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Au Liban-Sud, l’Italie allume les projecteurs sur le château de Chamaa

Une enveloppe de 700 000 euros a été débloquée par le gouvernement italien pour la restauration de l’édifice, sérieusement endommagé lors des conflits israélo-libanais.

Au Liban-Sud, l’Italie allume les projecteurs sur le château de Chamaa

Ces vestiges remontent à l’époque de cheikh Abbas Mohammad el-Nasser. Photo fournies par l’ambassade d’Italie

Une subvention octroyée par l’Agence italienne pour la coopération au développement (AICS), d’un montant de 700 000 euros, a permis de restaurer le château de Chamaa ou Qalaat Chamaa, situé dans le caza de Tyr au Liban-Sud, à 99 kilomètres de Beyrouth. Construite sur un haut plateau, avec une magnifique vue sur la Méditerranée et la Palestine, la citadelle a occupé depuis l’époque romaine et jusqu’aux conflits israélo-libanais une position stratégique dans la région. En grande partie détruite au cours de la guerre de l’été 2006 par l’armée israélienne, elle vient d’être restaurée et remise aux autorités libanaises par l’ambassadrice d’Italie à Beyrouth, Nicoletta Bombardiere, à la date symbolique du 2 juin, le jour où l’Italie célébrait la fête de la République. Connu depuis l’époque romaine, le lieu était inscrit dans un circuit de sites stratégiques. L’experte italienne Marisa Calia, qui a supervisé les travaux de restauration du site, indique que les données archéologiques collectées montrent qu’il a été antérieurement restauré en 271 après J-C, date confirmée par la découverte d’un fragment de sol en mosaïque lors des fouilles réalisées sous la direction de l’archéologue et responsable des vestiges à Tyr auprès du ministère de la Culture, Ali Badaoui. Ce dernier signale aussi que Chamaa dirigeait un certain nombre de localités, situées sur les collines voisines, telles Iramt, Oum el-Rab et Alexandrette (à ne pas confondre avec l’Alexandrette turque).

Des croisades à cheikh el-Nassar

Au VIe siècle, le site fut endommagé par un tremblement de terre qui a frappé toute la région. Cependant les documents manquent pour savoir ce qui est arrivé à la colonie de Chamaa après la conquête de la région par l’islam. Au XIIe siècle, les Francs s’emparent du lieu et l’occupent jusqu’en 1291, et construisent une tour dominant la plaine environnante. Le travail d’enquête mené par Ali Badaoui a également permis de retrouver de vieux documents relatant que vers 1750 le château et le village ont connus un renouveau majeur. Ils sont restaurés par le gouverneur de Tyr, cheikh Abbas Mohammad el-Nassar, de la dynastie chiite Ali el-Saghir, qui établit une autonomie de facto sur la région, et le château devient la propriété de sa famille. La citadelle, utilisée à des fins militaires et résidentielles, subit d’importants travaux de rénovation. Son fils, cheikh Kayed, ajoutera par la suite des structures sur le côté nord du château, rapporte l’experte Marisa Calia. C’est à l’époque de ces seigneurs de Jabal Amel que le château acquiert l’importance d’un centre local économique et religieux. En effet, le site tire son nom du sanctuaire chiite attribué par la tradition locale au tombeau du prophète Chemoun es-Safa (maqam Chemoun es-Safa) qui serait saint Simon le Zélote ou le Cananéen, un des 12 apôtres de Jésus. Selon la croyance chiite, il était également un ancêtre de l’imam Mahdi. La période d’essor de Chamaa se termine toutefois en 1781 lorsque Nassar est tué au cours d’une lutte de pouvoir avec le gouverneur ottoman de Sidon, qui décime la population chiite lors de purges brutales. Un siècle plus tard, en 1875, en mission scientifique au Proche-Orient, l’archéologue et géographe français Victor Guérin note que le château, « en ruine », est entouré d’une enceinte flanquée de distance en distance de tours semi-circulaires. L’intérieur est divisé en deux parties : une au nord où résidait « le pacha » ; l’autre au sud qui était occupée par une soixantaine d’habitations privées. « La salle du divan était ornée de plusieurs colonnes monolithiques de granit gris (…) Près de là, encore debout avec son dôme blanc et son minaret, un sanctuaire dédié au prophète Chemoun es-Safa ».

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En 1881, le Survey of Western Palestine, qui réunissait une série de sondages effectués par le Palestine Exploration Fund entre 1872 et 1877, décrivait Qalaat Chamaa comme « un château de construction moderne situé sur une colline conique très élevée et bien visible, vue de loin. Il est occupé par une quarantaine de musulmans. Le sol autour est couvert avec des broussailles et est inculte. Il y a dix citernes pour l’eau ».

L’histoire contemporaine

À l’instar du château de Beaufort dans le caza de Nabatiyé, Qalaat Chamaa a servi de 1978 à 2000 de poste militaire stratégique à l’armée israélienne qui occupait la région. Afin de faciliter l’accès de ses blindés au site, « la troupe démolit la porte historique du château, qui date de 250 ans et dont certaines parties remontent à huit siècles », signale Ali Badaoui. Lors de la guerre de 2006, « l’ennemi a braqué ses canons et ses missiles sur la forteresse et sur le sanctuaire de Nabi Chamaa, qui ont été en grande partie détruits. Un crime de guerre culturel qui mérite un procès au pénal », ajoute l’archéologue. Le château étant situé à proximité du QG du contingent militaire italien de la Finul, en 2008 le commandant du bataillon, le général Stefano Del Col (aujourd’hui chef de mission et commandant de la Force intérimaire des Nations unies au Liban), a œuvré pour consolider les parties restantes de la citadelle. Quant au maqam du prophète Nabi Chemoun es-Safa, il a été réhabilité avec le soutien de Qatar.

La restauration du château de Chamaa a porté sur les parties datant de 1750 environ. Photo fournies par l’ambassade d’Italie

La restauration

« Le château, ses fortifications et les habitations ont été étudiés dans l’espoir que nous puissions restaurer tout l’ensemble », signale Ali Badaoui. Mais en raison des ressources limitées, l’accent a été mis sur la zone de la forteresse et son espace intérieur. Les travaux pilotés par le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) et la Direction générale des antiquités ont porté plus sur les parties datant de 1750 environ, c’est-à-dire de l’époque de cheikh Abbas Mohammad el-Nassar. Ils comprennent le renforcement des murs intérieurs et extérieurs, la restauration des trois tours et la cour du château. Outre l’installation de panneaux explicatifs, une série de sentiers et de passerelles métalliques ont été créés pour rendre les lieux accessibles aux visiteurs. Selon Marisa Calia, la restauration et la consolidation des structures restantes ont été effectuées dans le respect des normes internationales pour la préservation du patrimoine culturel. Les gravats résultant du nettoyage du site ont atteint les 10 000 m3. Les fouilles et la collecte des données archéologiques ont permis l’interprétation et la dotation chronologique du site. « L’objectif de la Direction générale des antiquités sera de réhabiliter l’une des vieilles maisons pour la transformer en musée du site où seront exposés des artefacts exhumés lors des excavations », ajoute M. Badaoui.

L’ambassadrice Bombardiere et le ministre libanais de la Culture, Abbas Mortada, ont inauguré le château de Chamaa en présence notamment du maire de Chamaa, Abdel Kader Safieddine, du directeur général des Antiquités, Sarkis Khoury, et du général Del Col. « Cette cérémonie me donne l’occasion de rappeler que l’Italie et la Coopération italienne au développement restent pleinement engagées dans la préservation et la promotion du patrimoine culturel libanais. À travers le programme Patrimoine culturel et développement urbain, nous soutenons des projets de restauration pour une valeur de 12 millions d’euros », a déclaré Mme Bombardiere à cette occasion.

Après la restauration du tombeau de Tyr et la rénovation complète d’un étage du musée national de Beyrouth, « d’ici à 2022, les projets de restauration entrepris sur le site archéologique de Baalbeck et celui de Tyr seront menés à terme », a signalé l’ambassadrice. Les six colonnes du temple de Jupiter sont en effet en cours de restauration ainsi que l’aménagement de sentiers et de passerelles en métal pour faciliter le déplacement des visiteurs. De même, une nouvelle entrée au site ainsi qu’un centre pour les visiteurs sont en cours d’aménagement. D’autre part, dans la zone du vieux port de Tyr, les colonnes de marbre cipolin de la voie romaine sont en cours de consolidation.

Une subvention octroyée par l’Agence italienne pour la coopération au développement (AICS), d’un montant de 700 000 euros, a permis de restaurer le château de Chamaa ou Qalaat Chamaa, situé dans le caza de Tyr au Liban-Sud, à 99 kilomètres de Beyrouth. Construite sur un haut plateau, avec une magnifique vue sur la Méditerranée et la Palestine, la citadelle a occupé depuis...

commentaires (3)

Ca resemble un peu le chateau de Tebnine.

Stes David

18 h 53, le 15 juin 2021

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Commentaires (3)

  • Ca resemble un peu le chateau de Tebnine.

    Stes David

    18 h 53, le 15 juin 2021

  • Pour information : au sud de Tyr , direction Nakoura , 15 km. bif. a gauche, DEMANDEZ TOUJOURS .Tous les alentours a ne pas manquer, mais attention à l'essence ...

    aliosha

    11 h 25, le 15 juin 2021

  • Prières ... pour des informations si intéressantes, d'inclure une carte topographique du Liban, indiquant l'emplacement des divers lieux mentionnés ... par example château de Chamaa ... pour mieux éclairer vos lecteurs Libanais ...

    Hagop Dantziguian / DANTZIGUIAN HRAYR AUTOMATION SYSTEMS OLJ02841

    07 h 51, le 15 juin 2021

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