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Économie - Rapport

Au Liban, le taux de pauvreté atteint de nouveaux sommets, déplore l’Escwa

Les mohafazats du Akkar, de Nabatiyé, de Baalbeck-Hermel et de la Békaa affichent les plus grandes proportions d’habitants vivant sous le seuil de pauvreté multidimensionnelle.

Au Liban, le taux de pauvreté atteint de nouveaux sommets, déplore l’Escwa

Le taux de pauvreté s’est établi à 74 %, soit presque trois fois le niveau affiché en 2019 (25 %). Photo P.H.B.

Dans le sillage de la tragédie qui a frappé Beyrouth le 4 août 2020, et dans le contexte de la grave crise que vit le pays du Cèdre, la Commission économique et sociale des Nations unies pour l’Asie occidentale (Cesao-Escwa) rapportait que plus de 55 % de la population au Liban vivait désormais dans la pauvreté.

Alors que la crise, que la classe dirigeante semble toujours aussi disposée à laisser s’aggraver, a passé le cap des deux ans, cette proportion a atteint de nouveaux sommets puisqu’elle touche désormais pas moins de 74 % des personnes vivant au Liban, soit presque trois fois le niveau affiché en 2019 (25 %). Ce n’est là que l’un des enseignements du dernier rapport de l’organisation onusienne publié hier et intitulé « Pauvreté pluridimensionnelle au Liban : une réalité douloureuse et des perspectives incertaines ». Le pourcentage retenu concerne les personnes qui vivent avec moins de 14 dollars par jour – selon les critères retenus l’année passée. Une situation alarmante qui a poussé la secrétaire exécutive de l’agence onusienne, Rola Dashti, à réitérer hier son appel à « créer un fonds de solidarité sociale pour atténuer la crise humanitaire dans le pays ».Les auteurs du rapport ont également analysé l’évolution de la pauvreté au Liban à travers un autre outil, l’indice de pauvreté multidimensionnelle, qui prend en compte, en plus du revenu, le fait de ne pas avoir accès à certains services de base, à savoir l’éducation, la santé (accès aux soins, aux médicaments et à une assurance), les services publics (eau potable, électricité, ramassage des déchets et connexion à un réseau d’assainissement), l’immobilier (accès à un logement décent), une catégorie regroupant plusieurs services usuels (chauffage, accès à internet, moyen de transport, etc), ainsi que l’emploi et la salaire. Une personne peut ainsi être considérée comme pauvre si elle est privée d’au moins un de ces ensembles de services de base, même si elle gagne suffisamment de revenus pour y accéder. Au-dessus de deux ensembles de critères impactés, la personne est considérée comme vivant dans l’extrême pauvreté. Il suffit de ne pas avoir accès à l’une des composantes de chaque ensemble pour qualifier la privation.

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Selon cette méthodologie, 82 % de la population vivant au Liban (soit 4 millions de personnes selon l’Escwa) est donc considérée comme vivant sous le seuil de pauvreté multidimensionnelle, un taux qui a presque doublé par rapport à 2019 (42 %). Cela représente un million de ménages, dont 77 % sont de nationalité libanaise. Les auteurs du rapport sont partis sur une population de 4,88 millions de personnes, ce qui laisse supposer que les réfugiés n’ont pas été comptabilisés. Le total des ménages est, lui, estimé à 1,21 million. La hausse du pourcentage de personnes correspondant aux critères de pauvreté multidimensionnelle est principalement liée au fait que beaucoup de Libanais sont privés d’électricité et de médicaments. « Les personnes ayant les niveaux d’éducation les plus élevés, ainsi que celles ayant les taux les plus bas, ont maintenant des niveaux de pauvreté similaires », a commenté l’organisation.

Le taux d’extrême pauvreté multidimensionnelle a, lui, atteint 34 %, soit 1,65 million de personnes ou 400 000 ménages (la proportion de nationaux n’a pas été précisée à ce niveau). Cela laisse 210 000 ménages qui ne sont pas considérés comme étant pauvres, selon les critères de l’indice.

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L’Escwa fournit également la répartition géographique des ménages pauvres et extrêmement pauvres. Le Akkar (Liban-Nord), Nabatiyé (Liban-Sud), Baalbeck-Hermel et la Békaa (la partie Sud) sont les mohafazats qui comptent les plus grandes proportions de personnes considérées comme pauvres au sens de l’indice de pauvreté multidimensionnelle, avec des pourcentages tous supérieurs à 90 %. En termes d’extrême pauvreté, le Akkar affiche un taux de 51,5 %, juste devant les 49,3 % de Baalbeck-Hermel. Les taux les plus faibles dans l’une ou l’autre des catégories ont été enregistrés à Beyrouth (73 % pour la pauvreté et 28,9 % pour l’extrême pauvreté) et le Mont-Liban (respectivement 75 % et 26,5 %).

Hyperinflation inquiétante

Le Liban continue de s’embourber depuis 2019 dans la pire crise socio-économique de son histoire contemporaine et les Libanais ont vu leur pouvoir d’achat s’effondrer, les prix continuant de flamber en raison d’une dépréciation de la monnaie nationale de plus de 90 %. De plus, le pays est paralysé par des pénuries en série, alors que la classe politique, accusée de corruption et d’incompétence, ne semble pas pouvoir, ou même vouloir, trouver de solutions à la crise.

L’Escwa décrit la situation en évoquant des « chocs interreliés » qui « ont affecté le taux de change officiel de la livre libanaise qui est fixe depuis 1997 (1 507,5 livres pour un dollar, NDLR) (et) des pressions énormes provoquant une dépréciation de la monnaie ». Hier, la livre s’échangeait à plus de 18 000 livres sur le marché parallèle. D’autres taux de change existent aussi, tel celui de 3 900 livres pour un dollar réservé aux retraits en livres de dollars bloqués dans les banques via la circulaire n°151 de la Banque du Liban. « L’inflation a grimpé à 281 % entre juin 2019 et juin 2021 », a encore relevé l’Escwa.

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Selon l’organisation, « ces chocs combinés ont conduit à une détérioration significative des conditions de vie des Libanais et des non-Libanais, et à un dénuement généralisé ». « Sachant que la crise socio-économique inédite au Liban touche tous les segments de la société, les personnes ayant les niveaux d’éducation les plus élevés, ainsi que celles ayant les plus bas niveaux, enregistrent maintenant des taux similaires », déplore l’organisation. L’étude souligne également que le pourcentage des familles privées de soins de santé s’élève désormais à 33 % et celui des personnes incapables de se procurer des médicaments a augmenté de plus de la moitié (52 %). Parmi les autres données, l’Escwa relève que le taux de pauvreté multidimensionnelle des étudiants universitaires est de 63 %. Ce même taux est passé de 44 à 78 % chez les « personnes âgées ».

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« La solidarité et la coopération entre toutes les classes de la société libanaise sont nécessaires pour atténuer l’impact de la crise », a encore souligné Rola Dashti, qui encourage la mise en place de « régimes de protection sociale efficaces qui répondent mieux aux besoins des pauvres, en particulier ceux qui vivent dans une pauvreté multidimensionnelle extrême, et l’élargissement de leur champ d’action pour inclure les chômeurs ».

Dans le sillage de la tragédie qui a frappé Beyrouth le 4 août 2020, et dans le contexte de la grave crise que vit le pays du Cèdre, la Commission économique et sociale des Nations unies pour l’Asie occidentale (Cesao-Escwa) rapportait que plus de 55 % de la population au Liban vivait désormais dans la pauvreté.Alors que la crise, que la classe dirigeante semble toujours aussi...

commentaires (2)

LA PAUVRETÉ au Liban !!!! Bien sûr que cette classe politique corrompue est au courant de la situation catastrophique des libanais. Mais malheureusement ces ( politiciens) n’ont rien dans la tête, à part comment faire pour renflouer encore d’avantage leurs comptes en banque. Sachant qu’ils pourront jamais tout manger. La seule et unique solution est seulement dans les mains des libanais.

Elias

15 h 16, le 04 septembre 2021

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Commentaires (2)

  • LA PAUVRETÉ au Liban !!!! Bien sûr que cette classe politique corrompue est au courant de la situation catastrophique des libanais. Mais malheureusement ces ( politiciens) n’ont rien dans la tête, à part comment faire pour renflouer encore d’avantage leurs comptes en banque. Sachant qu’ils pourront jamais tout manger. La seule et unique solution est seulement dans les mains des libanais.

    Elias

    15 h 16, le 04 septembre 2021

  • je me demande si ces diverses instances internationales, de l'onu et autres envoyaient leur analyses et autres etudes aux crapules au pouvoir chez nous ? PS. mais oui je sdais bien leurs "conseillers" hirsutes et -preuves a l'appui - super competents les jetteraient vite fait aux poubelles : SURTOUT NE PAS EFFLEURER LA CONSCIENCE DE LEUR MAITRE- quoique impossible fussent de telles "resussites"

    Gaby SIOUFI

    11 h 18, le 04 septembre 2021

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