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Moyen-Orient - Éclairage

Le retrait de la Convention d’Istanbul provoque une levée de boucliers en Turquie

Le retrait de la Convention d’Istanbul provoque une levée de boucliers en Turquie

Manifestations en Turquie contre le retrait du pays de la Convention d’Istanbul, le 1er juillet 2021. Murad Sezer/Reuters

En 2012, la Turquie était le premier pays à ratifier la convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et de la violence domestique, aussi connue sous le nom de Convention d’Istanbul. Près de 10 ans plus tard, elle est cette fois-ci le premier membre à en sortir. Entrée en vigueur hier, cette décision entérine un décret émis en mars dernier par les autorités turques. Ankara avait alors indiqué que son choix était en partie motivé par le fait qu’un « groupe de personnes tentant de normaliser l’homosexualité » avait détourné la Convention d’Istanbul, « ce qui est incompatible avec les valeurs sociales et familiales » de la Turquie.

« Une telle logique est non seulement dangereuse et discriminatoire, mais détourne également l’attention de la menace réelle pour les familles, à savoir les auteurs de violences contre des femmes qui bénéficient fréquemment de l’impunité et d’une faible réponse du système de justice pénale du pays », dénonce Deniz Yüksel, responsable plaidoyer pour la Turquie à Amnesty International.

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Alors que l’évocation d’un retrait d’Ankara de la convention avait déjà provoqué la colère des organisations de défense des droits des femmes l’été dernier, des milliers de femmes et d’hommes sont descendus hier dans les rues du pays pour dénoncer l’entrée en vigueur du décret. « Annule ta décision, applique le traité », « Nous n’acceptons pas la décision d’un seul homme », « La Convention d’Istanbul sauve des vies », ont-ils notamment scandé, prenant à partie le président turc Recep Tayyip Erdogan. Signée en 2011 par 45 pays et l’Union européenne, la Convention d’Istanbul comprend des mesures visant à prévenir les violences faites aux femmes, protéger les victimes et poursuivre les auteurs.

« Ce retrait est l’aboutissement d’attaques globales contre les droits humains en général, et les droits des femmes et des LGBTI+ en particulier. Mais nous ne reculerons pas », a martelé sur son site le collectif baptisé United4Istanbulconvention, qui regroupe des associations turques et internationales de défense des droits des femmes et de la communauté LGBTI+.

Les féminicides

La décision de M. Erdogan survient alors que la Marche des fiertés annuelle a été violemment réprimée à Istanbul le week-end dernier et que des images de violences sexistes ont largement circulé sur les réseaux sociaux au cours des derniers jours. Des séquences de vidéo- surveillance d’un homme claquant brutalement la tête de son ex-femme de 24 ans sur le trottoir et la giflant au visage, leur fille de 5 ans sanglotant à leurs côtés, ont choqué l’opinion publique. « Cela est particulièrement dangereux à l’heure où de nombreuses femmes turques sont tuées et où les violences domestiques ont augmenté pendant la pandémie de Covid-19 », rappelle Deniz Yüksel. Selon le groupe de défense des droits des femmes « Nous mettrons fin aux féminicides », 300 femmes ont été assassinées en Turquie par leurs conjoints ou leurs ex-conjoints en 2020. Une tendance qui se poursuit, alors que 189 femmes ont été tuées jusqu’à présent cette année.

Pour mémoire

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Malgré l’avalanche de critiques des ONG, de l’opposition politique et des alliés occidentaux d’Ankara, le gouvernement turc a campé hier sur sa position. « Certains milieux tentent de présenter notre retrait de la Convention d’Istanbul comme un pas en arrière dans notre combat contre la violence à l’égard des femmes, a déclaré le reïs turc lors d’une réunion dans la capitale. Notre bataille n’a pas commencé avec la Convention d’Istanbul et elle ne se terminera pas avec notre retrait du traité. » Il a en outre annoncé hier à Ankara un plan d’action national destiné à combattre la violence à l’égard des femmes, décrivant les mesures à mettre en œuvre au cours des cinq prochaines années. Mais cette initiative est loin de convaincre les défenseurs des droits en Turquie. « L’AKP ne s’est jamais pleinement engagé en faveur des droits des femmes. Alors qu’il gagnait en confiance après quelques victoires électorales écrasantes, n’ayant pas besoin du soutien des progressistes et des libéraux, il est devenu moins tolérant envers ces derniers et a poursuivi son programme conservateur », observe Zehra F. Kabasakal Arat, professeure en sciences politiques à l’Université du Connecticut. Décrié pour sa gestion de plus en plus personnelle et autoritaire du parti dans un contexte de difficultés économiques, M. Erdogan semble chercher à rallier sa base conservatrice en vue des élections présidentielles de 2023. « Désormais, sa circonscription de plus en plus restreinte est composée de groupes islamistes réactionnaires et de quelques ultranationalistes. Erdogan répond ainsi à leurs intérêts », ajoute cette dernière.

Malgré ces développements, les ONG estiment qu’une lueur d’espoir persiste néanmoins face à l’indignation et à l’ampleur de l’élan populaire provoqué par cette décision. « Les manifestations contre le retrait ont uni des femmes de tous horizons, de toutes sortes d’idéologies politiques et de milieux culturels. Il est clair que les femmes ne voient pas cela comme une bataille culturelle : pour elles, il s’agit de droits humains fondamentaux et d’une question de vie ou de mort », remarque Deniz Yüksel.

En 2012, la Turquie était le premier pays à ratifier la convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et de la violence domestique, aussi connue sous le nom de Convention d’Istanbul. Près de 10 ans plus tard, elle est cette fois-ci le premier membre à en sortir. Entrée en vigueur hier, cette décision entérine un décret...

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Selon un Cheikh d’al Azhar le Coran dit : si ta femme ne veut pas t’obéir il faut la frapper. Partant de là rien à dire. Je le dis en étant désolé de ne pouvoir faire aucun commentaire, pour m’élever contre la souffrance de toutes les femmes battues du monde entier.

Le Point du Jour.

01 h 16, le 02 juillet 2021

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Commentaires (1)

  • Selon un Cheikh d’al Azhar le Coran dit : si ta femme ne veut pas t’obéir il faut la frapper. Partant de là rien à dire. Je le dis en étant désolé de ne pouvoir faire aucun commentaire, pour m’élever contre la souffrance de toutes les femmes battues du monde entier.

    Le Point du Jour.

    01 h 16, le 02 juillet 2021

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