Au Liban, la vaccination passe à la vitesse supérieure

La campagne de vaccination contre le Covid-19 devra s’accélérer durant les prochaines semaines, avec l’arrivée en juin « de plus d’un million de doses des vaccins Pfizer et AstraZeneca », comme l’affirme à L’Orient-Le Jour Mohammad Haïdar, conseiller du ministre sortant de la Santé. S’ajouteront 750 000 doses qu’importera le ministère pour le compte du secteur privé, principalement les universités « dont les étudiants ne seront pas englobés de sitôt dans la campagne nationale de vaccination, au vu de leur jeune âge ». « Ce qui leur permettra d’entamer la nouvelle année pédagogique en présentiel », précise-t-il. Mais aussi pour le compte de plusieurs secteurs productifs essentiels pour la société, comme l’industrie, le commerce, les transports… « Ceux-ci pourront assurer le vaccin aux personnes âgées de moins de 50 ans, d’autant que la campagne de vaccination ne les aura pas englobés d’ici à juillet », explique le Dr Haïdar.

Depuis le coup d’envoi à la mi-février de la campagne de vaccination contre le coronavirus, 411 492 des 1,4 million de personnes inscrites sur la plate-forme ont déjà reçu leur première dose du vaccin et 213 757 les deux doses, soit respectivement 8,6 et 4,5 %, selon le bilan quotidien du ministère de la Santé. Ce chiffre devra au moins doubler d’ici à fin juillet. « Le plan visant à étendre la vaccination verticalement et horizontalement de manière à inclure (…) les institutions et administrations publiques, ainsi que certains secteurs productifs a débuté », s’est félicité dans ce cadre sur son compte Twitter le ministre sortant de la Santé Hamad Hassan.

Des mégacentres de vaccination

Depuis le début de la semaine, la vaccination sans rendez-vous (walk-in) est ouverte à toute personne âgée de plus de 40 ans et inscrite sur la plate-forme. Des messages pour recevoir le vaccin Pfizer sont également envoyés en masse aux personnes âgées entre 55 et 59 ans, souffrant de maladies chroniques. Parallèlement, « les personnes âgées de moins de 65 ans présentant une ou plusieurs comorbidités, comme le diabète, l’hypertension artérielle, une surcharge pondérale, de l’asthme… sont en train de recevoir des messages pour recevoir leur dose du vaccin Pfizer », précise le Dr Haïdar. La mesure devrait comprendre également, assure-t-il, les personnes présentant une comorbidité, qui avaient été englobées pour le vaccin AstraZeneca puisqu’elles font partie des secteurs considérés comme prioritaires et qui par conséquent ont bénéficié de l’accès à ce vaccin, comme les enseignants et les médias, mais ne l’ont pas pris. Toutefois, « ce sont les personnes qui se sont inscrites en premier sur la plate-forme qui recevront également en premier leur message toutes catégories confondues, note-t-il. D’où l’importance de s’inscrire le plus rapidement possible pour garantir son tour ».

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À partir du mois de juin donc, « nous devrons vacciner toutes les semaines quelque 150 000 à 180 000 personnes », insiste le conseiller du ministre. Pour ce faire, « les actuels centres de vaccination sont en train d’augmenter leurs capacités », d’après une source du comité exécutif pour la vaccination. « Nous envisageons également la mise en place d’ici à la deuxième semaine du mois de juin de mégacentres de vaccination qui pourront accueillir au quotidien près de 5 000 personnes », ajoute-t-on dans les mêmes milieux.

Sept décès et 394 nouvelles contaminations
Le Liban a enregistré hier sept décès et 394 nouveaux cas de contamination au coronavirus, portant à 537 437 le nombre cumulé des cas enregistrés depuis février 2020, au nombre desquels 7 658 décès et 505 348 guérisons. Parmi les cas toujours actifs, 491 patients sont hospitalisés dont 265 en soins intensifs, selon le bilan quotidien du ministère de la Santé. Commentant ces chiffres, le directeur de l’hôpital gouvernemental universitaire Rafic Hariri, le Dr Firas Abiad, s’est demandé s’ils continueront à baisser. Dans une série de tweets, il a fait remarquer que les mesures imposées au début de l’année et le lancement de la campagne de vaccination ont contribué à l’obtention de ces résultats. Pour lui, ces acquis pourraient ne pas durer, puisque « la plupart des gens ne se conforment pas aux mesures de prévention ». « Les rassemblements sans masque et le non-respect de la distanciation physique deviennent fréquents », a-t-il constaté. De plus, « le contrôle des frontières n’est pas strict ». « Des personnes positives au coronavirus rentrent tous les jours » dans le pays et pourraient être « porteuses de nouveaux variants », a-t-il mis en garde.
Le Dr Abiad a en outre souligné que le ministère de la Santé fournit moins d’informations dans ses bilans quotidiens qu’auparavant. Et de se demander : « Est-ce que le processus tester-tracer-isoler a été renforcé au cours des derniers mois ? » « Nous n’en savons rien, a-t-il regretté. Nous ne savons pas davantage si de nouveaux variants sont arrivés au Liban. Cela est fort probable. Quand les indicateurs de la pandémie sont bas, un pays doit être plus vigilant. » Pour lui, il « sera trop tard », si l’on veut « attendre que les chiffres augmentent pour réagir ».