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Culture - Cinéma

L’attente d’une mère en plans rapprochés, par Isabelle Mecattaf

« Beity », de la jeune cinéaste libanaise, a été retenu en compétition officielle dans le cadre du programme Short Cuts du Festival international du film à Toronto qui a lieu du 9 au 13 septembre.

L’attente d’une mère en plans rapprochés, par Isabelle Mecattaf

Julia Kassar a superbement personnifié l’attente d’une mère dans le film « Beity » d’Isabelle Mecattaf. Photo DR

« Là où je peux faire des films, je partirai », dit la jeune Isabelle Mecattaf qui est en train d’achever sa thèse en audiovisuel à New York. Son court-métrage Beity, fruit de sa seconde année d’études cinématographiques, vient d’être retenu en compétition officielle au Festival du film international de Toronto (TIFF). Auteure, réalisatrice et monteuse, elle avoue aimer ce triple exercice enrichissant : « Parce que j’ai l’impression d’écrire trois films à la fois. À l’écriture du scénario, c’est un premier film, mais au montage c’est une réécriture et au tournage une troisième lecture. C’est comme si j’écrivais avec plusieurs outils. » La jeune réalisatrice sait parfaitement ce qu’elle veut et où elle va. C’est elle seule qui a soumis son film à certains festivals et Toronto ne peut que la ravir, en répondant à son appel. Pour elle, ce court-métrage sélectionné aux Short Cuts a une touche certes libanaise mais universelle. « Je voudrais montrer au monde entier, contrairement aux clichés et aux stéréotypes qui circulent, que le Liban est comme tant d’autres pays. Nous avons les mêmes rêves, les mêmes appréhensions et les mêmes craintes du lendemain. » Ses références cinématographiques sont généralement ces figures de femmes fortes qui ont une vision spécifique et une puissance dans leur langage cinématographique. Et de citer Lynn Ramsay, Lucrecia Martel ou Nadine Labaki, dont elle admire le travail.

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Beity est un petit film de quatorze minutes qui a lieu dans un espace donné et précis, comme le titre l’indique. Il raconte la solitude dans laquelle sont plongés les parents alors que leurs enfants (et là il s’agit d’une jeune fille) sont à l’étranger. « Ses parents ont tout donné, tout sacrifié pour assurer une éducation plus que décente à leur fille, dont le parcours les rend, certes fiers, mais en échange, ils ne reçoivent aucune visite sujette à apaiser leur solitude », indique Isabelle Mecattaf. Le film est porté par la fabuleuse Julia Kassar qui donne cette dimension universelle à la figure de mère, si ce n’est abandonnée, du moins négligée par son enfant. Les multiples plans (en caméra 16 mm) où l’actrice est toujours présente et les différents angles ainsi que le lieu de tournage – une grande maison à Batroun – font parler l’image. « Comment expliquer l’attente d’une mère et son sentiment d’abandon par sa fille à travers l’image ? C’est cette question que je me suis posée dès le début, indique la cinéaste. La réponse est venue directement, personnifiée par Julia Kassar, cette actrice talentueuse et généreuse qui a été plus qu’une interprète dans le film. » Et d’ajouter : « C’est durant nos discussions et nos conversations en amont que le film s’est fabriqué en complicité avec elle. Elle savait les moments à répéter, la manière de les répéter et elle m’a souvent aidée à reconstruire des extraits du dialogue. Si elle est un personnage extraordinaire en soi, le reste de l’équipe n’en est pas moindre, à savoir Nawal Kamel, Mohammad Akl, Pierre Dagher, Marie Lou Nahas, Camille Mallat et Cathy Chami. Je suis très fière d’avoir fait ce travail avec eux. »

« Beyti », dont le montage a été long et dur, a un goût prémonitoire puisqu’il parle de l’exode des jeunes que le Liban vit à présent. Photo DR

Tourné en janvier 2019, ce film dont le montage a été long et dur a un goût prémonitoire puisqu’il parle de l’exode des jeunes que le Liban vit à présent. « Lorsque mon court-métrage a été projeté au cours du Beirut International Woman Film Festival, j’étais enthousiaste que l’équipe technique assiste avec moi à la première, mais j’ai réalisé que la réalité avait rattrapé le sujet du film. Ils étaient tous partis. Ils avaient quitté le pays. »

La jeune cinéaste planche à nouveau sur un scénario dont elle espère faire un long-métrage. Ce sera cette fois une comédie satirique qui parle des gouvernants comme les nôtres, qui utilisent leur pouvoir non pour diriger un pays, mais pour avilir un peuple. « J’aimerai faire ce long-métrage de fiction sur un ton absurde et non dramatique. »

En attendant, Isabelle Mecattaf attend la projection de son court-métrage qui se déroulera dans le cadre du programme du TIFF du 9 au 13 septembre. Un talent prometteur dont le public attend beaucoup de belles choses à venir.

« Là où je peux faire des films, je partirai », dit la jeune Isabelle Mecattaf qui est en train d’achever sa thèse en audiovisuel à New York. Son court-métrage Beity, fruit de sa seconde année d’études cinématographiques, vient d’être retenu en compétition officielle au Festival du film international de Toronto (TIFF). Auteure, réalisatrice et monteuse, elle avoue...

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