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Nos Lecteurs ont la Parole

Moi, j’ai vu les mailles de la toile se resserrer

J’ai vu une nation autrefois fière d’afficher son modèle de pont entre l’Occident et l’Orient, de son hospitalité, de sa nourriture, de sa douceur de vivre, de l’ingénuité de son peuple, je l’ai vu céder à la facilité et sortir, tête baissée, de la géographie pour devenir une banlieue d’une zone de non-droit contrôlée par des brigands, s’excusant de ne pas avoir assez de courage pour demander des comptes à ses tortionnaires. J’ai vu tes faiblesses quand tu exhibais ta force, j’ai vu ton arrogance qui t’empêchait de voir ce que j’ai vu et ta bêtise qui t’empêchait de comprendre ce qui était flagrant.

Et j’ai vu une énorme araignée tisser sa toile sur le pays. Elle n’était pas perceptible dans un premier temps, mais l’araignée ourdissait pourtant chaque jour un nouveau fil, sous forme de petites avancées, entrecoupées de temps en temps par une grande secousse, annonçant la capture ou la chute d’une nouvelle proie. Les mailles de la toile se resserraient chaque jour un peu plus, le pays basculait dans la misère, les hommes disparaissaient, tout comme les institutions. Sur les ruines d’un État en décomposition s’érigeait lentement un État parallèle. Les nouveaux vainqueurs illusoires continuaient leur danse macabre sur les corps des perdants par procuration.

À chaque tremblement de la toile, l’araignée et ses acolytes jetaient autour d’eux des regards complices, cherchant à mesurer le degré de résistance auquel ils allaient se heurter. Ces regards étaient tournés aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur, à l’Ouest qu’à l’Est. Peut-être que tu ne serais pas aussi mou, aussi docile qu’ils ne l’avaient supposé… Peut-être que tu allais protester, crier, agir, exiger le respect… Peut-être que ta soumission n’était pas aussi profondément volontaire… En constatant l’absence de toute réaction, ils poussaient un soupir de soulagement un peu surpris et continuaient leur travail de sape pour détruire ta dignité déjà en ruine. La toile invisible se densifiait toujours plus et l’araignée continuait à tramer inlassablement ses fils et tu ne te reconnais plus dans ton pays et tout devient du jour au lendemain vide de sens.

Moi, j’ai vu.

Adib Y. TOHMÉ

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

J’ai vu une nation autrefois fière d’afficher son modèle de pont entre l’Occident et l’Orient, de son hospitalité, de sa nourriture, de sa douceur de vivre, de l’ingénuité de son peuple, je l’ai vu céder à la facilité et sortir, tête baissée, de la géographie pour devenir une banlieue d’une zone de non-droit contrôlée par des brigands, s’excusant de ne pas avoir assez...

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