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Moyen-Orient - Disparition

Alaa al-Siddiq, porte-voix des prisonniers de conscience aux EAU

Âgée de 33 ans, la militante émiratie des droits humains est décédée samedi dans un accident de voiture en Angleterre.

Alaa al-Siddiq, porte-voix des prisonniers de conscience aux EAU

L’activiste émiratie Alaa al-Siddiq. Capture d’écran Twitter

Sa disparition a provoqué une onde de choc parmi les militants et les défenseurs des droits humains dans le Golfe. Alaa al-Siddiq, activiste émiratie et directrice exécutive de l’ONG indépendante ALQST for Human Rights, est décédée samedi 19 juin dans un accident de voiture à Oxfordshire, en Angleterre. Âgée de 33 ans, la jeune femme était devenue l’une des figures de proue de la défense des droits humains dans le Golfe, dans le sillage de l’incarcération arbitraire de son père, Mohammad Abdel Razzaq al-Siddiq, aux Émirats arabes unis (EAU). Alors que la répression s’est intensifiée au cours des printemps arabes, cet activiste et professeur d’études islamiques a d’abord été emprisonné en mars 2012 après avoir publié des tweets critiquant des propos tenus par le gouverneur de l’émirat de Sharjah avant d’être condamné à dix ans de prison en 2013 aux côtés de 93 autres prisonniers de conscience.

Connu pour son activisme, il avait déjà été déchu de sa nationalité en décembre 2011 pour avoir signé une pétition appelant à la mise en place de réformes sur le plan législatif aux EAU pour assurer une élection équitable du Conseil national. « Je n’ai pas entendu sa voix depuis 8 ans ! Mon père est professeur d’études islamiques... Il n’a pas établi d’organisation secrète... Mon père est innocent », avait déploré Alaa al-Siddiq en juin 2020 dans un appel à l’intention des organisations de défense des droits humains pour l’aider à mettre un terme à son calvaire. Alaa al-Siddiq « a quitté ce monde, tandis que son père, Mohammad al-Siddiq, croupit dans les tristement célèbres prisons des Émirats arabes unis », a fustigé sur Twitter Abdallah Alaoudh, militant saoudien et fils du prédicateur Salmane al-Aouda, emprisonné dans le royaume wahhabite depuis 2017.

Depuis la confirmation du décès de la jeune femme dimanche par ALQST, les hommages se sont multipliés sur les réseaux sociaux, saluant sa détermination et son engagement. « Beaucoup de gens se souviendront de son dévouement inlassable à son travail ; sa passion d’aider les autres et de les défendre ; sa puissante défense des droits humains et ses efforts pour appuyer de bonnes causes », a souligné ALQST dans un communiqué dimanche. « C’est une très grande perte, et personne ne pourra combler sa place vide », a déclaré pour sa part Khalid Ibrahim, directeur exécutif du Gulf Center for Human Rights.

Interrogations

Si la police britannique a indiqué qu’il s’agissait d’un accident et qu’elle publierait, selon ALQST, les résultats de l’enquête lorsqu’elle sera terminée, des interrogations persistent et plusieurs voix se sont élevées en ligne pour demander une enquête approfondie. « Bien que nous n’ayons aucune raison de croire que la mort de Alaa al-Siddiq n’était rien d’autre qu’un accident tragique, nous avons besoin que les autorités britanniques nous rassurent qu’aucun acte criminel n’a été engagé – étant donné le bilan des gouvernements émirati et saoudien en matière de surveillance, de ciblage et de harcèlement des militants et de leurs familles à l’étranger », a souligné dans un communiqué Sarah Leah Whitson, la directrice exécutive de l’ONG DAWN créée par le journaliste saoudien Jamal Khashoggi. Elle a également demandé à ce que la dépouille mortelle de Alaa al-Siddiq puisse être rapatriée aux EAU et à ce que son père soit relâché pour assister aux funérailles de sa fille.

Pour mémoire

Ces activistes saoudiens qui croupissent toujours en prison

Après l’arrestation de son père, Alaa al-Siddiq avait demandé l’asile au Qatar en 2012, où elle résidait chez des proches avec son mari, tandis que trois de ses frères et sœurs ont été déchus de leur nationalité en 2016. Diplômée de l’université de Sharjah d’une licence d’études islamiques en 2010, l’activiste a ensuite obtenu un master en politiques publiques de l’université Hamad ben Khalifa à Doha en 2016 avant d’obtenir l’asile à Londres deux ans plus tard. Un an après le lancement du blocus contre le Qatar en 2017 par les EAU et ses alliés, le chef de la diplomatie qatarie avait indiqué que les Émirats avaient demandé à ce que la femme d’un dissident soit extradée depuis Doha vers Abou Dhabi en 2015, chose que le Qatar avait refusé de faire. Cité par al-Jazeera, le rédacteur en chef du journal qatari al-Arab, Abdallah al-Athbah, a indiqué qu’il s’agissait en réalité de Alaa al-Siddiq.

Depuis Londres, la jeune militante poursuivait son combat pour la libération de son père et, plus largement, pour la défense des activistes emprisonnés dans le Golfe – d’abord en tant que directrice au sein du média Diwan, qui organise des événements réunissant des activistes et des intellectuels du Golfe, avant de devenir la directrice exécutive de l’ONG ALQST en décembre dernier. Créée par le militant saoudien Yahya Assiri en 2014, cette organisation a pour objectif de défendre et de promouvoir les droits humains en Arabie saoudite. Consciente des risques qu’elle pouvait encourir dans le cadre de son activisme, Alaa el-Siddiq ne se laissait pas intimider, mais avait « fait part de menaces de mort », selon un de ses collègues cité dimanche sous couvert d’anonymat par le quotidien britannique The Telegraph. Interrogée en mars dernier par L’Orient-Le Jour au sujet des dangers qui planent sur les défenseurs des droits humains en Arabie saoudite, et plus largement dans le Golfe, Alaa al-Siddiq avait dressé un constat sans appel : « Les personnes qui défendent les activistes sont également considérées comme des criminels aux yeux des autorités. Ils sont aussi sous pression : menacés ou contraints à l’exil pour pouvoir continuer à défendre les droits humains dans le royaume. »

Sa disparition a provoqué une onde de choc parmi les militants et les défenseurs des droits humains dans le Golfe. Alaa al-Siddiq, activiste émiratie et directrice exécutive de l’ONG indépendante ALQST for Human Rights, est décédée samedi 19 juin dans un accident de voiture à Oxfordshire, en Angleterre. Âgée de 33 ans, la jeune femme était devenue l’une des figures de proue de la...

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