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Société - Liban

Des hôpitaux avertissent d'une "catastrophe" imminente faute de courant

Hassane Diab appelle à identifier les responsables des pénuries. 

Une infirmière de l’hôpital gouvernemental Rafic Hariri administrant les soins à un malade du coronavirus le 13 novembre. Photo d'archives Joseph Eid/AFP

Des hôpitaux du Liban ont mis en garde jeudi contre une "catastrophe sanitaire" imminente en raison de la grave pénurie de courant et de carburant dans le pays, certains établissements privés ne pouvant fonctionner encore que quelques heures, selon leur syndicat. Le Liban connait la pire crise économique de son histoire fragilisant davantage un secteur de la santé en pleine lutte contre la pandémie de coronavirus.

Après des mois de rationnements draconiens, la compagnie nationale Electricité du Liban (EDL) a quasiment cessé de fournir du courant ces dernières semaines, obligeant les hôpitaux à recourir à des générateurs privés environ 24h/24.

Les hôpitaux peinent toutefois à trouver du fuel sur le marché pour faire fonctionner les générateurs, a averti jeudi le syndicat des hôpitaux privés. "Les hôpitaux sont incapables de trouver du fuel pour alimenter les générateurs lors des pannes de courant (qui durent) au moins 20 heures par jour", a déploré le syndicat dans un communiqué. "Un certain nombre d'hôpitaux risquent de voir leurs réserves (de mazout) s'épuiser dans les prochaines heures, ce qui mettra la vie des patients en danger", a-t-il prévenu, sans préciser le nombre exact d'établissements qui pourraient être concernés par une rupture totale de courant. 

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Le syndicat a appelé les responsables à "œuvrer immédiatement pour résoudre le problème afin d'éviter une catastrophe sanitaire".

Etat d'urgence touristique
Le secteur de l'horeca (hôtellerie, restaurants, cafés) a également déploré les pénuries de mazout, et son syndicat a déclaré "l'état d'urgence touristique" face à la crise. Le président du syndicat des propriétaires de restaurants, cafés, bars et pâtisseries a mis en garde contre "une fermeture de tous les établissements" du secteur dans les 48 prochaines heures si la situation n'était pas réglée, alors que le mazout est introuvable "même au marché noir". "L'électricité et l'approvisionnement des générateurs sont essentiels pour les restaurants, afin de préserver les aliments et l'hygiène alimentaire ainsi que pour préparer les plats", a-t-il souligné, soulignant que les restaurateurs risquaient d'être contraints de limiter leurs heures d'ouverture, soit à midi soit le soir, ce qui risquait de provoquer "une catastrophe". Il a appelé les parties concernées à "agir immédiatement" pour trouver une solution, alors que la saison touristique bat son plein et qu'elle est très attendue pour tenter de donner une bouffée d'oxygène à l'économie du pays.

"Identifier les responsables"
Suite à cet appel à l'aide, la direction générale du Pétrole, qui dépend du ministère de l'Énergie, a rappelé dans un communiqué que les stocks de carburant des installations pétrolières de Zahrani (Sud) et Tripoli (Nord) étaient quasiment épuisés et réservés aux cas "urgents et exceptionnels", appelant les sociétés importatrices à répondre aux besoins des hôpitaux afin d'éviter une "catastrophe humanitaire" en cas de black-out dans ces établissements. La direction a par ailleurs appelé la Banque du Liban (BDL) à ouvrir les lignes de crédit nécessaires pour les importations de carburant "même pendant les périodes de fêtes".

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Le Premier ministre sortant, Hassane Diab, a de son côté demandé l'ouverture d'une enquête pour identifier les responsables des pénuries "malgré l'accord conclu" entre la BDL et les compagnies importatrices, qui permet d'assurer pour trois mois des crédits pour l'achat de carburant au taux de 3.900 livres libanaises pour un dollar. Il a demandé, selon un communiqué publié par le Sérail, que "les manipulateurs, les monopolistes et la ou les parties qui n'ont pas respecté cet accord" soient identifiés et que leurs noms soient rendus publics. M. Diab a également donné ses instructions pour assurer rapidement l'approvisionnement en diesel des boulangeries, également confrontées à la perspective d'un arrêt de travail forcé en raison de l'épuisement de leurs stocks de mazout. Pour résoudre cet aspect de la crise, 500.000 litres de diesel ont été assurés aux boulangeries via l'une des sociétés importatrices et la livraison de ces produits débutera vendredi au moyen de coupons émis par le ministère de l'Économie.

Le Liban est englué depuis l'automne 2019 dans une crise qualifiée par la Banque mondiale comme l'une des pires au monde depuis 1850. A court de devises étrangères, le pays peine à importer suffisamment de fuel pour faire fonctionner ses centrales électriques, provoquant des rationnements de courant pouvant atteindre 23 heures par jour. Par ailleurs, le pouvoir d'achat des Libanais s'est effondré en moins de deux ans, la monnaie nationale ayant perdu plus de 90% de sa valeur face au dollar, tandis que le pays vit au rythme de pénuries en tout genre.

Le 4 juillet, le syndicat des importateurs de médicaments avait déjà tiré la sonnette d'alarme sur des ruptures de stock touchant des "centaines" de produits.

L'effondrement général est accentué par l'inertie des dirigeants, le pays étant sans gouvernement depuis 11 mois.

Des hôpitaux du Liban ont mis en garde jeudi contre une "catastrophe sanitaire" imminente en raison de la grave pénurie de courant et de carburant dans le pays, certains établissements privés ne pouvant fonctionner encore que quelques heures, selon leur syndicat. Le Liban connait la pire crise économique de son histoire fragilisant davantage un secteur de la santé en pleine lutte contre la...

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