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Environnement - Crise des déchets

Promesse de réouverture de la décharge de Bourj Hammoud-Jdeidé

Les sacs poubelles s’entassent depuis plusieurs jours dans les rues du Kesrouan et du Metn, après la fermeture du site, devenu cible des ferrailleurs.

Promesse de réouverture de la décharge de Bourj Hammoud-Jdeidé

À Kaslik, des piles de sacs poubelles débordent sur la voie publique. Les déchets n’ont pas été ramassés dans la région depuis plusieurs jours. Photo Suzanne Baaklini

Le calvaire des habitants du Kesrouan et du Metn, qui voient leurs régions crouler sous les déchets depuis plusieurs jours, devrait bientôt prendre fin. Fermée depuis la semaine dernière, la décharge côtière de Bourj Hammoud-Jdeidé devrait rouvrir ses portes à partir d’aujourd’hui sous surveillance sécuritaire, selon Nabil Jisr, président du Conseil du développement et de la reconstruction (CDR). Le site avait été fermé jeudi dernier, après un afflux de personnes venues collecter des matériaux recyclables. Une pratique de plus en plus répandue en ces temps de crise, mais qui a donné lieu à des accrochages avec les employés de la décharge et entravé le bon fonctionnement du site.

« La décharge va rouvrir aujourd’hui (mardi) en principe. Les municipalités concernées et les forces de sécurité se sont mises d’accord pour monter la garde, tour à tour », indique M. Jisr à L’Orient-Le Jour. « Il y a eu des incidents sur le terrain, ajoute-t-il. Certains employés ont été agressés à l’arme blanche par ceux qui viennent ramasser la ferraille. Ils entravent le passage des camions et se faufilent partout. Voilà pourquoi nous allons mettre en place un système de surveillance. »

« Situation désastreuse »

Walid Bou Saad, directeur de Ramco, la société en charge du ramassage des déchets, confirme pour sa part que la collecte s’est arrêtée le 17 juin, avec la fermeture soudaine de la décharge. « La direction du site explique avoir fermé l’endroit après avoir eu affaire à des personnes d’origine syrienne qui s’introduisaient dans les lieux pour voler des matériaux recyclables, avance-t-il. Ces personnes auraient même agressé les employés et volé des outils de travail présents sur place. »

Pour mémoire

Nouvelle minicrise de déchets, nouvelle solution temporaire

Sauf qu’en attendant le règlement du problème, ce sont les habitants du Kesrouan et du Metn qui font les frais de cette interruption. « La situation est désastreuse, témoigne une habitante de Jounieh. Les déchets sont partout et nous ne savons plus quoi faire. » En effet, les sacs poubelles s’amoncellent dans les moindres recoins, débordant même sur la voie publique dans certains quartiers.

Objet de nombreux litiges, la décharge de Bourj Hammoud-Jdeidé est en cours d’agrandissement depuis le début de l’année, après qu’une de ses composantes fut arrivée à saturation il y a quelques mois. Le projet prévoit la création d’une annexe à la décharge sur un terrain de 40 000 m2 sur le littoral de Jdeidé. Le ministère des Finances avait débloqué 18 millions de dollars pour l’aménagement de ce terrain. Une solution temporaire de plus, dans un pays qui ne possède toujours pas de politique claire pour la gestion des déchets ménagers et dont la plupart des décharges sont aujourd’hui saturées.

Crise politique ?

Si les considérations d’ordre sécuritaire semblent motiver la décision prise par la direction de la décharge, il semblerait que ce dossier ait pris une tournure politique, dans le sillage des conflits qui émaillent la scène interne. Dans un communiqué publié hier, le Courant patriotique libre (CPL) – dont l’entrepreneur en charge des travaux d’agrandissement de la décharge est réputé être proche – a accusé une personne originaire de Roueissat, une localité chiite du Metn affiliée au mouvement Amal, d’être responsable de l’irruption des ferrailleurs qui sèment le trouble dans le dépotoir.

« La crise des déchets empire dans plusieurs régions, notamment le Kesrouan et le Metn, lit-on dans le communiqué. Des centaines d’ouvriers syriens sont envoyés de la région de Roueissat pour collecter le plastique et le fer, ce qui entrave le travail au sein de la décharge (...). Le CPL appelle le ministre de l’Intérieur à intervenir, car il n’est pas normal que les déchets remplissent les rues, tout simplement parce qu’on ne veut pas mettre un frein à des personnes influentes dont les orientations et les affiliations sont connues. »

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Interrogé par L’OLJ, un responsable au sein du parti aouniste n’hésite pas à pointer du doigt la formation berriyiste, avec laquelle les relations ne sont pas au beau fixe depuis un moment, notamment en ce qui concerne la formation épineuse du gouvernement. « Nous savons qu’il y a une personnalité influente à Roueissat et proche de Nabih Berry (chef du mouvement Amal, NDLR) qui envoie des Syriens pour récupérer du plastique et du métal, affirme-t-il. Ces personnes-là entravent le travail de la décharge et empêchent les camions de rentrer. Nous ne comprenons pas pourquoi les forces de sécurité ne sont pas encore intervenues. De quoi ont-elles peur ? » Contacté par L’OLJ, un proche de Nabih Berry s’est dit étonné par ces accusations et s’est refusé à tout autre commentaire.

Le calvaire des habitants du Kesrouan et du Metn, qui voient leurs régions crouler sous les déchets depuis plusieurs jours, devrait bientôt prendre fin. Fermée depuis la semaine dernière, la décharge côtière de Bourj Hammoud-Jdeidé devrait rouvrir ses portes à partir d’aujourd’hui sous surveillance sécuritaire, selon Nabil Jisr, président du Conseil du développement et de la...

commentaires (2)

Puisqu'il y a des gens, Syriens ou autres, qui désirent recycler certains matériaux qui sont dans les déchets de la décharge de Bourj-Hammoud-Jedeideh, pourquoi tout simplement ne pas organiser avec eux, sous surveillance, la collecte de ces ma matérieaux ? Ou alors, chez nous, on ne sait pas...ou ne veut pas savoir ce que recycler signifie ? Et comme toujours, pour ne pas trop se fatiguer les méninges...on rejette le problème sur "les autres" appartenant à des partis concurrents, ou ennemis, ou profiteurs mais incapables...ou d'une autre communauté religieuse....En attendant la prochaine catastrophe écologique. - Irène Saïd

Irene Said

10 h 56, le 22 juin 2021

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Commentaires (2)

  • Puisqu'il y a des gens, Syriens ou autres, qui désirent recycler certains matériaux qui sont dans les déchets de la décharge de Bourj-Hammoud-Jedeideh, pourquoi tout simplement ne pas organiser avec eux, sous surveillance, la collecte de ces ma matérieaux ? Ou alors, chez nous, on ne sait pas...ou ne veut pas savoir ce que recycler signifie ? Et comme toujours, pour ne pas trop se fatiguer les méninges...on rejette le problème sur "les autres" appartenant à des partis concurrents, ou ennemis, ou profiteurs mais incapables...ou d'une autre communauté religieuse....En attendant la prochaine catastrophe écologique. - Irène Saïd

    Irene Said

    10 h 56, le 22 juin 2021

  • Le Liban "fort" est incapable de contrôler quelques ferrailleurs! Alors comment voulez-vous que l'Etat puisse arrêter la contrebande, tant dans les points de passages légaux que les autres? Et vous vous étonnez encore que le juge Bitar continue de tourner en rond dans le dossier de l'explosion du Port? Dans les milieux Orangina, le grand "criminel" maintenant c'est Macron, parce qu'il a refusé de livrer à l'Etat les photos prises par les satellites, car cela pourrait incriminer Israel! Mais alors, ce dépôt de nitrate d'ammonium appartenait vraiment au Hezbollah!!! Et l'hypothèse de l'utilisation de ce produit par le régime Syrien dans ses "barils explosants" est correcte!!!

    Georges MELKI

    09 h 43, le 22 juin 2021

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