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Nos Lecteurs ont la Parole

Un Occident en décrépitude. La guerre aux portes de la région ?

Le « thriller » de la politique extérieure américaine en Afghanistan se termine en queue de poisson. Il présage le retour à la case départ en Afghanistan et préfigure la suite de la politique naïve de l’administration Biden vis-à-vis de l’Iran. Cette administration croit au père Noël : elle cherche à résoudre les conflits avec des entités belliqueuses à travers la diplomatie. Elle oublie une évidence : ce qui détermine le cheminement et le résultat d’un processus politique, c’est le rapport de force, sachant que sa composante principale est la composante militaro-sécuritaire. Qui paie mal paie deux fois.

Vraisemblablement, l’épisode afghan de la politique de Biden qui a remis l’Afghanistan aux mains de talibans « mutants » en apparence va être suivie contre toute attente d’un épisode iranien qui étendrait l’emprise de la République islamique sur la région.

Les raisons de cette descente aux enfers de l’Occident sont structurelles :

1) La démocratie telle qu’elle est pratiquée actuellement. Les responsables étatiques des pays occidentaux sont élus au suffrage universel. Ils ont besoin d’argent pour être élus. Le grand capital mondialisé le leur procure. Conséquence : ils sont à son service. Qui donne ordonne. D’autre part, ils sont tributaires d’électeurs en grande majorité crédules, terre à terre, qui réagissent de façon épidermique aux évènements et qui ne comprennent rien ou peu aux défis stratégiques. Ces responsables peuvent donc s’adonner à cœur joie à pratiquer la politique extérieure de leur pays au gré de leurs intérêts personnels et dictée par leurs pourvoyeurs de fonds et leur électorat.

2) La faiblesse des démocraties face aux entités à pouvoir centralisé et stable. Ainsi, leur font face des acteurs dangereux : la Chine, la Russie, la République islamique d’Iran, et récemment l’Afghanistan des talibans « mutants », et plus généralement les courants islamistes, notamment les organisations jihadistes, aussi bien sunnites que chiites. Ces entités, qu’elles soient États ou organisations, sont dotées d’un pouvoir centralisé et concentré aux mains de dictateurs avec une durée de vie illimitée. Conséquence : ils possèdent généralement un projet politico-idéologique avec une stratégie à long terme et une dextérité tactique, contrairement aux démocraties. Les plus dangereuses parmi elles sont les entités idéologiques, et plus particulièrement les entités islamistes, et non pas la Chine qui conserve un régime en apparence communiste.

3) La minimisation du danger islamiste dans la perception occidentale, mais aussi dans la perception de la Chine et de la Russie.

Conséquence : déraillement préjudiciable à la sécurité, la stabilité et la paix internationales.

Dans un article publié dans L’Orient-Le Jour en date du 10 avril 2021, j’ai rappelé la conclusion d’un autre article daté du 30 juillet 2016, intitulé « Les débuts d’une troisième guerre mondiale pas comme les autres » :

« C’est la montée en puissance de la mouvance islamiste dans le monde qui livre une bataille qu’elle veut décisive pour conquérir le monde et le soumettre à la loi d’Allah. Dans les faits, cette mouvance islamiste initie une guerre mondiale différente des deux qui l’ont précédée.

« Face à cette menace globale qui guette toutes les populations non musulmanes et musulmanes modérées, la réplique ne peut être ni locale, ni partielle, ni réactive. Elle se doit d’être mondiale, globale et proactive.

« Autrement dit, elle exige impérativement la formation d’une alliance mondiale (États-Unis, Europe, pays occidentaux, Russie, Chine, Inde et pays musulmans à régime non islamiste) contre tous les mouvements et entités islamistes, et la mise en pause des divergences politiques et des contradictions entre les intérêts des uns et des autres… »

Sur le plan factuel, la décision de l’administration Biden de céder en toute connaissance de cause l’Afghanistan aux talibans « mutants » constitue un tournant dramatique dans la politique extérieure occidentale qui aura des retombées stratégiques directes sur l’Europe mais aussi sur les amis et alliés de l’Occident dans la région.

En réalité, les talibans ont changé de tactiques mais pas de nature : ils demeurent islamistes jihadistes jusqu’à la moelle ; le retour d’al-Qaëda et confrères est à prévoir ; dans un premier temps, une normalisation des relations avec la Chine, la Russie, l’Iran est à l’ordre du jour ; les talibans semblent s’orienter vers l’adoption d’un modus operandi quant à la façon de gouverner, calqué sur celui de la République islamique d’Iran (par exemple, la dualité « gardiens de la révolution/armée régulière » en Iran et « la milice des talibans/armée régulière » en Afghanistan).

Très vraisemblablement, et contrairement à certaines prévisions à Washington, je crois que dans un délai de deux mois au plus, l’accord nucléaire sera conclu du fait d’une fuite en avant de Biden qui ne peut pas faire machine arrière concernant les négociations de Vienne avant les élections de mi-mandat et parce que l’Iran est à une distance de quelques petites semaines avant d’avoir assez d’uranium enrichi qui lui permettrait de fabriquer une bombe atomique. D’un autre côté, l’Iran a absolument besoin de la levée des sanctions pour pallier les déficiences de son économie et pour booster sa vadrouille jihadiste dans le monde à partir de la région.

Je crois fermement que les questions des fusées balistiques et de l’expansion iranienne dans la région ne vont pas être à l’ordre du jour des négociations de Vienne.

Cette politique occidentale d’apaisement ne peut que déboucher sur une guerre destructrice, exactement comme la politique d’apaisement de Hitler pratiquée par le Premier ministre britannique Neville Chamberlain a conduit à la Seconde Guerre mondiale.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Le « thriller » de la politique extérieure américaine en Afghanistan se termine en queue de poisson. Il présage le retour à la case départ en Afghanistan et préfigure la suite de la politique naïve de l’administration Biden vis-à-vis de l’Iran. Cette administration croit au père Noël : elle cherche à résoudre les conflits avec des entités belliqueuses à travers...

commentaires (1)

JE ME DEMANDE POURQUOI ON OUBLIE QUE CE QUI SE PASSE EN AFGHANISTAN EST UNE REPETITION DE L'HISTOIRE DES GUERRES DEPUIS L'ETERNITE. POURQUOI LA SURPRISE? POURQUOI FAIRE DES THÉORIES ABRACADABRANTES ? "ONT NE PLUS FAIRE MIEUX, ON A ATTEINT NOS BUTS NON DECLARES" MECI AU REVOIR. PS. POURQUOI OUBLIE T ON QUE JOE BIDEN A CE JOUR NE FAIT QU'EXECUTER DES PLANS ETABLIS PAR SON PREDECESSEUR D TRUMP ?

Gaby SIOUFI

13 h 33, le 25 août 2021

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Commentaires (1)

  • JE ME DEMANDE POURQUOI ON OUBLIE QUE CE QUI SE PASSE EN AFGHANISTAN EST UNE REPETITION DE L'HISTOIRE DES GUERRES DEPUIS L'ETERNITE. POURQUOI LA SURPRISE? POURQUOI FAIRE DES THÉORIES ABRACADABRANTES ? "ONT NE PLUS FAIRE MIEUX, ON A ATTEINT NOS BUTS NON DECLARES" MECI AU REVOIR. PS. POURQUOI OUBLIE T ON QUE JOE BIDEN A CE JOUR NE FAIT QU'EXECUTER DES PLANS ETABLIS PAR SON PREDECESSEUR D TRUMP ?

    Gaby SIOUFI

    13 h 33, le 25 août 2021

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