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Politique - Grève

Khalaf aux magistrats : Unissons-nous pour faire trembler les responsables de nos malheurs

Des représentants de barreaux arabes et européens ont participé au « Jour de la solidarité » avec les avocats libanais.

Khalaf aux magistrats : Unissons-nous pour faire trembler les responsables de nos malheurs

Dans la salle des pas perdus du Palais de justice, lors du « Jour de solidarité » organisé hier. Photo C.A.

« Magistrats du Liban, je vous lance un appel solennel, en prenant à témoin mes confrères du monde : assainissons nos relations, faisons trembler ceux qui sont responsables de nos malheurs. Tant que nous ne serons pas unis, ceux-là mêmes qui ont tué, pillé sans vergogne, qui se croient au-dessus des lois et pensent pouvoir échapper indéfiniment à la justice, gagneront, alors que le Liban perdra. » C’est un véritable cri d’alarme qu’a lancé hier le bâtonnier de Beyrouth, Melhem Khalaf, à une magistrature qu’il décrit « comme hautaine et soumise ».

Me Khalaf a tenu ces propos lors du Jour de solidarité internationale avec le barreau de Beyrouth, organisé par le conseil de l’ordre des avocats dans la salle des pas perdus du Palais de justice, avec la participation de Mohammad Mrad, bâtonnier de Tripoli, de 12 représentants de barreaux arabes et européens, notamment français, ainsi que de nombreux avocats. Le conseil de l’ordre croise le fer avec le corps de la magistrature depuis le 28 mai dernier. Ce jour-là, il avait décrété une grève après l’arrestation de l’avocat et activiste Rami Alleik, appréhendé avec violence en pleine rue pour avoir refusé de se présenter devant les services de renseignements des Forces de sécurité intérieure (FSI), à la suite de la plainte déposée par le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) pour outrage à la magistrature. Malgré le mouvement de contestation qui avait suivi, Me Alleik avait été détenu pendant plusieurs jours avant d’être libéré à la condition de ne pas exercer pendant deux mois. Considérant qu’il lui revient seul de prendre de telles mesures, le conseil de l’ordre avait poursuivi sa grève, à laquelle il n’a toujours pas mis un terme, pour exprimer son « ras-le-bol contre une violation des lois et un glissement vers l’État policier ».

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L’événement organisé hier s’inscrit dans le cadre plus large du « grand soulèvement » lancé par le conseil de l’ordre en même temps que la grève. Parmi les responsables des ordres étrangers à avoir répondu à cet appel, Dominique Attias, présidente de la fédération des barreaux d’Europe, Hélène Fontaine, présidente de la Conférence des bâtonniers de France et d’Outre-Mer, Jérôme Gavaudan, président du Conseil national des barreaux de France, Martin Pradel, membre du Conseil national des barreaux de France, Raja Attia, président de l’Union des avocats arabes et bâtonnier du barreau égyptien, Dhiyaa al-Saadi, bâtonnier de la République d’Irak, Marie-Aimée Peyron, vice-présidente du Conseil national des barreaux et qui représentait le barreau de Paris, Serge Deygas, bâtonnier de Lyon, Nicolas Bedel de Buzarengues, bâtonnier de Montpellier, Amine Faraj, membre du conseil de l’ordre de Montpellier, Vincent Maurel, représentant du bâtonnier des Hauts-de-Seine.

Engagement en faveur des avocats libanais

Le bâtonnier de Beyrouth a surtout mis l’accent sur « les relations déficientes » entre la magistrature et le corps du barreau, à cause selon lui des « mauvais traitements » infligés par la première aux avocats. Et Me Khalaf de déplorer que les appels au dialogue lancés par le conseil de l’ordre, ainsi que ses tentatives d’optimiser les liens avec les magistrats aient « échoué ». En réponse à une question de L’Orient-Le Jour sur le sort de la grève au cas où les revendications des avocats continueraient à être ignorées, le bâtonnier évoque « une impossibilité d’exercer » à l’ombre des « exactions ». « Notre mouvement est mené non seulement pour notre dignité, mais pour celle des citoyens », a-t-il assuré. Sur les efforts que déploie la ministre de la Justice, Marie-Claude Najm, pour tenter un rapprochement avec le président du CSM, Souheil Abboud, Melhem Khalaf se contente de déclarer qu’il accepterait « toute réunion en terrain neutre », probablement en référence au bureau de la ministre plutôt qu’à celui de M. Abboud.

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« Nous sommes à vos côtés, parce que sans les avocats, l’obscurité et la tyrannie ont le pouvoir », a soutenu pour sa part Dominique Attias, qui représente un million d’avocats et 250 barreaux européens. Comment cette solidarité pourrait-elle se traduire concrètement ? « Tous les barreaux que je représente vont d’ores et déjà s’adresser à leurs gouvernements pour leur demander de s’engager au niveau de l’Union européenne et du Conseil de l’Europe en faveur des avocats libanais », affirme Mme Attias à L’OLJ, soulignant que « si cette demande n’est pas satisfaite, les Européens sanctionneraient leurs responsables dans les urnes lors de prochains scrutins ».

« Magistrats du Liban, je vous lance un appel solennel, en prenant à témoin mes confrères du monde : assainissons nos relations, faisons trembler ceux qui sont responsables de nos malheurs. Tant que nous ne serons pas unis, ceux-là mêmes qui ont tué, pillé sans vergogne, qui se croient au-dessus des lois et pensent pouvoir échapper indéfiniment à la justice, gagneront, alors...

commentaires (2)

Faites les trembler et terrassez les traîtres à l’image de St Georges enfourchant le dragon. Par contre, vous aurez probablement plus à faire que lui étant donné le nombre de monstres qui se sont multipliés au fur et à mesure durant ce dernier demi siècle. May the good force be with you !!

Wow

14 h 56, le 13 juillet 2021

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Commentaires (2)

  • Faites les trembler et terrassez les traîtres à l’image de St Georges enfourchant le dragon. Par contre, vous aurez probablement plus à faire que lui étant donné le nombre de monstres qui se sont multipliés au fur et à mesure durant ce dernier demi siècle. May the good force be with you !!

    Wow

    14 h 56, le 13 juillet 2021

  • Il faut continuer à utiliser tous les recours juridiques et exiger leur application pour empêcher que la loi de l’obscurantisme prenne le dessus et gagne cette bataille féroce pour sauver notre pays et lui permettre de revenir un état de droits commun et non une jungle. Tous les avocats et magistrats qui se détourneront de cet objectif seront étiquetés vendus et mériteraient d’être jugés pour haute trahison de leur pays. On ne tergiverse pas avec les principes de la démocratie.

    Sissi zayyat

    13 h 02, le 13 juillet 2021

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