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Politique - Sécurité

Cinq militants syriens arrêtés à Beyrouth, craintes autour de leur expulsion vers la Syrie

Le lieu de détention de ces opposants au régime Assad reste entouré de flou. L’armée assure pour sa part qu’ils ont été interpellés pour entrée illégale au Liban.

Cinq militants syriens arrêtés à Beyrouth, craintes autour de leur expulsion vers la Syrie

Des réfugiés syriens quittant le Liban à Abboudiyé, lors d’une des campagnes de rapatriement organisées par la Sûreté générale. Photo d’archives de L’OLJ

Cinq activistes syriens originaires de Deraa ont été arrêtés la semaine dernière à Yarzé, près de Baabda, localité où se situent les locaux de l’ambassade de Syrie à Beyrouth. L’un d’entre eux a été interpellé mardi, tandis que les quatre autres ont été arrêtés vendredi, après s’être rendus à l’ambassade pour récupérer leurs passeports. Il s’agit d’activistes syriens, selon plusieurs sites d’informations libanais qui ont rapporté l’information, qui avaient dénoncé dans un premier temps un « kidnapping » opéré selon eux à l’intérieur de l’ambassade. Une information réfutée par l’ambassadeur de Syrie, Ali Abdel Karim Ali, puis par l’armée libanaise. Dans un communiqué publié samedi, la troupe affirme en effet avoir arrêté pour « entrée illégale au Liban » plusieurs Syriens, dont les initiales correspondent à celles des activistes cités par des sources de l’opposition syrienne. Le flou entoure toutefois le lieu de détention actuel de ces personnes et les militants pour les droits de l’homme craignent qu’ils ne soient expulsés ultérieurement vers la Syrie.

Les activistes arrêtés vendredi sont Ahmad Ziyad el-Eid, Ibrahim Majed el-Chamri, Mohammad Abdel Ilah Sleiman el-Waked et Mohammad Saïd el-Waked, selon le site d’informations Megaphone qui rapporte des informations obtenues auprès du journaliste et militant syrien Omar Hariri, basé à Deraa, une localité notoirement opposée au régime Assad et théâtre, ces dernières semaines, de violents combats. Des combats qui, en un mois, ont fait plus de 38 000 déplacés, en majorité des enfants, en l’espace d’un mois, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU. En vertu d’une nouvelle trêve négociée par la Russie, des dizaines de rebelles ont quitté Deraa al-Balad, grand quartier du sud de la ville éponyme tenu par d’anciens rebelles, ces derniers jours, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme.

Mardi, c’est le militant Toufic el-Hajji, un des anciens chefs d’une faction de l’Armée syrienne libre qui a été interpellé. Hajji était commandant de la brigade Foursan el-Ababil, active au nord de Deraa et au sud de Damas. Après que le régime eut repris le contrôle de ces zones, il est retourné à Jassim, sa ville d’origine, puis est devenu membre du comité central de la campagne du nord de Deraa. Le communiqué de l’armée mentionne l’arrestation d’une sixième personne, A.K., également interpellée pour entrée illégale au Liban, mais cet individu ne serait pas lié aux militants cités précédemment. « Quatre hommes originaires de Enkhel, dans le rif de Deraa, ont été kidnappés devant l’ambassade de Syrie, après l’enlèvement (mardi) de Toufic el-Hajji (...). Ces hommes se sont rendus à l’ambassade après avoir été convoqués sous prétexte de récupérer leurs passeports », a écrit Omar Hariri sur son compte Twitter vendredi dernier. D’après le site d’information al-Modon, les cinq activistes étaient arrivés au Liban le 18 août et avaient demandé des passeports auprès de l’ambassade de Syrie. Ils projetaient de se rendre au Kurdistan irakien, un espace accessible aux Syriens sans visa.L’ambassadeur de Syrie a, de son côté, démenti tout enlèvement. « Ces informations sont fausses. Personne n’a été enlevé à l’ambassade de Syrie », a affirmé le diplomate dans des propos accordés à une chaîne télévisée. « Il est sûr que personne n’est porté disparu depuis l’intérieur de l’ambassade. Nous sommes en contact avec les forces de sécurité libanaises afin d’obtenir des réponses », a-t-il ajouté.

Disparitions forcées ?

Concernant le lieu de détention des militants, l’armée précise dans son communiqué que les deux personnes arrêtées mardi, dont Toufic el-Hajji, ont été remises à la Sûreté générale. Mais aucune mention n’est faite de l’endroit où se trouvent les quatre autres. « Ce sont des Syriens qui sont entrés au Liban de manière illégale, c’est tout », s’est contenté de déclarer un responsable militaire contacté par notre publication-sœur L’Orient Today, sans plus de détails. Contacté par L’Orient-Le Jour, le directeur du Centre libanais pour les droits de l’homme (CLDH), Wadih Asmar, considère pour sa part que ces arrestations s’apparentent à des « disparitions forcées ». « Des avocats et activistes qui suivent le dossier ont appelé la Sûreté générale pour savoir si elle détenait les militants. On leur a répondu qu’aucun d’entre eux ne se trouvait dans les locaux de la Sûreté générale », raconte M. Asmar à L’Orient-Le Jour. Aucun commentaire n’a pu être obtenu hier auprès de la Sûreté générale. « Personne ne sait vraiment où se trouvent ces activistes à l’heure actuelle, ce qui nous pousse à parler de disparitions forcées », poursuit le directeur du CLDH, qui appelle à « une intervention du procureur général » pour faire la lumière sur cette affaire. « Nous craignons que ces personnes ne se retrouvent dans quelques mois en Syrie, où elles seront sans doute arrêtées », poursuit M. Asmar qui redoute que « les autorités libanaises ne les expulsent ou ne leur demandent de signer un papier où elles déclarent vouloir rentrer en Syrie de leur plein gré ». « Il y a eu des cas similaires par le passé où nous avons assisté à des départs mystérieux vers la Syrie, avant que les personnes qui étaient parties ne réapparaissent à Damas en état d’arrestation », ajoute-t-il. Cette affaire a suscité des réactions politiques au Liban. Le Parti socialiste progressiste a dénoncé une atteinte à « tous les us, lois et coutumes internationaux ainsi qu’à la souveraineté libanaise ». « Cela pose des questions sur tous les opposants syriens entrés au Liban après avoir fui les détentions, la torture et la mort », a estimé le PSP dans un communiqué. Il a demandé « ce que comptait faire la Sûreté générale à cet égard ». La Sûreté générale s’est, en réponse, défendue dans un communiqué de mettre des Syriens en danger. « Nos prérogatives aux postes-frontières se limitent à la vérification des documents de voyage (...). Tous les retours volontaires que nous avons organisés durant les dernières années se sont déroulés sans problème. Aucun Syrien rentré chez lui par le biais de ce processus parrainé par la SG et l’ONU au Liban n’a eu de problème », assure le texte.Le rassemblement de Saydet el-Jabal a, de son côté, mis en garde, dans un communiqué, contre le silence des autorités libanaises face à de tels abus, et dénoncé « des procédés dignes de gangs, bénéficiant d’une couverture diplomatique ».

Cinq activistes syriens originaires de Deraa ont été arrêtés la semaine dernière à Yarzé, près de Baabda, localité où se situent les locaux de l’ambassade de Syrie à Beyrouth. L’un d’entre eux a été interpellé mardi, tandis que les quatre autres ont été arrêtés vendredi, après s’être rendus à l’ambassade pour récupérer leurs passeports. Il s’agit d’activistes...

commentaires (4)

Les libanais aimeraient se réveiller un jour et peu importe les privations et la misère pour déclarer unanimement être fiers d’une seule de leurs institutions étatiques. UN VŒU PIEUX.

Sissi zayyat

11 h 36, le 30 août 2021

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Commentaires (4)

  • Les libanais aimeraient se réveiller un jour et peu importe les privations et la misère pour déclarer unanimement être fiers d’une seule de leurs institutions étatiques. UN VŒU PIEUX.

    Sissi zayyat

    11 h 36, le 30 août 2021

  • Si la "vaillante" (ou n'importe quel service) livre ces opposants au regime du boucher de Damas ce sera les condamner a une mort certaine sous la torture. En connaissance de cause.

    Michel Trad

    10 h 52, le 30 août 2021

  • L’armée remet 2 hommes à la Sûreté Générale et celle-ci est incapable de dire où ils se trouvent.. Vraiment le peuple qui a fait sortir l’armée assadienne en 2005 a commis l’immense erreur de ne pas demander un démantèlement complet de la Sûreté Générale car cette institution a trop gardé l’empreinte du collabo Jamil Sayyed. Quand on voit son chef actuel se dérober à la justice aux applaudissements de l’Axe du nitrate d’ammonium safavide, on comprend que cette institution fonctionne exactement comme sous Jamil Sayyed de sinistre mémoire. C’est tout simplement le cœur du pouvoir profond qui asservit le Liban à l’ennemi assadien au profit du projet néo-safavide, que ce soit via l’armée assadienne de 1990 à 2005 ou via le Hezbollah de 2005 à aujourd’hui.

    Citoyen libanais

    08 h 14, le 30 août 2021

  • CE NE SERAIT PAS UNE EXPULSION MAIS UNE EXTRADITION. S,ILS VEULENT EXPULSER DES SYRIENS CHEZ BACHAR IL Y EN A UN MILLION ET DEMI. S,ILS SONT DES HOMMES AVEC DES C... BIEN GARNIES QU,ILS LES EXPULSENT. TOUS LES LIBANAIS LE DEMANDENT DEPUIS DES ANS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    00 h 58, le 30 août 2021

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