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Culture - Quoi qu’on en lise

Bob Marley, je te pardonne

Derrière l’icône de la paix que les adolescents des quatre coins du monde, toutes générations confondues, accrochent sur leurs murs se cachent un mari violent et un religieux irraisonné.

Bob Marley, je te pardonne

Anne-Sophie Jahn traverse l’ensemble de la vie de Marley et s’attarde sur cette relation avouée, inavouée avec Pascaline Bongo. Crédits JF Paga

« Ils sont partout », m’a écrit Xavier par SMS avant de m’envoyer la couverture du livre Bob Marley et la fille du dictateur d’Anne-Sophie Jahn. Quand on me dit ça, j’hésite toujours entre les Juifs et les Libanais. Xavier m’a ensuite photographié une page du livre où j’ai pu découvrir que le père de Bob, Norval Sinclair Marley, appartenait à une famille de riches planteurs blancs dont la mère était issue de la communauté juive syrienne jamaïcaine. Cela ne s’invente pas ! Bob Marley est donc un peu juif (n’en déplaise aux orthodoxes qui considèrent que le judaïsme ne se transmet que par la mère) et syrien (non, je n’oserai pas la similitude avec être libanais). Ajouté à cela, Xavier m’assurait que c’était vraiment bien, qu’il dévorait ce roman. Quand Xavier me dit ça, c’est généralement bon signe alors je m’y suis penché et Bob Marley, comme tant d’autres, je connais sa musique sur le bout des doigts. J’apprécie particulièrement les premières versions guitare/voix de ses chansons qu’il enregistrait seul et qui sont merveilleuses.

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La fille du dictateur dont il s’agit, c’est Pascaline Bongo, fille aînée de Omar Bongo qui fut président (dictateur ?) de la République gabonaise du 2 décembre 1967 à sa mort en 2009 avec qui Marley aurait vécu une longue affaire. Sur la fiche Wikipedia de Pascaline, on peut trouver ces éléments : « En mai 2013, elle fait partie des 25 femmes les plus influentes du business en Afrique, selon le magazine Jeune Afrique. (…) En février 2015, elle est mise en cause par la justice française pour des factures impayées s’élevant à 453 300 euros. (…) Elle a eu une relation avec Bob Marley. » Fait marquant d’une vie, avoir eu une relation avec Marley, c’est une information qu’on accroche à son CV et que beaucoup d’autres femmes peuvent, à des nuances près, ajouter car Marley était un homme à femmes et un homme qui bousculait les femmes. Page 154, je cite : « Un jour, Bob surprend Rita (sa femme) en train de fumer un joint dans sa chambre avec un ingénieur du son. Elle jure qu’il n’y a rien entre eux. Il l’attrape violemment et la projette dans les airs, Yvette Anderson l’attend dans sa chambre… L’infidélité est réservée aux hommes chez les rastas. » J’ai imaginé Marley chanter Positive Vibration devant un public en liesse puis rentrer chez lui un peu plus tard et projeter sa femme (qui était l’une de ses choristes) Rita en l’air. Drôle d’humanité mais au fond, rien de surprenant. Il n’est pas si rare que ces stars planétaires se révèlent être dans leur intimité des personnes violentes, agressives, tyranniques. Derrière l’icône de la paix que les adolescents des quatre coins du monde, toutes générations confondues, accrochent sur leurs murs se cachaient donc un mari violent mais aussi un religieux irraisonné qui ne se référait qu’à la Bible ou plutôt à son interprétation (ou l’interprétation rasta) de la Bible devrais-je dire, une interprétation qui laisse parfois bouche bée.

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L’écrivaine Jahn traverse l’ensemble de la vie de Marley et s’attarde sur cette relation avouée, inavouée avec Pascaline Bongo. Elle ira jusqu’à la rencontrer à Paris après s’être fait balader pendant un an. Jahn ponctue d’ailleurs le roman par son making-off : « On associe souvent les chanteurs de reggae à des abrutis défoncés marmonnant des âneries sur la paix dans le monde ponctués de “yeah man !” (et je dois avouer que dans le cadre de cette enquête, j’ai rencontré pas mal de ces imbéciles qui ne m’ont pas facilité la tâche tant leur mémoire avait été cramée par les joints). Mais Bob Marley est loin de ce cliché. » Marley, lui, était un bosseur, un travailleur acharné, un perfectionniste. Un sportif qui mangeait très sain.


À la fin de la lecture du roman, ma curiosité me poussait à en savoir plus sur le côté sombre du chanteur et le nombre de livres écrits sur lui pouvait me permettre de plonger pleinement dans sa vie. Même son manager Don Taylor s’y était mis, la quatrième de couverture de son témoignage promettait de « croquer sans complaisance le monde de la musique et l’entourage de Bob Marley. Magouilles, cupidité, arnaques en tous genres, l’envers du décor n’est pas toujours reluisant ! » Mais au moment de commander ce dernier livre, l’un de mes voisins a enclenché ses enceintes. Divin hasard ? C’est Bob qui chantait. Je me suis levé de ma chaise, j’ai dansé et fredonné les paroles de la chanson We and Dem que je connaissais par cœur : « But someone will ’ave to pay. For the innocent blood. That they shed every day. Oh, children, mark my word. It’s what the Bible say, yeah ! yeah ! » Tout en chaloupant, m’est revenue cette question que beaucoup se posent : « Peut-on tout pardonner aux artistes ? » Procédons comme Marley, ouvrons la Bible. Dans l’Évangile selon Matthieu, il est écrit : « Si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous pardonnera aussi. » Qu’il en soit donc ainsi. Dieu nous pardonnera d’avoir tout pardonné aux artistes. « It’s what the Bible say, yeah ! yeah ! »

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« Ils sont partout », m’a écrit Xavier par SMS avant de m’envoyer la couverture du livre Bob Marley et la fille du dictateur d’Anne-Sophie Jahn. Quand on me dit ça, j’hésite toujours entre les Juifs et les Libanais. Xavier m’a ensuite photographié une page du livre où j’ai pu découvrir que le père de Bob, Norval Sinclair Marley, appartenait à une famille de riches...

commentaires (1)

Pourquoi Juif ou Libanais? Il y a des juifs libanais que je sache.

Marionet

00 h 56, le 02 juillet 2021

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Commentaires (1)

  • Pourquoi Juif ou Libanais? Il y a des juifs libanais que je sache.

    Marionet

    00 h 56, le 02 juillet 2021

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