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Politique - Liban

Raï appelle l'armée à empêcher les tirs de roquettes depuis le Liban-Sud

 "Cherchez plutôt des ministres dignes des ministères et pas des ministres qui protègent vos intérêts", plaide le patriarche maronite, pressant pour la formation rapide d'un nouveau gouvernement.

Raï appelle l'armée à empêcher les tirs de roquettes depuis le Liban-Sud

Le patriarche maronite Béchara Raï. Photo ANI

Le patriarche maronite Béchara Raï a appelé dimanche l'armée à empêcher les tirs de roquettes sur Israël depuis le Liban-Sud, affirmant qu'on ne pouvait pas accepter qu'un parti soit maître de la décision de la guerre ou de la paix au Liban, au lendemain d'une nouvelle flambée de violence entre Israël et le Hezbollah.

Assurant de sa solidarité les populations du Sud, "lasses des guerres et de la destruction", le patriarche a condamné les violations israéliennes répétées de la souveraineté libanaise, mais également "le fait de faire monter la tension dans les régions frontalières à partir des villages et de leurs voisinages", dans une allusion directe aux tirs de roquettes par le Hezbollah depuis les environs du village de Chouaya vendredi.

"Nous ne pouvons pas accepter qu'un parti décide de la guerre ou de la paix,  et non pas le gouvernement du pays", a-t-il martelé,  critiquant qu'on veuille "impliquer le Liban dans des actions militaires suscitant des réponses israéliennes destructrices". "Il est vrai que le Liban n'a pas signé la paix avec Israël, mais il est également vrai que le Liban n'a pas décidé de lui faire la guerre et il reste engagé par l'accord d'armistice" de 1949, a-t-il dit.

Quinze ans après le conflit meurtrier de juillet 2006 entre le Hezbollah et Israël, la tension est brusquement montée suite à des échanges de tirs interfrontaliers et des frappes aériennes israéliennes inédites depuis 2014. Vendredi, la situation s'est davantage détériorée lorsque le Hezbollah a tiré plus de 10 roquettes en direction du plateau du Golan occupé par Israël, qui a riposté par des frappes d'artillerie, une escalade majeure entre l'État hébreu et le parti chiite soutenu par l'Iran.

Dans un discours samedi soir, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah avait mis en garde les Israéliens, affirmant que chaque frappe aura une réponse bien étudiée. "Vous bombardez, nous bombardons", a-t-il menacé. "Nous ne cherchons pas la guerre, mais nous sommes prêts pour cela, et nous n’en avons pas peur", a-t-il souligné.

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Dans ce contexte, le prélat maronite a appelé l'armée libanaise, responsable avec la Force intérimaire des Nations Unies (Finul) de la sécurité du Liban-Sud, à prendre le contrôle de l'ensemble du territoire méridional, à appliquer strictement la résolution 1701 ((adoptée en 2006 pour rétablir une cessation des hostilités entre Israël et le Liban), et à empêcher le lancement de roquettes depuis le territoire libanais - non pour la sécurité d'Israël - mais pour celle du Liban". "La paix est l'intérêt du Liban et des Libanais", a-t-il encore plaidé dans son homélie prononcée depuis le siège du patriarcat à Dimane, au Liban-Nord.

Israël et le Hezbollah s'étaient livrés à une guerre meurtrière de 33 jours en 2006, qui avait fait 1.200 morts côté libanais, en majorité des civils, et 160 Israéliens, pour la plupart des soldats. Depuis, les deux camps évitent tout embrasement, en vertu d'un accord quasi tacite sur les règles d'engagement. A Beyrouth, les officiels ont condamné les attaques israéliennes. Au sein de la classe politique, les réactions variaient cependant entre indignation et soutien au Hezbollah. La Force intérimaire des Nations Unies au Liban (Finul), a de son côté évoqué une situation "très dangereuse" et appelé toutes les parties à un cessez-le-feu. 

Les échanges de tirs de ces deux derniers jours à la frontière libano-israélienne coïncident avec une recrudescence des tensions entre l'État hébreu et l'Iran dans la foulée d'une attaque meurtrière contre un pétrolier géré par la société d'un milliardaire israélien, en mer d'Oman.  

"Des ministres dignes des ministères"

Revenant sur le dossier gouvernemental, Béchara Raï a accusé les responsables politiques de rester de marbre face à l'effondrement "amer et douloureux" du pays, dans ce qui est devenu un réquisitoire hebdomadaire.

"Ils n'ont rien changé à leur comportement, ni après la conférence de Paris, ni après la commémoration des explosions du 4 août, ni après les tensions renouvelées sur le front sud", a-t-il dénoncé. "Nous demandons aux responsables politiques : comment convaincrez-vous le peuple que vous êtes capables de gouverner, tandis que chaque jour, vous le plongez dans une nouvelle crise ?  Comment allez-vous convaincre la communauté internationale qu'elle doit vous aider, alors que vous ne vous souciez pas des conférences internationales consacrées au sauvetage du Liban ?",  s'est interrogé le prélat.

"Et surtout, pourquoi ne formez-vous pas un gouvernement (attendu depuis un an) ? Est-ce à cause de vos différends sur l'attribution des portefeuilles ?", a-t-il demandé. "Cherchez plutôt des ministres dignes des ministères et pas des ministres qui protègent vos intérêts", les a exhortés Mgr Raï, déplorant qu'ils ne "ressentent aucune honte". La question de la rotation des ministères régaliens (Intérieur, Défense, Affaires étrangères et Finances) entre les communautés est le principal point d'achoppement des tractations entre le chef de l'État Michel Aoun et le Premier ministre désigné Nagib Mikati. M Aoun semble déterminé à obtenir le ministère de l'Intérieur - actuellement aux mains des sunnites - crucial pour les élections législatives et municipales prévues en 2022. Toutefois, dans certains cercles proches de l’entourage du chef de l'État, on croit savoir que le président serait désormais prêt à faire preuve de flexibilité sur ce plan.

L'absence de cabinet "résulte-t-il d'une bataille autour de vos prérogatives ?", a encore questionné le patriarche Raï. "Aucun responsable ne peut invoquer un non-respect de ses prérogatives pour justifier un retard dans la formation du gouvernement. Personne ne peut non plus s'appuyer sur ses prérogatives pour imposer un gouvernement au peuple. Les prérogatives n'ont jamais été un critère de la capacité ou non à former un gouvernement", a-t-il indiqué. Il a enfin appelé les dirigeants politiques à assumer immédiatement leurs responsabilités pour sauver le pays.

"Est-ce si difficile de former un gouvernement ?" 

Pour sa part, le métropolite de Beyrouth, Mgr Elias Audi, a déploré que "la communauté internationale soit plus soucieuse que la classe dirigeante du Liban et de la manière de le sauver ainsi que son peuple". Relevant que le communiqué de la présidence française après la réunion du 4 août souligne que "la meilleure ressource du Liban est son peuple," et que "la crise et les répercussions des atermoiements politiques conduisent à une augmentation du nombre de Libanais qui émigrent", il a souligné que l'émigration constitue "un danger majeur pour l'avenir du Liban, et affecte notamment les domaines de l'éducation et de la santé".

"Les responsables de notre pays ne comprennent-ils pas" le danger de voir "le Liban vidé de ses jeunes et de ses intellectuels", s'est demandé le prélat. "Ce qu'il faut, c'est une action immédiate, une opération de sauvetage nécessaire, dont la première étape est la formation d'un gouvernement qui entreprendra le dialogue avec la communauté internationale pour aider le Liban".

"Est-ce si difficile de former un gouvernement ?", s'est-il interrogé. " Si les intentions sont claires et que chacun abandonne ses intérêts, la formation aura lieu en quelques jours."

Le patriarche maronite Béchara Raï a appelé dimanche l'armée à empêcher les tirs de roquettes sur Israël depuis le Liban-Sud, affirmant qu'on ne pouvait pas accepter qu'un parti soit maître de la décision de la guerre ou de la paix au Liban, au lendemain d'une nouvelle flambée de violence entre Israël et le Hezbollah.Assurant de sa solidarité les populations du Sud, "lasses des...

commentaires (6)

À tort ou à raison le patriarche pousse le bouchon fort. À quoi ressemblerait notre pays si les chefs religieux des quatre grandes communautés lui emboîteraient le pas en se mêlant de la vie politique

Hitti arlette

16 h 00, le 09 août 2021

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Commentaires (6)

  • À tort ou à raison le patriarche pousse le bouchon fort. À quoi ressemblerait notre pays si les chefs religieux des quatre grandes communautés lui emboîteraient le pas en se mêlant de la vie politique

    Hitti arlette

    16 h 00, le 09 août 2021

  • « Un pays comme la France, s’il lui arrive de faire la guerre, il faut que ce soit sa guerre », et non la guerre des autres sur son territoire. Le Général de Gaulle a prononcé ces paroles pour son pays en 1959. Les dirigeants libanais, dont certains s’étaient réclamés du Général en 2005 à leur retour au Liban, feraient bien de s’en inspirer.

    Un Libanais

    19 h 04, le 08 août 2021

  • Un conseil Monseigneur, arrêtez de faire de la politique et occupez vous des pauvres et des nécessiteux puisque c’est votre première vocation et dans laquelle vous n’avez pas briller non plus. A vous entendre depuis quelques semaines on se rend compte que vous n’êtes pas plus doué que nos politiciens ni dans le fond ni dans la forme pour nous persuader du bien fondé de vos interventions. Je suis chrétienne mais n’ai ni confiance ni respect pour les représentants de toutes ces communautés et crois fortement à dieu pour les prendre en charge en étant sûr que ce sera très prochainement. Amen.

    Sissi zayyat

    16 h 51, le 08 août 2021

  • rai, aucun mot sur vos deux beliers de l,apocalypse qui n.ont point condamne l,action mais ont pousse des cris contre la reaction.

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 19, le 08 août 2021

  • La FINUL ne sert à rien. Elle a permit au Hezbollah depuis la 1701 et 1559 de s’implanter sourd leurs yeux, dans toutes les zones civiles de la région, en créant ponctuellement des troubles factices avec la population, soi-disant provoqués par des comportements provocateurs des casques bleus. Pendant ce temps , dans leur dos , la milice enterrait ses armes au Liban-Sud dans les immeubles civils..Non, seule la population aujourd’hui, va empêcher , comme on l’a vu ces deux derniers jours, ces miliciens , à les exposer à des dangers de représailles, quitte à leur botter le c. au besoin..!

    LeRougeEtLeNoir

    14 h 32, le 08 août 2021

  • Monseigneur, où en sommes-nous de la mise d’une tutelle sous l’égide de l’ONU et de la France éventuellement ? Rassurez-vous tous, je ne rêve pas !

    Wow

    13 h 38, le 08 août 2021

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