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Société - Explosion du 4 août

Les familles des victimes refusent que « leur dossier soit enfoui dans un tiroir »

Les manifestants ont de nouveau appelé hier à la levée des immunités des personnalités inculpées dans la double explosion au port de Beyrouth.

Les familles des victimes refusent que « leur dossier soit enfoui dans un tiroir »

Des proches des victimes du 4 août portant les portraits des leurs lors d’un sit-in hier devant le Palais de justice. Photo Mohammad Yassine

À moins d’un mois du triste anniversaire de l’explosion au port de Beyrouth, les familles des victimes du 4 août sont plus mobilisées que jamais. Après une longue nuit de violentes échauffourées devant l’immeuble où réside le ministre sortant de l’Intérieur Mohammad Fahmi, à Koraytem, qui ont fait de nombreux blessés dans les rangs des manifestants et des forces de l’ordre, c’est devant le Palais de justice qu’elles se sont rassemblées hier.

Une nouvelle fois, une énième fois, les manifestants, plus de 400, ont brandi les portraits des victimes huant, hier aussi, Mohammad Fahmi qui a également été traité de « voyou ». Le ministre sortant de l’Intérieur a refusé d’approuver la comparution devant la justice du directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, inculpé par le juge en charge de l’enquête, Tarek Bitar, au même titre que d’autres personnalités politiques et sécuritaires, notamment trois députés et anciens ministres.

« Dès le lendemain de l’explosion du port de Beyrouth, nous avons demandé la levée de l’immunité de toutes les personnalités publiques qui pourraient y être liées, parce qu’une affaire comme celle-ci requiert une enquête large », insiste Mohammad Kanso, avocat se prononçant au nom du collectif Indépendance de la justice. « Nous sommes venus aujourd’hui dénoncer la responsabilité commune du chef de l’État Michel Aoun et du Premier ministre Hassane Diab, ainsi que l’atermoiement du Parlement dans la levée des immunités », ajoute-t-il, affirmant que le collectif dont il fait partie « mène la bataille en faveur de la levée des immunités bien avant les explosions du 4 août, puisque le fait de les maintenir est une consécration du principe de l’absence de la reddition des comptes ».

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« Nous réclamons la justice et la vérité pour toutes les familles des victimes et pour tout le Liban », confie de son côté Majid Ramadan, au nom d’un collectif issu de la contestation populaire. « Nous sommes venus soutenir la justice, ajoute-t-il. Nous n’accepterons pas que ce dossier soit enfoui dans un tiroir. »

Se prononçant au nom des familles, Ibrahim Hoteit a souligné que « le parquet près la Cour de cassation n’accomplissait pas son rôle, celui de porter plainte contre les accusés et de défendre les victimes, comme c’est le cas partout dans le monde ». « Nous avons constaté au cours des derniers mois que celui-ci défendait les accusés et non les victimes », poursuit-il. S’attaquant au ministre sortant de l’Intérieur, M. Hoteit a estimé que ce dernier n’a pas été honnête avec les familles des victimes lorsqu’il leur avait assuré avoir déféré le dossier devant le parquet près la Cour de cassation et qu’il a refusé de donner une autorisation de comparution devant la justice de Abbas Ibrahim, parce que le département judiciaire du ministère a rejeté cette demande.

« Les larmes des mères n’ont eu aucun effet » sur Mohammad Fahmi, a encore déploré M. Hoteit, affirmant que le rassemblement d’hier est encore « symbolique et de faible intensité en comparaison avec ce que nous allons faire s’ils ne lèvent pas les immunités ».

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Les protestataires ont ensuite brièvement bloqué la route à proximité du Palais de justice à l’aide de pneus enflammés. « Aujourd’hui, nous brûlons des pneus pour qu’ils sachent de quoi nous sommes capables », confiait à une de nos journalistes sur place, Patricia Khoder, un jeune brandissant le portrait de son frère tué le 4 août.

Les protestataires se sont par la suite dispersés. Les collectifs venus les soutenir se sont dirigés vers le siège de la Sûreté générale, à la rue de Damas, alors que les familles des victimes se sont rendues à Gemmayzé, Mar Mikhaël et Rmeil pour visiter les hôpitaux qui avaient été dévastés par les explosions avant de se diriger vers le Grand Sérail.

Le 4 août, jour de deuil officiel
Le président de la République, Michel Aoun, a accordé hier son autorisation exceptionnelle à ce que la date du 4 août soit considérée comme un jour de deuil national au Liban. Un décret sera publié « ultérieurement » pour que cette date soit ajoutée au calendrier des jours officiellement chômés au Liban, selon un communiqué du palais présidentiel.
À moins d’un mois du triste anniversaire de l’explosion au port de Beyrouth, les familles des victimes du 4 août sont plus mobilisées que jamais. Après une longue nuit de violentes échauffourées devant l’immeuble où réside le ministre sortant de l’Intérieur Mohammad Fahmi, à Koraytem, qui ont fait de nombreux blessés dans les rangs des manifestants et des forces de l’ordre,...

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Tous les libanais devraient refuser le fait que la justice soit obstruée et il y va de la conscience de chacun des libanais d’exiger la vérité sur ce qui s’est passé. Ça aurait pu être n’importe qui de leur famille ou proche qui aurait pu mourir ou se retrouver handicapé à vie à cause de ces mafieux. et le fait de laisser les familles seules se battre face à ces criminels ne met pas les libanais à l’abri d’une autre catastrophe beaucoup plus dévastatrice. Ils se réveilleront à ce moment là? Parce qu’apparemment rien n’ébranle les citoyens s’ils ne sont pas touchés directement par le malheur qui pourtant s’est emparé du pays, la solidarité dans l’action reste superficielle et chacun vaque à ses occupations en attendant le déluge final. Il faut se réveiller et prouver qu’on mérite ce pays en le sauvant de ces fossoyeurs coûte que coûte les prières et les vœux pieux ne se seront pas exaucés tant que le peuple solidaire ne bouge pas pour réclamer ses droits et imposer ses règles c’est un devoir citoyen que libérer le pays des usurpateurs qui ont décidé de se l’approprier.

Sissi zayyat

13 h 53, le 15 juillet 2021

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Commentaires (1)

  • Tous les libanais devraient refuser le fait que la justice soit obstruée et il y va de la conscience de chacun des libanais d’exiger la vérité sur ce qui s’est passé. Ça aurait pu être n’importe qui de leur famille ou proche qui aurait pu mourir ou se retrouver handicapé à vie à cause de ces mafieux. et le fait de laisser les familles seules se battre face à ces criminels ne met pas les libanais à l’abri d’une autre catastrophe beaucoup plus dévastatrice. Ils se réveilleront à ce moment là? Parce qu’apparemment rien n’ébranle les citoyens s’ils ne sont pas touchés directement par le malheur qui pourtant s’est emparé du pays, la solidarité dans l’action reste superficielle et chacun vaque à ses occupations en attendant le déluge final. Il faut se réveiller et prouver qu’on mérite ce pays en le sauvant de ces fossoyeurs coûte que coûte les prières et les vœux pieux ne se seront pas exaucés tant que le peuple solidaire ne bouge pas pour réclamer ses droits et imposer ses règles c’est un devoir citoyen que libérer le pays des usurpateurs qui ont décidé de se l’approprier.

    Sissi zayyat

    13 h 53, le 15 juillet 2021

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