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Société - Solidarité

Soutien de la Fondation de France à plusieurs ONG libanaises

Depuis les explosions au port de Beyrouth, l’organisation a récolté trois millions d’euros au profit de personnes vulnérables toutes communautés confondues.

Soutien de la Fondation de France à plusieurs ONG libanaises

Axelle Davezac (à gauche) a visité les nouveaux locaux de l’association Warsh(ée) à Beyrouth. Photo Lucien Lung/ Fondation de France

Dans le secteur de Jisr el-Wati à Beyrouth, l’association Warsh(ée) (chantier) accueille des femmes en situation précaire désireuses d’apprendre un nouveau métier, celui de menuisier. C’est au lendemain des explosions au port, survenues le 4 août 2020, que l’ONG a commencé à mettre en place des cours de menuiserie et d’ébénisterie afin de répondre à la demande croissante en matière de mobilier, comme aux besoins de créer des activités génératrices de revenus, notamment pour les femmes. Grâce au soutien de la Fondation de France, une structure de mécénat privé, l’association inaugurera bientôt son nouvel atelier où du matériel neuf vient d’être entreposé en vue d’une inauguration officielle dans trois semaines.

Mariam, la cinquantaine, mère célibataire de quatre filles, entame son premier jour chez Warsh(ée) où elle compte apprendre l’ébénisterie. Cette mère de famille a perdu un œil au moment des explosions au port de Beyrouth alors qu’elle se trouvait chez elle, dans le quartier de Khandak el-Ghamik. Depuis, elle tente de s’occuper pour dépasser le traumatisme, mais aussi pour subvenir aux besoins de sa famille. « L’État ne m’a offert aucune compensation, raconte-t-elle. Ce sont des donateurs de l’étranger qui m’ont aidée à me faire opérer. Je veux travailler pour pouvoir m’occuper de mes filles. Je voudrais pouvoir, au moins une fois, ne pas leur refuser une demande. »

Quarante femmes se sont déjà inscrites pour une formation d’un an. La moitié d’entre elles viennent de Tripoli. « Quarante autres femmes sont sur la liste d’attente », se félicite Anastasia Elrouss, responsable du projet, soulignant que celui-ci a beaucoup évolué après la catastrophe du port. « Il y avait un besoin en termes de main-d’œuvre pour reconstruire la capitale, explique-t-elle à L’Orient-Le Jour. Le 4 août 2020 a changé le rôle des femmes. Il fallait les réintégrer dans le monde du travail. »

Des projets ancrés dans le territoire

Paula, la trentaine, est l’une des femmes qui bénéficient des cours de Warsh(ée) et qui ont trouvé dans la menuiserie un nouveau moyen de gagner leur vie. « Je travaillais dans une boulangerie et j’avais un salaire de 500 dollars. Depuis que j’ai perdu mon emploi, je suis devenue ébéniste, confie-t-elle à L’OLJ. Je vis désormais de ce métier. J’étais déjà habituée à tout faire, je réparais tout chez moi. »

Dans ce cadre, Anastasia Elrouss confie avoir eu droit, tout comme les apprenties, à de nombreuses réflexions sexistes, ce travail étant traditionnellement réservé aux hommes au Liban. « Nous avons eu beaucoup de mal à lancer nos activités à cause des préjugés, déplore la responsable. Mais aujourd’hui, les menuisières de Warsh(ée) vendent leurs produits à des ONG qui les utilisent pour remeubler les maisons détruites. Nous avons également des clients privés qui passent des commandes sur mesure, ce qui nous permet de payer les salaires des menuisières. Elles ont déjà fabriqué des chaises, lits et armoires pour 500 habitations de la capitale. »

Warsh(ée) est l’une des nombreuses associations que la Fondation de France finance depuis la catastrophe du port. Créée en 1969 à l’initiative de l’écrivain et ancien ministre français André Malraux et du général et ancien président français Charles de Gaulle, elle a pour objectif d’encourager et de gérer « des actions d’intérêt général », avance Axelle Davezac, directrice générale de la Fondation de France, en visite au Liban. « Nous sommes sur le terrain depuis les explosions du 4 août 2020 pour soutenir les petites ONG locales », poursuit-elle. « Nous avions récolté 3 millions d’euros du secteur privé au lendemain des explosions de Beyrouth, précise Mme Davezac. Nous avions le souci de faire bénéficier de notre aide des personnes vulnérables issues des différentes communautés. Par ailleurs, nous soutenons toujours des projets ancrés dans le territoire et portés par des acteurs libanais, car ce sont eux qui vont reconstruire le pays. »

Créer des activités économiques

Outre les locaux de Warsh(ée), Mme Davezac a effectué une tournée auprès d’autres associations soutenues par la Fondation de France afin de rencontrer les bénéficiaires. Elle a ainsi visité plusieurs quartiers de la capitale touchés par les explosions en compagnie de membres du centre de recherche Beirut Urban Lab qui gère l'Observatoire pour la reconstruction de Beyrouth. Elle a également rencontré de petits commerçants soutenus par al-Majmoua, une institution de microfinance qui accompagne des microentreprises prioritairement gérées par des femmes en situation de forte vulnérabilité. La directrice de la Fondation de France s’est également rendue auprès de l’association Sesobel qui procure un soutien aux enfants à besoins spécifiques et à leurs familles. Elle a également visité l’ONG Catalyctic Action qui travaille à l’aménagement d’espaces publics dans le quartier de la Quarantaine.

« Nous sommes là pour aider à la reconstruction et à la reprise économique, insiste Axelle Davezac. Plutôt que de rendre les gens dépendants des aides, nous créons des activités économiques. Nous offrons également un soutien psychologique, et un soutien à la culture et la jeunesse. Nous avons à cœur d’accompagner ces projets jusqu’au bout. Je crois que nous serons encore là d’ici à trois ans pour assurer le suivi. »

Revenant sur sa visite du quartier de Gemmayzé, la directrice de la Fondation de France confie avoir été « frappée par la rencontre de Libanais extraordinaires qui aiment leur pays et qui veulent y monter des projets malgré les difficultés ». « Par contre, un des commerçants nous a confié que s’il n’arrivait pas à le faire, il serait obligé de voyager en raison de la crise financière. C’est dommage » , déplore-t-elle.


Dans le secteur de Jisr el-Wati à Beyrouth, l’association Warsh(ée) (chantier) accueille des femmes en situation précaire désireuses d’apprendre un nouveau métier, celui de menuisier. C’est au lendemain des explosions au port, survenues le 4 août 2020, que l’ONG a commencé à mettre en place des cours de menuiserie et d’ébénisterie afin de répondre à la demande croissante en...

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