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Environnement - Rapport

Où se baigner cet été, malgré tout, au Liban

Le rapport annuel du CNRS sur la qualité de l’eau de mer a été publié hier, afin de mieux guider les Libanais sur les sites à fréquenter. Il en ressort que les sources de pollution sont inchangées, toujours dues à la négligence officielle.

Où se baigner cet été, malgré tout, au Liban

À Enfé, parmi les plages les plus propres du Liban. Et certaines, comme sur cette photo, toujours préservées. Photo S.B.

Malgré les crises auxquelles est confronté le pays et les coupes budgétaires qui n’ont pas épargné les institutions étatiques, le Conseil national de la recherche scientifique (CNRS) publie pour la 37e année consécutive son rapport annuel sur la qualité de l’eau au Liban (voir la carte à la fin de l'article). Une étude qui renseigne les Libanais sur les indices de pollution des plages publiques, des sites qu’ils devraient davantage fréquenter en ces temps d’effondrement économique.

Les résultats ne diffèrent pas beaucoup de ceux de l’année dernière, bien que le Centre d’études marines du CNRS ait inclus davantage de sites côtiers dans son étude cette année, passant de 31 en 2020 à 36 aujourd’hui. Cette année, 24 plages sont considérées comme propres à la baignade, contre 17 en 2020. Le rapport mentionne également huit sites extrêmement pollués, comme l’an dernier, tandis que quatre présentent une qualité d’eau moyenne à mauvaise (contre six en 2020). Quant à la nature de la pollution, elle reste inchangée. Le littoral souffre d’une pollution principalement bactériologique, provenant des eaux usées non traitées qui se déversent dans la Méditerranée. « La pollution bactériologique qui a été décelée clairement dans les sites étudiés est principalement due au déversement des eaux usées dans la mer et aux liquides résiduels provenant des décharges côtières, déplore le rapport. Une fois de plus, la négligence (officielle, NDLR) est évidente de par le défaut de traitement des eaux d’égouts avant leur déversement dans la mer, étant donné que les rares stations d’épuration n’en sont toujours qu’à un traitement primaire (pour une protection efficace de l’eau de mer, un traitement tertiaire est requis, NDLR), ou alors qu’elles ne fonctionnent pas à pleine capacité ou de manière partielle. »

Pour mémoire

Du goudron à nouveau déversé sur les plages libanaises, jusqu’à Chekka

Les sites étudiés par le CNRS s’étendent sur tout le littoral, et l’étude se base sur des échantillons prélevés tout au long de l’année, afin d’être représentatifs. Ont été examinés des plages publiques et privées, de sable ou de rochers, des embouchures de fleuve, des zones localisées à proximité d’usines ou des points de déversement d’eaux usées.

Sur les 36 points inclus dans l’étude, 24 ont donc été estimés propres à la baignade, avec une qualité d’eau bonne à très bonne, où les colonies bactériennes ne dépassent pas les 200 par 100 millilitres d’eau de mer (ce qui est inférieur aux normes internationales, particulièrement celles de l’Organisation mondiale de la santé, précise le CNRS). Ces 24 sites sont, du nord au sud : la plage à proximité du stade municipal à Tripoli, la plage située au bas de Dar el-Natour à Enfé, la plage appelée « Sous le vent » (ou la petite Grèce pour ceux qui en sont coutumiers) à Enfé également, la plage bleue à Héri (Chekka), la plage « protégée » à Batroun, la plage publique de Amchit, la plage publique de galets et celle de sable à Jbeil, le point sous le pont de Fidar dans le village du même nom, l’embouchure de Nahr Ibrahim à Oqaïbé, la plage publique de Bouar, la jetée à Safra, la plage de Maameltein à Jounié, Aïn Mreissé à Beyrouth (entre le nouveau port de pêcheurs et le Riviera), la plage Deville à Khaldé, la plage dite « du pont » à Damour, la plage Pangéa à Jiyyé, la plage Havana à Rmeilé, l’embouchure du fleuve Awali (à l’entrée de Saïda), la plage publique de Sarafand, la plage publique de Adloun, la plage de sable de Tyr et la réserve marine de la ville, ainsi que le site au nord du port à Naqoura.

Les mauvais élèves

À l’opposé, huit sites demeurent trop pollués pour être fréquentés, et la baignade y est risquée. Sept d’entre eux sont fortement affectés par les polluants bactériologiques : le port à Tripoli face à l’île Abdel Wahab, la plage publique de Tripoli également, la plage publique de sable à Jounié, le site du port à Dbayé, l’embouchure du fleuve d’Antélias, le littoral de Manara et la plage de Ramlet el-Baïda à Beyrouth également, toujours présente dans ce triste palmarès bien qu’elle soit très fréquentée tout l’été. Un huitième site, celui de la plage publique de Selaata au nord, est acceptable d’un point de vue bactériologique, mais figure sur cette liste en raison d’une forte pollution chimique largement documentée dans de précédents rapports, avec la présence d’industries lourdes dans la zone. La baignade y est donc très déconseillée.

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Restent donc quatre sites, où le bilan est plus mitigé et la vigilance de mise, selon le CNRS. Pratiquement, cela signifie que les colonies bactériennes décelées oscillent entre 200 et 500 par 100 millilitres d’eau de mer, contre plus de 500 pour les plus pollués (le record étant détenu par le site d’Antélias avec 20 000 coliformes fécaux et 18 200 streptocoques fécaux par 100 millilitres). Ces quatre sites sont la plage de Qlaïlat dans le Akkar, la plage de sable privée de Minyé, la plage publique de galets à Batroun et la plage publique de Saïda.

Le CNRS salue par ailleurs les progrès effectués dans nombre de sites (notamment grâce à des efforts locaux), particulièrement sur la plage de Qlaïat dans le Akkar, celle de Deir el-Natour à Enfé, la plage bleue de Héri, la plage publique de Amchit, ainsi que celles de Fidar et de Sarafand. En revanche, la plage de sable de Minyé est passée de propre à la baignade à une qualité d’eau moyenne, alors que la plage publique de sable de Jounieh a sombré dans la liste des endroits les plus pollués, alors qu’elle présentait un bilan moyen en 2020.

La marée noire, un nettoyage parcellaire

Outre l’état du littoral, le rapport s’attarde sur la qualité des poissons pêchés en mer, qu’il constate, une fois de plus, comme propres à la consommation. « Les concentrations de métaux lourds – cadmium, plomb et mercure – dans les tissus de trois genres de poissons locaux – le sar commun, les sardines et les rougets – pêchés en trois points du littoral, Tripoli, Beyrouth et Tyr (…), ont montré des concentrations acceptables », explique le rapport.

Enfin, le rapport évoque la marée noire qui a souillé les plages libanaises, particulièrement celles du sud, de tonnes de goudron, provenant d’une fuite d’un pétrolier au large d’Israël, en février. Tout en notant « l’absence de rapports officiels sur le sujet », le CNRS souligne que cette marée noire a jeté des masses de goudron qui se sont incrustées sur les plages allant de Naqoura jusqu’à Beyrouth, puis plus au nord jusqu’à Batroun, sur une épaisseur variant de 0,5 à 50 centimètres.

Plusieurs mois plus tard, le bilan reste lourd, puisque les efforts de nettoyage se sont limités, en des sites précis, sur les efforts individuels et municipaux, avec l’aide de certaines organisations internationales telles que l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN), déplore le CNRS. Ainsi, dans de nombreuses plages de rochers comme Naqoura, les traces de goudron demeurent visibles, d’autant plus qu’il est très difficile de nettoyer les rochers. Des plages de sable, comme à Tyr, ont été nettoyées partiellement, grâce aux efforts des autorités locales et des volontaires des associations. Dans certaines régions, comme à Damour ou Jiyyé, ce sont les propriétaires de plages privées qui se sont acquittés du nettoyage. Mais de nombreux autres sites restent pollués, et le goudron est transporté d’un endroit à l’autre par les pieds des baigneurs ou par les véhicules qui traversent les plages.

Le CNRS rappelle avoir très tôt lancé, avec des partenaires, les recensements sur les plages, et ces rapports demeurent les seuls à avoir été effectués, servant de référence aux différents acteurs impliqués dans la réponse aux conséquences de la catastrophe.



Malgré les crises auxquelles est confronté le pays et les coupes budgétaires qui n’ont pas épargné les institutions étatiques, le Conseil national de la recherche scientifique (CNRS) publie pour la 37e année consécutive son rapport annuel sur la qualité de l’eau au Liban (voir la carte à la fin de l'article). Une étude qui renseigne les Libanais sur les indices de pollution des...

commentaires (2)

JE SUIS DÉSOLÉ, MAIS JE NE CROIS PAS. Ce sont de faux résultats

Elias

17 h 23, le 07 juillet 2021

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Commentaires (2)

  • JE SUIS DÉSOLÉ, MAIS JE NE CROIS PAS. Ce sont de faux résultats

    Elias

    17 h 23, le 07 juillet 2021

  • C’est le seul pays où on n’a jamais entendu parlé de Green peace ni vu une seule action de leur part pour dénoncer le crime qui se déroule sous les yeux du monde sur notre littoral sans que cela n’émeut qui que ce soit.

    Sissi zayyat

    12 h 00, le 06 juillet 2021

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