de la matraquer car ILS sont l’état. Aoun, basil sont silencieux tandis que Berry monte aussi au créneau…et ce foutu peuple libanais, que fait-il ?????????il reste silencieux et léthargique au lieu de descendre dans la rue par centaines de milliers pour défendre le juge Bitar qui mérite d’être soutenu à fond, mais j’ai peur que ça soit peine perdue, trois quarts de libanais sont complices de leurs zaims.

    Karam Georges

    21 h 39, le 22 septembre 2021

  • Arrêtez de vous fatiguer … le Liban a été vendu par un accords entre les puissances occidentales et régional a l’axe de la moumana3a … les USA ont attendu que les libanais se réveillent et descendent par centaine de millier dans la rue RIEN DE C’EST PASSER ils sont donc passer à la vitesse supérieur … car ils ont la Chine maintenant dan Soeur ligne de mire je crois qu’il ne sert plus à rien de déblatérer

    Bery tus

    15 h 02, le 22 septembre 2021

  • Lorsque tous les protagonistes de cette affaires font mine de collaborer mais montent au créneau pour défendre leur ministres impliqués, il est clair qu’ils ouvrent un boulevard et donnent une légitimité à HN de refuser que ses acolytes répondent aux convocations et se présentent devant la plus haute autorité judiciaire et lui donnent ainsi le pouvoir de menacer et de harceler le juge en question. Ils sont tout autant coupables d’entrave à la justice que ce vendu à qui on facilite la mission de torpiller cette enquête et le déroulement de son exécution en refusant que leurs protégés obéissent aux lois de notre pays. Les libanais dans leur ensemble devraient se montrer solidaires de ce juge et toutes les familles endeuillés et se rassembler pour dénoncer la mainmise de ces mercenaires sur toutes les institutions étatiques et montrer leur ras le bol de cette mafia qui continue à bloquer toutes les issues de sauvetage de leur pays. Ce silence coupable des libanais donne des ailes au seul tortionnaire qui parce que armé croit pouvoir faire taire la souffrance et les voix qui s’élèvent pour rester maître de la situation avec des menaces suivis d’actes criminels sous le regard consenti de toute la population, sans parler de la lâcheté des députés et du président qui eux le font par pur intérêt personnel. Pour beaucoup moins que ça, d’autres peuples sont descendu dans la rue pour montrer leur attachement à leur liberté et leur justice parce que sans cela il n’y aurait de de pays.

    Sissi zayyat

    11 h 08, le 22 septembre 2021

  • Il en pense quoi Monsieur Aoun Michel dit président , au fait?? Assis sur son siège, en silence radio. C'est pourtant lui qui a couvert et couvre encore ce parti islamiste intergriste que la plupart de la communauté internationale surnomme de "terroriste" : reprise de ce que la planète répète, hormis les iraniens évidemment). Il en pense quoi alors le respectable et honorable Monsieur Aoun ? De son côté, la juge Ghada Aoun aussi?? Elle n'aurait pas des portes à défoncer du côté de la Dahiyé?? Alors?? Conseillers et lumières éteintes de Aoun / Bassile?? Vous êtes où chers alliés du parti pro iran ?? Yahooo...y a t il un pilote dans l'avion? Evidemment NON. Chut....Personne ne répondra efficacement en tout cas. Notez ceci Merci pour la publication

    LE FRANCOPHONE

    10 h 54, le 22 septembre 2021

  • et PAFFFF ! encore une gifle assénée par khamenai a notre pauvre nation. consequence de l'accord avec aoun, mar michael fev 2006. ET bien entendu la complaisance de certains medias, analystes, journalistes & decrypteurs mais aussi de Kellon : finir une fois pour toute-apres une 1er acte commis a baabda- de tout ce qui s'appelle JUSTICE

    Gaby SIOUFI

    10 h 27, le 22 septembre 2021

  • La justice est unanimement considérée comme un bien, une valeur à atteindre, et celui qui la pratique est dit juste ou vertueux.Malheureusement nos politiciens ne sont ni justes ni vertueux et les juges doivent à tout prix tout dénoncer.

    Antoine Sabbagha

    10 h 21, le 22 septembre 2021

  • Si le premier ministre met en adéquation ses intentions avec ses actes à venir, le juge Bitar pourra être tranquille, puisque Mikati a déclaré en substance lors d’une interview à une télé étrangère qu’il ne permettra à personne de freiner l’enquête pour découvrir les circonstances du crime et demander des comptes aux responsables… avec cela on est tranquille !!!!

    C…

    09 h 42, le 22 septembre 2021

  • On se doutait que c’est bien le Hezbollah qui de’tenait le nitrate mortel et que grace a sa main- mise totale sur l’appareil de l’Etat, tous les rapports alarmants y relatifs, e’manant de plusieurs services se’curitaires sont reste’s lettre morte. Qui d’autre que le hezbollah et le regime dictatorial syrien utilise pareil nitrate explosif ! Maintenant le doute n’est plus permis. Les menaces repetees de la milice sectaire armee au juge Bitar le designent sans appel, comme le responsable de la terrible catastrophe. Nasrallah ne nous a-t-il pas annonce ‘ que l’enquete devait aboutir a’ un simple accident et etre close ? Meme le chef de l’Etat a reconnu qu’il était au courant (deux semaines avant le drame !) mais que c’était trop tard pour lui de re’agir. Il est clair maintenant que tous les officiels savaient mais que par complicite’ ou couardise ils se sont tus. Que Dieu preserve le juge Bitar et qu’enfin les criminels soient juge’s !

    Goraieb Nada

    07 h 47, le 22 septembre 2021

  • Ne se rendent-ils donc pas compte, le Hezbollah et ses nombreux courtisans, ainsi que tous les autres "responsables" anciens et récents...que par leur comportement dans cette affaire...ils nous prouvent tout sauf leur innocence ? - Irène Saïd

    Irene Said

    07 h 39, le 22 septembre 2021

  • Que les hommes politiques essayent par tous les moyens de se dérober de la justice, c’est leur marque de fabrique. Mais que le Hezbollah menace le juge d’instruction prouve de façon flagrante leur implication directe volontaire ou involontaire dans l’explosion meurtrière et dévastatrice du 4 août

    Lecteur excédé par la censure

    07 h 05, le 22 septembre 2021

  • Dead man walking ….

    Robert Moumdjian

    01 h 22, le 22 septembre 2021

  • LE JUGE BITAR FINIRA COMME FALCONE ET BORSELLINO SUITE AUX MÉNASSES FORMULÉES PAR LE MAFIEUX WAFIC SAFA ? OU BIEN SERA PROTÉGÉ COMME C'EST PROTÉGÉE LA JUGE TIZIANA MACRI AUJOURD'HUI ? CETTE JUGE DÉCHIFFRE À MERVEILLE LA NOUVELLE MAFIA EN ITALIE. ENTOURÉE PAR PLUS QUE 200 POLICIERS QUI LA PROTÈGENT JOUR ET NUIT. HÉLAS LA MAFIA LIBANAISE EST NETTEMENT PLUS PUISSANTE. C'EST LE GOUVERNEMENT LUI MÊME.

    Gebran Eid

    01 h 18, le 22 septembre 2021

  • J,AI DEUX QUESTIONS. 1 - POURQUOI LE HEZBOLLAH NE VEUT PAS QUE BITAR BAVANCE. 2 - POURQUOI BITAR N,A-T-IL PAS COMMENCE PAR LE HEZBOLLAH. DANS SES DEUX REPONSES RESIDE TOUTE L,AFFAIRE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    00 h 33, le 22 septembre 2021

  • Je n'arrive pas à comprendre l'entêtement de ce juge de contrarier le Hezbollah, parti parfait où tous les représentants n'ont rien à se reprocher. De plus, des membres du parti Amal évoquent la constitution et la loi. Je ne savais pas qu'ils étaient au courant qu'il y avait une constitution et des lois au Liban. Enfin, les politiques n'ont jamais eu de comptes à rendre alors pourquoi changer cette vieille tradition? Le plus mignon dans cette histoire est le nouveau ministre de l'intérieur qui affirme avoir des informations mais n'est au courant de rien... Cela me rappelle quelqu'un prêt à aider dans une enquête sans le faire. Digne des plus grands hommes je vous le dis!

    Georges Olivier

    00 h 18, le 22 septembre 2021

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