Des stations-service Coral réservées aux transports publics, selon Tleiss et Abou Chacra

Alors que les files d’attente d’automobilistes étaient toujours très importantes devant les stations-service en ce début de semaine, certains points de vente appartenant au réseau de la société Coral vont être réservés à l’approvisionnement en carburant des transporteurs publics – bus, taxis et camionnettes.

L’annonce a été faite hier par deux responsables syndicaux, Bassam Tleiss qui préside l’Union des syndicats des transports terrestres, et Fadi Abou Chacra, qui représente les distributeurs de carburant, lors d’une conférence de presse conjointe organisée à Beyrouth à l’issue d’une réunion consacrée au dossier à laquelle participait aussi, selon l’Agence nationale d’information, le représentant de Coral au Liban, Jean Nassar.

Débuts à Raouché

C’est la station-service Coral à Raouché, sur la côte beyrouthine, qui est la première à appliquer ce nouveau système pour les seuls conducteurs du Grand Beyrouth, qui devront présenter les permis et vignettes attestant de leur qualité de transport public pour pouvoir s’approvisionner en essence « de six heures du matin à six heures du soir ». Selon Fadi Abou Chacra, que L’Orient-Le Jour a contacté, les autres automobilistes ne pourront en principe plus s’approvisionner auprès de ce point de vente. De son côté, Bassam Tleiss a déclaré que Coral était d’accord pour « généraliser » le système dans les autres régions du pays et envisage de communiquer « dans 48 heures » les adresses des stations concernées, une fois que la liste sera fixée en accord avec le distributeur. Il estime que cette nouvelle organisation devrait limiter l’attente auprès des autres stations-service. Il a enfin affirmé, sans plus de précisions, que l’accord conclu avec Coral portait pour le moment uniquement sur l’essence, à hauteur de « 50 000 livres par voiture », en attendant de nouveaux développements, n’excluant pas un accord similaire pour le mazout, ainsi que la mobilisation d’autres stations dans le Grand Beyrouth.

Fadi Abou Chacra a conclu son discours en annonçant qu’une solution similaire réservée à d’autres filières était « à l’étude », évoquant notamment les médecins ou les « professionnels des médias ». Les deux responsables sont restés vagues sur les raisons qui ont poussé Coral, plutôt qu’un autre distributeur, à participer à cette initiative, Fadi Abou Chacra évoquant « une volonté de venir en aide aux Libanais ». Au Liban, Coral est dirigée par Oscar Alfred Yammine, dont le nom a été cité par Fadi Abou Chacra pendant la conférence de presse, pour évoquer la mobilisation du distributeur.

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Flou sur l’avenir des subventions sur le carburant

Contacté, le syndicat des propriétaires de stations-service a « salué l’initiative ». Mardi dernier, l’organisation avait annoncé que des stations-service allaient réserver une voie prioritaire pour les bus et les taxis, après une réunion justement tenue avec Fadi Abou Chacra et Bassam Tleiss. Sur un plan plus large, le porte-parole de l’organisation, Georges Brax, a appelé la Banque du Liban (BDL) à adopter une position claire sur la question des subventions et à s’y tenir, soulignant que l’une des principales raisons des problèmes d’approvisionnement des stations-service était liée aux retards de la Banque centrale dans le processus de déblocage des crédits. Une explication également retenue du côté des importateurs de carburant.Les importations d’essence, de mazout et de gaz domestique sont subventionnées par la BDL, qui permet aux importateurs d’échanger auprès d’elle leurs livres au taux officiel (1 507,5 livres pour un dollar) afin d’obtenir 90 % des montants en dollars qu’ils doivent payer à leurs fournisseurs. Un mécanisme lancé au début de la crise pour limiter l’inflation des prix en livres de ces produits mais que les autorités ont annoncé à plusieurs reprises vouloir supprimer, face à l’épuisement des réserves de devises de la banque centrale qui sert à le financer – cette dernière tendance ne pouvant être inversée tant que le pays n’aura pas entamé un assainissement sérieux de son secteur financier et de ses finances publiques.

La semaine dernière, le ministre de l’Énergie et de l’Eau, Raymond Ghajar, avait indiqué que le prix des 20 litres d’essence pourrait atteindre 200 000 livres si les subventions étaient levées. Il avait également ajouté que la BDL pourrait toutefois continuer de subventionner les importations de carburant à un certain niveau inférieur à l’actuel lorsque la « carte d’approvisionnement » devant servir de substitut serait mise en place. Georges Brax avait alors réagi en affirmant avoir compris que la BDL pourrait maintenir un mécanisme de subvention similaire à l’actuel, mais en fixant le taux auquel les importateurs peuvent lui acheter des devises à 3 900 livres pour un dollar – soit le même taux que pour les retraits de « dollars libanais » (lollars) bloqués par les restrictions bancaires.