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Moyen-Orient - ÉCLAIRAGE

Assad est-il de retour dans le jeu régional ?

Une rencontre quadripartite entre le Liban, la Syrie, la Jordanie et l’Égypte doit se tenir demain à Amman. Objectif : établir un plan de travail et un calendrier pour l’acheminement vers le Liban de gaz et d’électricité via la Syrie.


Assad est-il de retour dans le jeu régional ?

Le secrétaire général du Haut Conseil libano-syrien, Nasri Khoury (au centre), le ministre syrien des Affaires étrangères, Fayçal Mokdad (à droite), ainsi que des membres du gouvernement syrien s’entretiennent avec la délégation libanaise qui comprend les ministres libanais sortants des Finances Ghazi Wazni, des Affaires étrangères p.i. Zeina Acar, et de l’Eau et de l’Énergie Raymond Ghajar, à Damas, le 4 septembre 2021. Louai Beshara/AFP

Le Liban, porte d’entrée régionale ? Pour la première fois depuis le début du conflit syrien, des rencontres au sommet suggèrent que Bachar el-Assad pourrait se saisir de la crise voisine afin de parachever sa réinsertion sur la scène diplomatique. Premier élément en sa faveur : la visite, samedi dernier à Damas, d’une délégation libanaise conduite par la vice-présidente sortante du Conseil et ministre sortante par intérim des Affaires étrangères, Zeina Acar. Les responsables libanais étaient chargés de s’entretenir avec les autorités locales quant à la possibilité d’importer du gaz égyptien et/ou de l’électricité jordanienne via la Syrie. Il y a quelques semaines, l’administration américaine avait en effet approuvé un projet permettant d’approvisionner le Liban en électricité via le territoire syrien, dont le gouvernement est pourtant soumis à des sanctions dans le cadre de la loi César. Le second épisode de cette série doit se poursuivre demain à Amman. Les représentants égyptiens et jordaniens, en plus des délégations libanaise et syrienne, seront chargés d’établir un plan de travail et un calendrier pour l’acheminement de gaz vers le Liban, où « l’affaiblissement des institutions étatiques et la forte polarisation ont créé un terrain parfait pour que le régime de Bachar el-Assad se réinsère dans les affaires intralibanaises à l’aide d’une vieille méthode : semer la zizanie puis offrir ses services pour résoudre le problème », ironise Randa Slim, chercheuse et directrice du Conflict Resolution and Track II Dialogues Program au sein du Middle East Institute.

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Depuis plusieurs années, les reconquêtes territoriales du régime, les calculs géopolitiques, un certain pragmatisme et la soif de stabilité avaient amené plusieurs pays arabes à tendre la main au régime de Damas, contribuant à le réhabiliter en tant qu’interlocuteur fréquentable. En décembre 2018, Abou Dhabi procède à la réouverture de son ambassade à Damas après six années de rupture – suivie peu après par Bahreïn –, tandis que le président soudanais Omar el-Bachir était le premier chef d’État arabe à rencontrer son homologue syrien depuis le début de la guerre. À partir de là, d’autres pays, comme l’Égypte, Oman, l’Irak ou la Jordanie, ont assoupli progressivement leurs positions vis-à-vis de Damas, mais sans aller jusqu’à rouvrir leurs ambassades.

Des gages de bonne volonté

Sur le terrain militaire, « le gouvernement syrien a plus ou moins gagné la guerre, et les pays de la région s’adaptent », remarque Aaron Lund, chercheur associé à la Century Foundation. Mais les arguments ne sont pas les mêmes pour tous. Alors qu’Abou Dhabi tente de contrer l’influence turque dans la région, d’autres espèrent mettre fin à l’instabilité aux portes du pays et gérer l’afflux de Syriens – avec, en ligne de mire, un retour des réfugiés. Au Liban, en Irak ou encore en Jordanie, « les crises économiques favorisent la coopération – non pas parce que la Syrie serait un partenaire économique prometteur, mais parce que le pays reste malgré tout un voisin disposant d’une position centrale et contrôlant des routes de transit importantes », explique Aaron Lund.

Mais malgré ces avantages, la réintégration du régime reste en réalité très relative, partielle et controversée. « L’isolement, qui n’a jamais été vraiment complet, est clairement en train de se fissurer », admet Aaron Lund. « Mais il y a encore beaucoup d’hostilité entre Damas et certains pays arabes, en plus d’une pression occidentale visant à dissuader un rapprochement trop prononcé avec Bachar el-Assad », poursuit ce dernier.

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Certains pays, comme l’Irak ou les Émirats arabes unis, ont encouragé une réinsertion de la Syrie au sein de la Ligue arabe après sa suspension en novembre 2011. Mais tous ne sont pas prêts à offrir un chèque en blanc au régime. « Damas pourrait probablement surmonter certaines de ces réticences grâce à des gages de bonne volonté – la libération de prisonniers, des garanties de transparence ou des engagements quant au retour des réfugiés… Au lieu de cela, la diplomatie syrienne semble poursuivre sa ligne dure habituelle, exigeant de chacun qu’il se plie à son bon vouloir », remarque Aaron Lund.

Dernier élément ayant contribué à faire bouger les lignes, l’arrivée de Joe Biden à la Maison-Blanche participe de cette approche plus pragmatique. Jusqu’en 2021, la politique américaine vis-à-vis de Damas reste inflexible, entièrement tournée vers un régime de sanctions visant à couper l’herbe sous le pied du régime. En 2021 pourtant, le changement d’administration change la donne.

Pour mémoire

Le Liban pourrait-il faire les frais d’un rapprochement possible entre Damas et les pays du Golfe ?

« Les nouveaux responsables affirment certes régulièrement et de manière claire qu’ils ne normaliseront pas les relations avec Damas, observe Randa Slim, mais ils adoptent aussi en parallèle une approche moins dogmatique face aux tentatives arabes de réintégrer Bachar el-Assad. » À Washington comme dans d’autres capitales, les années ont passé et les priorités se sont déplacées : le dossier syrien n’est plus aussi brûlant que durant les mandats Obama et Trump. « Leur argument auprès des gouvernements arabes est le suivant : ne vous engagez pas de manière inconditionnelle ; tout engagement doit être soumis à la volonté de Damas de prendre des mesures tangibles et sérieuses en direction du respect de la résolution 2254 (résolution du Conseil de sécurité de l’ONU adoptée en 2015, et appelant à un cessez-le-feu et une résolution politique du conflit) », souligne cette dernière.

Le Liban, porte d’entrée régionale ? Pour la première fois depuis le début du conflit syrien, des rencontres au sommet suggèrent que Bachar el-Assad pourrait se saisir de la crise voisine afin de parachever sa réinsertion sur la scène diplomatique. Premier élément en sa faveur : la visite, samedi dernier à Damas, d’une délégation libanaise conduite par la vice-présidente...

commentaires (7)

DOMMAGE GRAND DOMMAGE POIUR SCARLETT. MS. KHOURI LUI A CHIPPE LA PRIMAUTE DE CETTE ANALYSE VITE FAIT !

Gaby SIOUFI

10 h 14, le 08 septembre 2021

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Commentaires (7)

  • DOMMAGE GRAND DOMMAGE POIUR SCARLETT. MS. KHOURI LUI A CHIPPE LA PRIMAUTE DE CETTE ANALYSE VITE FAIT !

    Gaby SIOUFI

    10 h 14, le 08 septembre 2021

  • Ça me dégoûte que cet ignoble président syrien revienne sur le devant de la scène....un président qu'on a qualifié de criminel de guerre, un personnage infâme...Franchement, la politique (régionale ET internationale) est carrément dépourvue de tout sens moral....

    marie-therese ballin

    03 h 05, le 08 septembre 2021

  • Vous avez eu à choisir entre le déshonneur est la guerre .. vous avez choisis le déshonneur alors vous aurez la guerre … Churchill « Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre, et finit par perdre les deux » B.Franklin

    Bery tus

    23 h 15, le 07 septembre 2021

  • D’un usurpateur à l’autre, pire l’un que l’autre nous ne sauverons pas notre pays des mains des mercenaires et des vendus tant que les libanais n’ont pas décider de libérer leur pays. Apparemment ils ne sont pas pressés de le faire.

    Sissi zayyat

    16 h 42, le 07 septembre 2021

  • Mais ouiiis! Et tout ça grâce au génie de la politique étrangère des USA. Merci oncle Sam

    Gros Gnon

    14 h 28, le 07 septembre 2021

  • ENTOURES QUE NOUS SOMMES PAR LES 2 PAYS LES PLUS "PERNICIEUX" QUI ONT JAMAIS EXISTE AU MO EST DEJA UNE PUNITION EN SOIT. UN POUVOIR AUSSI PERNICIEUX QUE LE NOTRE EN PLUS ? C'EST BEAUCOUP PLUS QUE NE PEUT ENDURER UN PAYS.

    Gaby SIOUFI

    09 h 43, le 07 septembre 2021

  • Ce projet d’acheminement de gaz et / ou d’électricité au Liban via la Syrie est un véritable cadeau empoisonné et une foutaise, autant que l’import de mazout iranien. Avec tout l’argent libanais que l’ennemi assadien a pillé depuis 50 ans, on aurait largement le nécessaire pour construire nos propres centrales et cesser ces dépendances à l’étranger. Et si Mr marionnette Aoun n’était pas le dhimmi des néo-safavides il aurait sans tardé signé un accord avec Israël pour partager l’exploitation des gisements en Méditerranée. Mr Biden qui parraine ce projet est aussi pathétique que Mr Macron et son « gouvernement de mission ». L’argent des saoudiens suffirait à remettre le Liban à flots en deux temps trois mouvements et pour cela il suffit d’un nouveau pouvoir libanais issu des prochaines élections qui prenne des mesures concrètes pour se distancier de l’Axe néo-safavide. Bien sûr l’Axe ne va pas se laisser faire et étant donné les liens si forts entre l’Axe et le présent pouvoir, distanciation veut dire confrontation et vraie révolution avec des têtes qui tombent et non pas « thawra » en vernis à ongles comme on en a trop connu. Et le quotidien des citoyens libanais finira par convaincre tout le monde que la survie du Liban demande cette vraie révolution libanaise. Pour pouvoir vivre dignement, ce n’est plus le rouge du vernis à ongle dont le citoyen libanais a besoin, c’est le rouge du sang des martyrs, par amour non de la mort mais du bien commun !

    Citoyen libanais

    07 h 14, le 07 septembre 2021

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