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Économie - Conjoncture

PIB libanais : un panel d’économistes de plus en plus pessimistes

Les experts, interrogés par Bloomberg, s’attendent à ce que l’inflation atteigne 92,3 % à la fin de l’année.

PIB libanais : un panel d’économistes de plus en plus pessimistes

Le quartier de Dora, à l’entrée nord de Beyrouth. Photo P.H.B.

Jusqu’à quel niveau la crise que traverse le Liban depuis presque deux ans, et que la banque mondiale considère depuis juin comme étant l’une des pires que le monde ait connues depuis 1850, enfoncera-t-elle l’économie nationale avant un hypothétique rebond ?

Selon un panel de 11 économistes et analystes interrogés en juin par Bloomberg, dans le cadre de son dernier sondage trimestriel sur l’évolution de la conjoncture dans le pays, le PIB du pays du Cèdre devrait reculer de 5,6 % cette année, après avoir régressé en 2020 dans une proportion allant en moyenne de 20 à 25 % selon les estimations. Les résultats du sondage ont été relayés hier par le Lebanon this Week de Byblos Bank.

Si l’estimation livrée par le panel marque un recul significatif par rapport à son pronostic pour 2021 lors du dernier sondage réalisé en mars dernier (-2 %), elle reste néanmoins moins pessimiste que celles publiées ces derniers mois par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) qui tablent sur des baisses de respectivement 9,5 et 9 % pour le même exercice. La fourchette d’estimations du panel s’est étendue de 2 à 10 %.

Inflation à plus de 92 %

Le même panel s’attend à ce que l’inflation atteigne 92,3 % en 2021, soit presque 34 points de plus que lors du sondage de mars (+58,6 %). Un des économistes a affirmé s’attendre à voir l’indice des prix à la consommation bondir de 144 % d’ici à la fin de l’année. Avec 7,4 %, la projection concernant le ratio déficit public/PIB est la seule pour laquelle les économistes ont livré une estimation plus favorable que celle de mars (9,4 %). Il reste que la baisse de l’importance du déficit public n’est pas forcément bon signe, dans la mesure où il pourrait être comme en 2020 le fruit d’un recul plus important des dépenses publiques par rapport à celui enregistré par les recettes, l’administration n’ayant cessé d’accumuler les retards de paiement depuis le début de la crise.

Si les attentes des économistes sont aussi négatives, c’est parce que peu de facteurs permettent actuellement de miser sur un scénario plus favorable à court et moyen terme.

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Or et réserves de la BDL : gare au risque de saisie par les créanciers !


Au niveau institutionnel, le pays fonctionne sans gouvernement de plein exercice, la classe politique se disputant encore au sujet de la composition du prochain exécutif, près de 11 mois après la démission de celui de Hassane Diab. L’État, qui a fait défaut sur les obligations en devises depuis mars 2020, n’a toujours pas entamé de négociations avec ses créanciers. Les discussions lancées la même année avec le FMI pour tenter de débloquer une assistance financière ont, elles, échoué, notamment en raison de divergences entre le gouvernement, d’un côté, la BDL et les banques, de l’autre, concernant l’approche visant à répartir les pertes financières accumulées par le pays.

Au niveau des infrastructures, le port de Beyrouth, l’un des poumons économiques du pays, soufflé par la double explosion meurtrière du 4 août 2020, n’a toujours pas commencé à être réhabilité, tandis que l’enquête visant à établir les responsabilités n’a pour l’instant pas donné de résultats concrets. Le siège d’Électricité du Liban, situé dans la zone soufflée, a également été partiellement détruit et le centre de commande nationale du réseau qu’il abritait n’a toujours pas été remplacé.

Sur les plans économique et financier, le secteur bancaire restreint, depuis l’automne 2019, l’accès des déposants à leurs comptes en devises, faute de liquidités suffisantes pour honorer ses engagements, ce qui ne l’a apparemment pas empêché d’autoriser certains clients privilégiés à transférer leur argent hors du pays, comme l’a notamment souligné il y a un an l’ancien directeur général du ministère des Finances, Alain Bifani.

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La stabilisation monétaire passe aussi par un changement politique

En outre, la BDL est actuellement en train de ralentir, en vue de les suspendre à court terme, l’ensemble des mécanismes de subvention de facto mis en place depuis le début de la crise sur certaines importations (carburant, blé, médicaments, matériel médical ou encore certaines denrées alimentaires) afin de limiter l’inflation des prix liée à la dépréciation de la monnaie nationale. Un phénomène qui est à l’origine d’importantes perturbations dans les chaînes d’approvisionnement des produits concernés et d’une hausse des prix spectaculaire qui vient s’ajouter à une inflation déjà importante (de l’ordre de 120 % à fin mai, selon les derniers chiffres officiels)

Sur le marché parallèle, le taux dollar/livre atteint des sommets difficiles à imaginer il y a encore deux ans, à 17 500 livres pour un dollar, soit plus de 11 fois la parité officielle de 1 507,5 livres pour un dollar que la BDL n’est plus en mesure de stabiliser en intervenant sur le marché, suite à la fonte de ses réserves en devises ces deux dernières années, due à la conjonction de plusieurs facteurs.

Jusqu’à quel niveau la crise que traverse le Liban depuis presque deux ans, et que la banque mondiale considère depuis juin comme étant l’une des pires que le monde ait connues depuis 1850, enfoncera-t-elle l’économie nationale avant un hypothétique rebond ? Selon un panel de 11 économistes et analystes interrogés en juin par Bloomberg, dans le cadre de son dernier sondage...

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