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Moyen-Orient - « Je vous parle de Gaza »

Nouran : À l’hôpital, j’ai vu un jeune homme hurler « je ne veux pas perdre mes jambes »

Alors que le conflit entre l’État hébreu et le Hamas entre dans sa seconde semaine, les bombardements contre la bande de Gaza, sous blocus depuis 2007 et qui abrite près de deux millions de civils, se poursuivent. Un territoire où plus de la moitié de la population a moins de 18 ans et où le chômage chez les jeunes est rampant. Une ville, sous le joug du Hamas, où les habitants ont désormais le sentiment d’être pris pour cible à n’importe quel moment, de jour comme de nuit, sans pouvoir espérer fuir. Au moins 219 personnes, dont 63 enfants, ont péri dans l’enclave palestinienne depuis le 10 mai. « L’Orient-Le Jour » a décidé de donner la parole à ces Gazaouis qui témoignent à la première personne de leur quotidien sous un déluge de feu israélien. Chaque jour, pendant une semaine, un homme ou une femme racontera sa vie dans l’enfer de Gaza. Aujourd’hui, le témoignage de Nouran Daoud, 20 ans, en 3e année d’études d’infirmière.

Nouran : À l’hôpital, j’ai vu un jeune homme hurler « je ne veux pas perdre mes jambes »

Nouran Daoud, 20 ans.

Quand ils ont commencé à bombarder le sud de la ville de Gaza, je n’ai pas hésité. Je me suis portée volontaire pour aider à soigner les blessés qui affluaient à l’hôpital de Deir al-Balah, près du camp de Maghazi où j’habite avec mes parents et mes deux frères. Je ne pourrais jamais vous décrire tout ce que je vois. Des personnes arrivent déchiquetées, leurs familles hystériques, en état de choc, qui les suivent derrière et qu’il faut gérer, et surtout rassurer. Dehors, les bombardements continuent et les familles affluent dans des hôpitaux où il manque de tout, de médicaments comme de matériel médical. Il n’y a pas assez de place pour tout le monde. Les cas graves sont placés sur un matelas, les autres sont traités à même le sol. J’ai vu un jeune homme hurler « je ne veux pas perdre mes jambes » alors que le médecin s’apprêtait à l’amputer d’urgence. Je n’oublierai jamais cette scène.

Commentaire

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Mes parents me dissuadent d’aller à l’hôpital parce qu’ils ont peur pour moi. Ils me harcèlent sur mon téléphone toute la journée. Je ne peux pas répondre et même si je le pouvais, je n’entendrai rien tellement les hurlements crèvent les tympans. Je me concentre sur mes tâches : aller chercher des canules, aider les infirmières à faire des pansements. Ma grand-mère était infirmière, mais moi j’aurais aimé être médecin. Mes notes n’étaient pas assez élevées pour Gaza, alors qu’ailleurs elles seraient acceptables. Peut-être que c’est parce qu’il est très difficile de trouver un emploi ici, les places sont chères. Je connais des infirmiers diplômés reconvertis en chauffeurs de taxi. Après mon shift, je rentre chez moi effondrée et ma mère me répète à chaque fois « je t’avais dit de ne pas y aller ». Mais moi je continuerai à y aller. Si nous ne sommes pas là pour nous entraider, qui le fera ?

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À la maison, les informations passent en boucle. Moi, j’ai toujours les yeux rivés sur l’écran de mon téléphone. C’est vrai que je n’ai pas beaucoup de followers sur Instagram, mais je me suis rendue compte que mes « stories » étaient partagées et vues par plus de 10 000 personnes. Ça me fait plaisir de savoir que les gens s’intéressent à la souffrance de mon peuple. Je ne sors pas de chez moi sauf pour me rendre à l’hôpital. Maman essaie de nous distraire, de nous faire oublier la réalité. Elle nous dit : « Yalla, la trêve arrive », elle ouvre le Coran tout le temps et, chose la plus importante, elle nous fait les petits plats qu’on aime. Mais comment oublier ce qui se passe dehors quand on entend constamment le son des roquettes? Quand vient la nuit, tout Gaza reste éveillé. Qui arriverait à fermer l’œil avec le bruit des bombes ? Je m’endors vers cinq heures lorsque le calme arrive enfin.

Quand ils ont commencé à bombarder le sud de la ville de Gaza, je n’ai pas hésité. Je me suis portée volontaire pour aider à soigner les blessés qui affluaient à l’hôpital de Deir al-Balah, près du camp de Maghazi où j’habite avec mes parents et mes deux frères. Je ne pourrais jamais vous décrire tout ce que je vois. Des personnes arrivent déchiquetées, leurs familles...

commentaires (3)

Ca va, ça va...... Ce qui se passe à Gaza est dramatique ! Mais dites moi quelle voix palestinienne s'est élevée quand nous libanais étions sous les bombes, quand nous les libanais en souffrons depuis 1975 à aujourd'hui, quand ils nous ziggouillaient rien qu'en vérifiant notre religion, quand il y eu l'explosion du port et que des centaines de nos compatriotes sont tombés, quand des milliers de nos compatriotes se sont retrouvés sans bras, sans jambes, sans yeux, sans, sans, sans...... Je peux continuer en énumérant toutes les parties du corps humain....... De grâce nos malheurs nous suffisent ! Alors BASTA qu'ils se débrouillent avec leur HAMAS alias HEZB !!!!

Cabbabe Nayla

21 h 14, le 20 mai 2021

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Commentaires (3)

  • Ca va, ça va...... Ce qui se passe à Gaza est dramatique ! Mais dites moi quelle voix palestinienne s'est élevée quand nous libanais étions sous les bombes, quand nous les libanais en souffrons depuis 1975 à aujourd'hui, quand ils nous ziggouillaient rien qu'en vérifiant notre religion, quand il y eu l'explosion du port et que des centaines de nos compatriotes sont tombés, quand des milliers de nos compatriotes se sont retrouvés sans bras, sans jambes, sans yeux, sans, sans, sans...... Je peux continuer en énumérant toutes les parties du corps humain....... De grâce nos malheurs nous suffisent ! Alors BASTA qu'ils se débrouillent avec leur HAMAS alias HEZB !!!!

    Cabbabe Nayla

    21 h 14, le 20 mai 2021

  • Belle couverture. La photo éclipse tout l’article. Parce que franchement . ca va... on a déjà assez pleuré au liban y compris l’explosion semi atomique du 4 Août déjà oublié par nos chers IRRESPONSABLES. Y a plus de larmes à verser pour d’autres pays. On en est où de l’enquête d’ailleurs?

    LE FRANCOPHONE

    14 h 37, le 20 mai 2021

  • Mignonne cette Nouran, n est elle pas ?

    Robert Moumdjian

    01 h 48, le 20 mai 2021

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