Rechercher
Rechercher

Moyen-Orient - Éclairage

Les enjeux de la visite de Yaïr Lapid au Maroc

Le chef de la diplomatie israélienne doit rencontrer aujourd’hui son homologue marocain, Nasser Bourita, au cours d’un déplacement inédit de deux jours dans le royaume chérifien.

Les enjeux de la visite de Yaïr Lapid au Maroc

Le chef de la diplomatie israélienne, Yaïr Lapid, le 5 juillet 2021. Menahem Kahana/AFP

Près de huit mois après la normalisation des relations entre l’État hébreu et le Maroc, c’est un voyage historique que doit effectuer le chef de la diplomatie israélienne, Yaïr Lapid, aujourd’hui à Rabat en vue de rencontrer son homologue marocain, Nasser Bourita. Officiellement annoncée peu après le lancement des premiers vols commerciaux entre les deux pays à la fin du mois dernier, il s’agit de la première visite d’un ministre israélien des Affaires étrangères dans le royaume. S’exprimant à ce sujet lors d’une réunion de son parti Yesh Atid (« Il y a un futur ») à la Knesset en juillet, Yaïr Lapid avait indiqué que « cette visite sera le point de départ d’accords touristiques et commerciaux, ainsi que d’une coopération économique et politique globale entre les deux pays ». « Après mon voyage au Maroc, le ministre Bourita viendra en Israël pour y ouvrir un bureau de représentation », avait-il ajouté.

S’étalant sur deux jours, ce déplacement inédit marque une étape supplémentaire dans les rapports entre Israël et le Maroc, quatrième État arabe à établir des relations diplomatiques avec l’État hébreu en décembre dernier après les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Soudan sous l’impulsion de l’administration américaine de Donald Trump. Perçue comme une victoire diplomatique, la normalisation de leurs liens s’était alors accompagnée en contrepartie de la reconnaissance par Washington de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental – territoire disputé avec le mouvement indépendantiste Polisario depuis le départ des autorités coloniales espagnoles.

Lire aussi

Arrivée à Marrakech de centaines de touristes israéliens, sept mois après la normalisation

Alors que Washington a clairement affirmé qu’il ne compte pas revenir sur cette décision, Israël et le Maroc seraient désormais en négociations pour changer le statut de leurs bureaux de liaison diplomatique en ambassades, selon des sources citées en juillet par le site d’informations américain Axios. Seulement quelques semaines après l’inauguration de l’ambassade israélienne aux EAU en présence de Yaïr Lapid, cette nouvelle initiative pourrait être annoncée au cours de la venue du chef de la diplomatie israélienne au Maroc. « Cette visite revêt une importance symbolique et stratégique pour Israël – sa relation avec le Maroc n’est plus secrète, comme elle l’était au cours des quatre dernières décennies », explique Yasmine Abouzzohour, chercheuse à Harvard et à l’institut Brookings. « Israël accroît ses partenariats publics dans toute la région – au-delà de ses partenaires traditionnels – et tente de réhabiliter son image dans la région en tant qu’État capable de forger des liens positifs avec les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord », poursuit-elle.

Consolider les liens

La rencontre entre MM. Lapid et Bourita intervient en outre quelques semaines seulement après les révélations fracassantes du consortium Forbidden Stories et de seize médias internationaux selon lesquelles le Maroc a eu recours au logiciel d’espionnage Pegasus développé par la compagnie israélienne NSO pour surveiller, entre autres, des journalistes, des membres de l’entourage de Mohammad VI ou encore le président français Emmanuel Macron. Des accusations fermement réfutées par le royaume et l’État hébreu, tandis que le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, s’est rendu à Paris à la fin du mois de juillet dans l’objectif d’apaiser les tensions diplomatiques.

Pour mémoire

La technologie israélienne à l’assaut de la dissidence dans le monde arabe

Si Rabat et l’État hébreu entretenaient déjà des relations en coulisses ces dernières décennies, notamment dans les domaines économique, commercial et sécuritaire, cette année a été marquée par une accélération assumée de cette dynamique. Alors que le potentiel des échanges commerciaux entre les deux pays est estimé à 500 millions de dollars par an, des groupes de travail chargés de plancher sur la consolidation de leurs rapports dans divers secteurs ont été mis en place en janvier tandis que les deux pays ont signé un accord de partenariat stratégique en mars en vue de renforcer leur coopération économique et commerciale. À la mi-juillet, la signature d’un premier accord de cyberdéfense était annoncée dans le sillage de la visite à Rabat du directeur général de la cyberdirection israélienne, Yigal Unna. L’État hébreu et le royaume marocain tablent par ailleurs sur le développement du tourisme entre les deux pays, facilité par l’établissement de lignes directes entre Tel-Aviv et Marrakech en juillet et avec Casablanca prochainement. Si le Maroc accueillait déjà quelque 50 000 à 70 000 visiteurs venus d’Israël, le voyage nécessitait de faire une escale préalable dans un pays tiers. Alors qu’environ 700 000 juifs d’origine marocaine vivent en Israël et que le Maroc abrite encore la plus importante communauté juive d’Afrique du Nord avec quelque 3 000 personnes, le royaume espère passer le cap des 200 000 visiteurs israéliens annuels. Yaïr Lapid devrait, en ce sens, rencontrer la ministre marocaine du Tourisme, Nadia Fettah Alaoui, en vue d’aborder ces questions au cours de sa visite.

Alors que la normalisation entre Rabat et l’État hébreu a été applaudie par certains, décriée par d’autres, la venue du chef de la diplomatie israélienne au Maroc pourrait également mettre en lumière les divisions et les ambiguïtés au sein du royaume sur le dossier israélo-palestinien. Récemment interrogé sur la chaîne al-Arabiya au sujet d’une possible entrevue avec le chef de la diplomatie israélienne, le chef du gouvernement marocain et dirigeant du parti islamiste de la Justice et du Développement, Saad Eddine el-Othmani, a indiqué qu’il ne comptait pas le rencontrer. Rejetant fermement toute normalisation avec Israël l’été dernier, il a signé la déclaration conjointe en décembre 2020 avant de recevoir le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, à Rabat en juin dernier.

Près de huit mois après la normalisation des relations entre l’État hébreu et le Maroc, c’est un voyage historique que doit effectuer le chef de la diplomatie israélienne, Yaïr Lapid, aujourd’hui à Rabat en vue de rencontrer son homologue marocain, Nasser Bourita. Officiellement annoncée peu après le lancement des premiers vols commerciaux entre les deux pays à la fin du mois...

commentaires (1)

Et Nassrallah privilégie l’axe de la résistance islamique tandis que d’autres pays plus lointains normalisent leurs relations avec Israël …cherchez bien l’erreur !

mokpo

18 h 49, le 11 août 2021

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Et Nassrallah privilégie l’axe de la résistance islamique tandis que d’autres pays plus lointains normalisent leurs relations avec Israël …cherchez bien l’erreur !

    mokpo

    18 h 49, le 11 août 2021

Retour en haut