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Culture - Publication

« L’œuvre au fil » d’Etel... compilée dans un beau livre

Édité par Andrée Sfeir-Semler, avec le soutien de l’ambassade américaine de Beyrouth, « Etel Adnan. The Uprising of Colors » est le dernier-né des ouvrages consacrés à la star de l’art contemporain libanais. 

« L’œuvre au fil » d’Etel... compilée dans un beau livre

« Etel Adnan, The Uprising of Colors » est le dernier-né des ouvrages consacrés à la star de l’art contemporain libanais. Photo DR

Depuis la reconnaissance internationale que lui a apportée sa participation à la Documenta 13 de Cassel en 2012, Etel Adnan n’en finit plus de faire parler d’elle. Outre les articles que lui consacre régulièrement la presse internationale, plusieurs ouvrages abordant son parcours et son œuvre ont été publiés ces dernières années. Cela va des livrets explicatifs accompagnant ses expositions aux essais sur son œuvre globale de peintre, poète et écrivaine, en passant par un recueil d’entretiens – Un printemps inattendu, édité par la Galerie Lelong & Co., dans lequel figure le grand entretien qu’elle avait accordé à L’Orient-Le Jour en 2016.

Etel Adnan. The Uprising of Colors, le livre qu’Andrée Sfeir-Semler sa galeriste au Liban et en Allemagne vient d’éditer, avec le support financier de l’ambassade américaine de Beyrouth, n’est donc pas le premier opus qui lui est dédié. Il est cependant inédit. Car cette somme de près de 340 pages, au titre reprenant l’intitulé même de la dernière exposition de l’artiste à la galerie Sfeir-Semler de Beyrouth en 2020, se concentre, cette fois, sur l’un des aspects particuliers de la pratique artistique d’Etel Adnan, celle de la tapisserie contemporaine.

À la fois beau livre – il en a les caractéristiques – et catalogue raisonné de ses œuvres tissées, il en offre une vue d’ensemble, à travers une compilation en images de la totalité des 92 pièces qu’elle a signées de 1965 à 2021 accompagnées de textes mettant en lumière leur importance dans son univers artistique.


Une couverture solaire... DR

« Une haute marée de chaleur et de couleurs… »

Et l’on plonge dans cet opus, à la couverture solaire, dans l’intensité radieuses de ses « œuvres au fil » abstraites et colorées (dont le retraçage a nécessité à l’équipe de la galerie un an de recherches à travers le monde), ainsi que dans la fluide narration des étapes de leur création. Des visuels soutenus par trois textes, respectivement signés par Andrée Sfeir-Semler, Sébastien Delot (historien de l’art et directeur du musée LaM de Lille), et Jacques Bourdeix (le cartonnier et coloriste qui interprète depuis près d’une décennies ses œuvres sur du fil), ainsi que par une interview avec Etel conduite par sa galeriste libanaise.

Sous des perspectives différentes, les trois auteurs font le récit du « rapport poétique » de l’artiste à cet art millénaire. Dont elle compare d’ailleurs le travail à « une haute marée de chaleur et de couleurs » (extrait du poème Laine d’Etel Adnan intercalé sur feuillets entre les pages).

Signées « Balkis »

La rencontre fondatrice, sorte d’éblouissement d’Etel Adnan, avec la tapisserie, a eu lieu en 1949 devant La Dame à la Licorne, fameuse tenture médiévale exposée au musée de Cluny à Paris, apprend-t-on dans cet ouvrage. Mais c’est sa découverte près de deux décennies plus tard, au tout début des années 1970, du travail des enfants égyptiens de l’école de tissage de Wissa Wassef qui marquera de son empreinte indélébile sa quête constante d’innocence dans l’art.

Entre-temps, elle aura esquissé vers 1958-59 ses premiers dessins destinés à des tapisseries, qu’elle ne fera réaliser cependant qu’à partir de 1965. En Tunisie d’abord, puis aux États-Unis, au Liban (avec Roger Caron, un artiste canadien qui avait installé un atelier de tissage dans la Békaa) et en France. Les années de guerre libanaise et les multiples déplacements de l’artiste vont néanmoins l’empêcher de développer plus ce nouveau champ d’expression… Elle abandonne la production tapissière au cours des dernières décennies du siècle dernier. Et c’est Andrée Sfeir-Semler qui va contribuer à « retisser » la relation d’Etel avec la matière textile en la mettant en contact avec la très réputée manufacture d’Aubusson de Lucas Pinton en 2013.

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Si, dès le début, Etel Adnan prend soin de distinguer ses dessins de tapisseries de ses peintures – dans les années 1960-70 elle s’amusait même à en signer certaines Balkis, confie-t-elle dans ce livre sans en révéler plus –, ce parti pris va s’accentuer lors de sa collaboration avec les liciers de Pinton (ouvriers travaillant sur les métiers à tisser, NDLR) au cours de cette dernière décennie de grande productivité.

Par leurs grandes dimensions (150 x 200 cm pour la plupart), à l’opposé des petits formats de ses tableaux auquel l’aura contrainte un mal de dos chronique, et leurs compositions d’arbres, de signes et de motifs abstraits mêlés, ses œuvres au fil ne sont jamais des imitations de ses toiles, même si elles restent dans la même veine d’un art radieux aux vibrations positives et colorées…

« Mes tapisseries sont des jardins suspendus, des jardins sur les murs. Ce sont des images intentionnellement créées pour apporter du bonheur à ceux qui les regardent. Par leur laine qui donne de la douceur et de la vie, elles humanisent l’espace qui les abrite », affirme d’ailleurs Etel Adnan.

Des couleurs et des mots dont on se délecte au fil des pages de ce beau livre, incluant également une intéressante introduction à cet artisanat d’art à travers un glossaire explicatif de ses termes spécifiques. Un ouvrage de référence adressé aux institutions muséales, fondations et universités locales et internationales, auxquelles il a été d’ailleurs distribué gracieusement, mais qui reste agréable à compulser par un lectorat plus large, et notamment les férus de l’art d’Etel Adnan. 

Depuis la reconnaissance internationale que lui a apportée sa participation à la Documenta 13 de Cassel en 2012, Etel Adnan n’en finit plus de faire parler d’elle. Outre les articles que lui consacre régulièrement la presse internationale, plusieurs ouvrages abordant son parcours et son œuvre ont été publiés ces dernières années. Cela va des livrets explicatifs accompagnant ses...

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