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Moyen-Orient - Décryptage

Le pari risqué du Hamas

En prenant les alentours de Jérusalem pour cible pour la première fois depuis 2014, le mouvement islamiste palestinien au pouvoir dans la bande de Gaza joue gros.

Le pari risqué du Hamas

De la fumée s’échappe après une frappe aérienne israélienne sur l’enceinte de Hanadi, dans la ville de Gaza contrôlée par le mouvement islamiste armé du Hamas, le 11 mai 2021. Mohammad Abed/AFP

De Jérusalem à Gaza, il n’y a parfois qu’un pas. Le Hamas l’a rappelé lundi en s’invitant dans la crise qui agite la ville trois fois sainte depuis plusieurs jours. Le mouvement islamiste a lancé lundi des roquettes en bordure de Jérusalem pour la première fois depuis 2014, alors qu’une révolte palestinienne, durement réprimée, est en cours depuis plusieurs jours dans la partie est de la ville – territoire occupé par Israël – en raison de la menace d’expulsion qui pèse sur plus d’une dizaine de familles du quartier de Cheikh Jarrah au profit de colons juifs. « Le Hamas envoie ici un message aux Israéliens qui est que Jérusalem est une ligne rouge », observe Hamada Jaber, consultant au Palestinian Center for Policy and Survey Research, basé à Ramallah.

L'éditorial de Issa Goraïeb

Dépossessions

Le Hamas indiquait hier avoir lancé 137 roquettes en « cinq minutes » sur la ville israélienne d’Ashkelon, au nord de la bande de Gaza, ainsi que sur la ville voisine d’Ashdod, faisant deux morts, ciblant également la ville de Jérusalem. De son côté, l’armée israélienne multiplie les raids aériens contre l’enclave palestinienne, sous blocus depuis 2007. Au moins vingt-six Palestiniens, dont plusieurs enfants et deux commandants du second groupe islamiste armé de la bande de Gaza, le Jihad islamique, ont trouvé la mort depuis lundi selon le dernier bilan du ministère local de la Santé communiqué hier après-midi, le plus important depuis novembre 2019.

Un jeu dangereux

En s’attaquant directement à Jérusalem, le mouvement islamiste joue un jeu dangereux alors qu’il fait peser le risque de représailles de grande ampleur par Israël. La dernière guerre entre les protagonistes date de 2014, et depuis, malgré des escalades récurrentes, les deux parties tentent d’éviter d’aller trop loin pour ne pas répéter un scénario dont personne ne sortirait gagnant.

Mais le Hamas semble vouloir profiter de l’atmosphère de révolte qui anime la population palestinienne sur tout le territoire pour se positionner comme le principal mouvement de résistance à Israël. « À Jérusalem, dans la bande de Gaza, en Cisjordanie ou encore dans les territoires palestiniens en Israël, la lutte commune affichée par les Palestiniens est inédite », confie Hamada Jaber.

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Les élections législatives palestiniennes de mai, les premières en 15 ans, ont été reportées à une date ultérieure qui n’a pas été fixée par le président de l’Autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas, alors que le Hamas comptait sur ce scrutin pour retrouver sa légitimité et obtenir une nouvelle base de soutien en Cisjordanie. La séquence actuelle permet toutefois au parti de renforcer sa popularité en comparaison de celle de l’AP, très critiquée par les manifestants. L’Autorité palestinienne, qui avait prétexté l’impossibilité pour les habitants de Jérusalem-Est de participer au scrutin afin de reporter le vote, craignant d’en sortir affaiblie, paraît plus dépassée que jamais. « Il est intéressant, et non surprenant, de voir qu’il y a eu une répression des manifestations palestiniennes en Cisjordanie par l’Autorité. Celle-ci craint un mouvement populaire de masse contre les Israéliens qui pourrait contester par là même son leadership et le statu quo », observe Yara Hawari, analyste au centre d’analyse politique al-Shabaka. « L’AP est la partie la plus faible au regard des récents événements. La résistance populaire, en particulier en Cisjordanie, n’a aucun avenir avec le leadership actuel car les Palestiniens ne lui font pas confiance », explique Hamada Jaber.

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L’Autorité palestinienne ne semble pas cependant la seule en difficulté alors que l’impossibilité de former un gouvernement israélien plonge encore plus le pays dans la crise. Il y a une semaine, le Premier ministre israélien sortant Benjamin Netanyahu a échoué à former un cabinet dans les délais prévus, laissant le champ libre à ses adversaires. Cependant, il pourrait tabler sur les récents événements pour revenir à la charge. « Comme à chaque crise, Benjamin Netanyahu pourrait se présenter comme le seul capable de sortir Israël de cette impasse, ce qui pourrait fonctionner », estime Yara Hawari. Alors que le mois de ramadan se clôt dans le sang, plusieurs observateurs estiment que la situation pourrait s’aggraver dans les jours à venir. « Je pense que les événements ne vont qu’empirer », estime Hamada Jaber.

De Jérusalem à Gaza, il n’y a parfois qu’un pas. Le Hamas l’a rappelé lundi en s’invitant dans la crise qui agite la ville trois fois sainte depuis plusieurs jours. Le mouvement islamiste a lancé lundi des roquettes en bordure de Jérusalem pour la première fois depuis 2014, alors qu’une révolte palestinienne, durement réprimée, est en cours depuis plusieurs jours dans la partie...

commentaires (6)

En effet les événements ne vont qu’empirer et les arabes sont loin de devenir solidaires avec les palestiniens . Triste vérité.

Antoine Sabbagha

17 h 06, le 12 mai 2021

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Commentaires (6)

  • En effet les événements ne vont qu’empirer et les arabes sont loin de devenir solidaires avec les palestiniens . Triste vérité.

    Antoine Sabbagha

    17 h 06, le 12 mai 2021

  • APRES LA RESOLUTION DE L'ONU POUR LA CREATION DE L' ETAT D'ISRAEL DE NOMBREUX JUIFS QUI HABAITAIENT DANS CE QU'ON APPELLE AUJOURDH'UI SHEIKH JARRAH ONT FUIT LEURS MAISONS . AVEC L'OCCUPATION DE CETTE REGION PAR LA JORDANIE , DES PALESTINIENS SE SONT ETABLIS DANS CES MAISONS APRES LA GUERRE DE 1967 ISRAEL A REPRIS CETTE REGION MAIS RIEN N'A ETE FAIT POUR REPRENDRE CES MAISONS. IL A FALLUT QUE CERTAINS HERITIERS DE CES 4 PROPRIETES DEMANDENT LEUR RESTITUTION POUR QUE LA REVOLTE S'ENFLAMME ALORS QUE LE CAS EST ENCORE AVEC LA JUSTICE QUI N'A PAS DONNE SON VERDICT A CE JOUR LA VERITE IL EST EVIDENT QUE CETTE HISTOIRE EST PENIBLE MAIS ELLE NE MERITE PAS UNE GUERRE OU DES CENTAINES DE MORTS SERONT DENOMBRES. LA SEULE FACON DE FINIR DE CE CONFLIT PALESTINIEN/ISRAELIEN EST AUTOUR D'UNE TABLE ET D'Y RESTER LE TEMPS QU'IL FAUDRA JUSQU'A SIGNER UNE PAIX HONORABLE ACCEPTABLES PAR TOUTES LES PARTIES ET C'EST LA JUSTEMENT QUE LES PAYS ARABES SINCERES QUI ONT RECONNU ISRAEL RECEMNET POURRAIENT JOUER UN ROLE MAJEUR DANS CETTE ENTREPRISE POUR LE SALUT DES DEUX PEUPLES PALESTINIENS ET ISRAELIENS. MON SOUCI EST QUE L'IRAN PROFITE DE CETTE ESCALADE ACTUELLE POUR DONNER L'ORDRE A NASRALLAH D'ENVOYER DES ROQUETTES A SON TOUR SUR ISRAEL ET ALORS LE LIBAN SERA DE NOUVEAU DANS UNE TOURMENTE INCROYABLE A VIVRE ET MEME A UNE NOUVELLE OCCUPATION AU SUD ( bien que je sais qu'en silence beaucoup de Libanais ne revent que de ca pour en finir avec hezbollah )

    LA VERITE

    16 h 48, le 12 mai 2021

  • Ils nous saoulent les palestiniens, on a assez donner qu'ils se débrouillent seuls, on ne veut rien avoir affaire avec eux.

    camel

    15 h 59, le 12 mai 2021

  • C’est de leur faute, les palestiniens avaient eu l’occasion d’avoir une paix à plusieurs reprise et même l’avoir avec certaines de ces conditions accepter par Israël ... mais ... mais l’Iran est venue mettre son grain de sel à chaque fois et à chaque fois à la dernière minutes tout change ... alors qu’ils se demerdent ... et qu’ils demandent à l’Iran de s’impliquer puisque ceux ci se pavanent de contrôler 4 capitales arabes

    Bery tus

    13 h 30, le 12 mai 2021

  • OK on voit que la machine à pleurnicher est en marche. Tout le monde doit "se mettrer à se lamenter" en faveur des palestiniens.NON NON et NON. Les palestiniens où qu'ils soient : Ce sont les ennemis du liban. Même ennemis de plusieurs pays arabes. S'il faut suivre la tendance, dans ces commentaires comme des moutons, sinon on nous censure?? non. Sorry. On ne va pas pleurnicher sur le sort des organisations militaires palestiniennes. On renvoie tout le monde "dos à dos" dans cette guerre. Les palesto :Ce sont des fouteurs de M...de où qu'ils soient et insupportables. A cause d'eux, les milices pro iraniennes , au liban pourraient, sans doute, nous mettre dans la mouisse aussi si elles s'en mêlent. Donc NON à ces organisations palestiniennes financées par les perses. En espérant ne pas être censuré. Merci pour la publication.

    LE FRANCOPHONE

    10 h 59, le 12 mai 2021

  • "... le Hamas semble vouloir se positionner comme le principal mouvement de résistance à Israël ..." - STOOOOOOP! Et le Hezbollah alors? Copieurs!

    Gros Gnon

    06 h 39, le 12 mai 2021

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