Le président libanais, Michel Aoun, a affirmé mercredi "tout faire pour faciliter" la formation du nouveau gouvernement, attendu depuis près de treize mois dans un Liban en plein effondrement, démentant une nouvelle fois réclamer le "tiers de blocage" au sein de la future équipe. Si une partie détient le tiers de blocage dans le cabinet, la démission de ses ministres peut faire tomber l'équipe gouvernementale. Depuis des mois, le président Aoun dément toute volonté d'obtenir cette majorité, refusant toutefois de laisser le Premier ministre désigné, Nagib Mikati, nommer deux ministre chrétiens flottants au sein de sa future équipe.
Selon des propos rapportés par des visiteurs du palais de Baabda au site d'information al-Intichar, le président a affirmé que les contacts se poursuivent entre lui et Nagib Mikati, de manière directe et indirecte. Il a assuré "tout faire pour faciliter" la formation du cabinet et que des documents "vont et viennent" entre Baabda et la résidence du Premier ministre désigné. Ces moutures contiennent "des noms et des propositions qui sont soumis à des recherches, notamment ceux qui ont été fournis" par M. Mikati, a-t-il ajouté.
Interrogé sur le délai potentiel de la mise sur pied du cabinet, le chef de l'Etat a répondu à ses visiteurs que "ce qui compte, c'est qu'il y ait une volonté de former" la nouvelle équipe, soulignant sa détermination et celle du Premier ministre désigné à "travailler ensemble" à cet effet. Il a en outre réfuté une nouvelle fois toute velléité d'obtenir le tiers de blocage. "De nombreux communiqués ont déjà été publiés à ce propos. Le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, lui-même, a démenti cette volonté imputée à la présidence, mais ceux qui entravent les tractations l'utilisent comme excuse pour rejeter la responsabilité du blocage sur le chef de l'Etat", a affirmé le président Aoun. Il a souligné que le blocage des discussions était lié à la volonté de Nagib Mikati de nommer lui-même deux ministres chrétiens flottants dans l'équipe, alors que cela reviendrait normalement au chef de l'Etat afin de "remplacer le vide laissé par le refus du Courant patriotique libre (aouniste) et des Forces libanaises (de Samir Geagea) de s'impliquer" dans les tractations.
Médiation de Abbas Ibrahim
Le président Aoun a dans ce contexte remercié le directeur général de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, pour le rôle de médiateur qu'il joue depuis quelques jours entre Baabda et Nagib Mikati. Le général Ibrahim a désormais une "idée claire" de la situation et "sait où se situe le problème", a-t-il poursuivi.
MM. Aoun et Mikati ne se sont plus réunis depuis le 26 août. Certains médias avaient annoncé un nouvel entretien aujourd'hui entre les deux hommes, mais aucun rendez-vous n'a été prévu à Baabda. Et l'homme d'affaires tripolitain semble déterminé à ne pas se rendre au palais présidentiel que pour l'annonce de la formation du nouveau gouvernement et la signature du décret. Les tractations et médiations se poursuivent donc alors que le nouveau cabinet est très attendu pour faire face à la crise financière et socio-économique qui a poussé plus de 75% des Libanais sous le seuil de pauvreté en à peine deux ans.
Le chef de l'Etat a en outre démenti toute tension entre lui et le commandant en chef de l'armée, le général Joseph Aoun, estimant que ces informations avaient été fabriquées par la presse. Enfin, il a rejeté les accusations selon lesquelles il enfreignait les accords de Taëf (qui avaient mis fin à la guerre civile, 1975-1990) en organisant des réunions de travail avec des ministres ou en présidant de réunions du Conseil supérieur de défense. "Est-ce que je dois rester là à regarder les souffrances quotidiennes des gens alors que ceux qui devraient prendre leurs responsabilités restent inactifs et ne gèrent pas les affaires courantes comme ils le devraient ?", a-t-il rétorqué, dans une critique claire au cabinet sortant de Hassane Diab. Ce dernier refuse de réunir son gouvernement sous prétexte qu'il est démissionnaire et cette obstination l'a opposé à plusieurs reprises au chef de l'Etat qui avait réclamé des réunions gouvernementales sur différents sujets. "J'ai recours à tous les moyens qui me sont permis", a insisté le président Aoun.
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Un président qui se respecte et respecte son pays et ses citoyens n’a pas besoin des services d’un médiateur pour sauver son pays. Il est entouré de bras cassés qui sont infoutus de lui rédiger un discours digne de sa position. Il a l’air fatigué et il serait temps qu’il aille profiter de sa retraite même pas méritée auprès de ses proches et amis qu’ils l’ont massacré comme ils ont massacré ce pays et son titre pompeux avec.
Sissi zayyat
10 h 27, le 10 septembre 2021