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Culture - Cinéma

« Le fantasme, ce n’est pas simplement une femme nue »

Réalisateur, programmateur et producteur, Gauthier Raad coorganise un festival du film du fantasme en deux volets : l’un qui se déroule actuellement en ligne et l’autre prévu en présentiel en novembre.

« Le fantasme, ce n’est pas simplement une femme nue »

L’affiche du festival du film du fantasme. Photo DR

De la réalisation à la production et à la programmation, vous changez de casquette, mais l’objectif est le même, l’amour du cinéma. Parlez-nous de votre parcours...

Diplômé des beaux-arts de l’Université libanaise avec des études cinématographiques supérieures à Séoul, mais aussi à Paris X et à Montpellier, je suis établi à Paris et j’ai commencé ma carrière dans le milieu cinématographique en 2012 en réalisant trois courts-métrages et deux documentaires financés par le Centre national du cinéma (CNC) en France. Petit à petit, je me suis orienté vers la production qui occupe actuellement tout mon temps, car aujourd’hui je suis chargé de production à la télé France 24. Quant à la programmation de festivals, c’est l’amour inconditionnel que je porte au cinéma qui m’a poussé à prendre cette voie. On dit souvent que le cinéma est utilisé comme instrument visuel dans un système éducationnel. Je trouve qu’on n’en fait pas assez.

Qu’est-ce qui vous a poussé à créer le LIFF (Lebanese International Film Festival) ?

En 2016-2017, j’étais déjà en France. Le concept de festival de films indépendants n’existait pas encore au Liban. Il y avait beaucoup de festivals que j’aimais beaucoup, mais pas ce genre-là. Or le monde entier parlait déjà de la mort de Hollywood. Comme je dirigeais déjà un festival de films indépendants aux États-Unis, je voulais faire de même au Liban en créant le LIFF, qui a eu deux éditions réussies.

Après le LIFF, comment vous est venu à l’esprit le festival du film du fantasme qui est une idée assez particulière en son genre ?

Pour moi, la France c’est la liberté de penser, d’expression. J’étais étonné que dans ce pays de libertés, il n’y ait pas de festival qui parle du fantasme ;

j’ai donc entrepris d’en créer un et j’ai soumis l’idée à nos partenaires qui y ont tout de suite adhéré : Dineta Williams-Trigg (codirectrice) ainsi que les sociétés ou studios Full Figure Productions, High Octane Pictures LLC, A Night of Misfit Films Film Festival – USA, LIFF et We Film Festival.

Ce festival s’articule sur trois axes : le premier, sur le fantasme érotique ; le deuxième est centré sur le fantastique et le troisième sur la science-fiction. Et bien sûr le point commun est le film dramatique qui reste « basique ». On a voulu créer une entité différente. C’est un festival qui parle du fantasme pas dans son sens « vulgaire », mais dans son sens psychologique. Quant à l’image, elle devrait être le support de la représentation du fantasme.

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D’où vient le fantasme ? Comment se concrétise-t-il ? Ce sont ces questions-là que nous nous sommes posés. Nous allons donc au-delà du sens sexuel et conventionnel du mot pour atteindre une certaine réalité virtuelle. Il s’agit de parler de ce sujet en mode sens critique et du comment de sa représentation au cinéma.

Le festival a deux volets : un numérique et l’autre en présentiel. Pourquoi ce choix ?

Quand nous avons commencé à préparer ce festival, nous étions sept organisateurs et tous programmateurs d’autres festivals. Le Covid venait de se propager et le confinement nous imposait des règles strictes. Le festival a commencé et se déroule durant tout le mois de juin en ligne (voir plus bas). Les débats auront lieu fin juin sur la version numérique. Tout le monde pourra y participer et poser des questions. Ensuite, en novembre, ce sera la partie présentielle qui verra uniquement les films qui ont gagné en ligne être projetés dans cette seconde édition physique. La première partie est donc une sorte de promotion pour la seconde édition.

Gauthier Raad, réalisateur, programmateur et producteur. Photo DR

Pour un sujet aussi délicat et qui ne doit pas verser ni dans le voyeurisme ni dans l’érotisme, vous avez dû être secondé par des spécialistes ?

En effet, c’est très différent de travailler sur ce festival de niche qui est très délicat. Nous avions besoin donc d’une équipe différente pour être à la fois dans la tolérance mais aussi dans l’objectivité.

J’avoue moi-même être une personne très ouverte d’esprit mais, d’autre part, j’ai un esprit mi-oriental, mi-européen et je suis sûr que je n’ai pas les mêmes normes que les Américains par exemple. Je me mets d’autres limites et d’autres garde-fous. Ma partenaire professionnelle américaine, Dineta Williams-Trigg (codirectrice), et moi avons des visions différentes sur le fantasme. Par ailleurs, le studio High Octane Pictures LLC nous appuie et nous renforce. Il y a donc douze personnes qui regardent les films projetés et donnent leur évaluation. C’est après, à la sélection finale, que je valide ou pas.

Peut-on dire que l’édition de juin est un ballon d’essai ?

Même si nous sommes sûrs de notre idée et de ce concept, nous travaillons depuis sept ans sur d’autres festivals. C’est dire combien nous avons assez d’expérience dans ce domaine, mais, ceci dit, personne ne peut contrôler la réaction du public. Par ailleurs, nos partenaires ont tout de suite compris qu’il n’y aura pas de femme nue sur l’affiche, car il ne s’agissait pas uniquement de cela.

Lorsque nous avons lancé l’appel à candidatures, nous avons reçu plus de 200 films. Ce qui me désole, c’est que nous n’avons reçu aucun film du Maghreb oriental et du Moyen-Orient.

Nous avons donné la chance à des jeunes et des moins jeunes, à des nouveaux venus et des confirmés. Cela fait 12 jours que les films sont en ligne, le public a fortement adhéré et nous n’avons reçu aucune réaction négative.

En novembre, ces films seront projetés en présentiel, auxquels s’ajouteront des titres supplémentaires. Ils seront bien sûr payants (deux euros), car ils ne doivent pas être accessibles à tous.

À l’issue du festival, un prix sera octroyé. Le choix du jury se portera sur un film en fonction de l’originalité de la représentation du fantasme. Il ne s’agira pas de celui qui a créé le scénario le plus délirant, mais de celui qui a traité le fantasme de la manière la plus originale.

Pour suivre le festival en ligne : https://vimeo.com/channels/fantasyfilmfestival

De la réalisation à la production et à la programmation, vous changez de casquette, mais l’objectif est le même, l’amour du cinéma. Parlez-nous de votre parcours... Diplômé des beaux-arts de l’Université libanaise avec des études cinématographiques supérieures à Séoul, mais aussi à Paris X et à Montpellier, je suis établi à Paris et j’ai commencé ma carrière dans le...

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