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Politique - Grand angle

Liban-Arabie saoudite : histoire d’une rupture familiale

Alors que les rapports entre les deux pays étaient marqués depuis le milieu du XXe siècle par des amitiés profondes, et des liens politiques et économiques, leur relation s’est désagrégée au cours de la dernière décennie sur fond de tensions entre Riyad et Téhéran.

Liban-Arabie saoudite : histoire d’une rupture familiale

Saad Hariri et le prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane à Riyad. Photo AFP

27 juin 1997. Dans Beyrouth quadrillée par les services de sécurité, une grande Mercedes noire se faufile entre les badauds rassemblés sur l’artère principale de Hamra. Tout sourire sous les flashes des caméras et les jets de pétales de fleurs, le Premier ministre Rafic Hariri est au volant du véhicule. À ses côtés, le prince héritier saoudien de l’époque, Abdallah ben Abdelaziz al-Saoud. Après un passage au Caire et à Damas, le dauphin saoudien doit rester dans la capitale libanaise pendant quarante-huit heures pour rencontrer l’ensemble des acteurs politiques du pays, marquant la première visite officielle d’un dignitaire saoudien au pays du Cèdre depuis 1971. Huit ans après la ratification de l’accord de Taëf parrainé par le royaume, le déplacement de l’émir Abdallah est le signal d’un « retour à la normale » avec un Liban en pleine reconstruction – et sous tutelle syrienne – en vue de stimuler les investissements saoudiens et, plus largement, des pays du Golfe. Surtout, ce moment raconte en filigrane tantôt les amitiés profondes, tantôt les liens politiques et financiers, tous indissociables, qui ont uni Beyrouth et Riyad durant de longues décennies.

Car si l’étroite proximité entre la famille royale et la maison Hariri en a été longtemps l’ultime illustration, les rapports entre la dynastie des Saoud et les Libanais s’inscrivent dans des temporalités plurielles qui prennent racine à la faveur de la chute de l’Empire ottoman au début du XXe siècle. Pendant que le partage des territoires anciennement sous le joug de la Sublime Porte fait l’objet d’âpres négociations entre Français et Britanniques, la région assiste dans le même temps à la montée en puissance dans le Golfe du chef de la maison des Saoud, Abdelaziz ben Abderrahman. Entre 1926 et 1927, il se proclame notamment roi du Hijaz et du Najd avant de rassembler ses conquêtes en une entité unique et de fonder le royaume d’Arabie saoudite en 1932.

Le souverain saoudien se démarque et rallie rapidement autour de lui nombre de Levantins, dont certains graviront les plus hauts échelons au sein du royaume, à l’instar du Libanais originaire du caza de Aley, Fouad Hamza, qui fera office de traducteur spécial auprès du roi Abdelaziz avant de devenir le premier ambassadeur d’Arabie saoudite puis ministre d’État. Ou encore de l’intellectuel Mohammad Rachid Rida né dans le village de Qalamoun, au sud de Tripoli. « Il y avait ce désir désespéré de trouver un authentique dirigeant arabe indépendant, un sentiment partagé à la fois par les musulmans et les chrétiens », relève Bernard Haykel, directeur de l’Institut pour l’étude transrégionale du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et de l’Asie centrale à l’Université de Princeton. « Ces Arabes levantins et égyptiens étaient une ressource importante en termes de conseils et de sensibilisation à l’égard de l’Occident, et, plus généralement, du monde extérieur », souligne-t-il.

Ce n’est cependant qu’en 1952, soit neuf ans après la proclamation de l’indépendance du Liban, que la relation entre les deux pays est établie sur le plan diplomatique sous l’impulsion d’ibn Saoud et du président Camille Chamoun, qui se rend dans le royaume l’année suivante. En avril, le prince héritier Saoud ben Abdelaziz est reçu à son tour avec les plus grands honneurs pour sa première visite officielle au Liban, lors de laquelle il rencontre les différents acteurs politiques et diplomatiques. « Près de 80 000 Beyrouthins se pressent dans les rues de la capitale pavoisées aux couleurs saoudiennes et libanaises pour acclamer le cortège de l’hôte princier », rapporte à cette occasion le quotidien Le Jour.

« Ces liens amicaux entre les deux pays s’inscrivent aussi dans le cadre de choix politiques plus globaux », fait remarquer un diplomate arabe sous couvert d’anonymat.

Bras de fer saoudo-égyptien

Avec la guerre froide en toile de fond, les années 1950 et 1960 sont marquées sur la scène politique par le bras de fer idéologique entre la monarchie saoudienne sous le roi Fayçal et le président égyptien Gamal Abdel Nasser, arrivé au pouvoir en 1952 et porte-voix du panarabisme. Divisant profondément la région, le débat s’invite sans surprise au Liban. Si Camille Chamoun se range du côté du camp pro-occidental mené par Washington, qui craint d’assister à la propagation du communisme dans la région et voit en Riyad le moyen de faire le contrepoids à la principale puissance du monde arabe, le nassérisme gagne du terrain au sein d’une partie de la population libanaise. Exacerbées dans le sillage de la crise du canal de Suez en 1956 et du refus du président libanais de rompre les liens avec la France et la Grande-Bretagne, les divergences se cristallisent sur la scène locale deux ans plus tard suite à la proclamation de la République arabe unie. Les relations libano-saoudiennes se distendent davantage dans le cadre de la politique d’ouverture à l’égard du Caire adoptée par le successeur de Camille Chamoun, le général Fouad Chéhab. « Dans les années 1960, cette confrontation s’est progressivement exprimée dans les médias : des journaux et des magazines se portaient en faveur d’un camp ou d’un autre, alors que le Liban représentait une plateforme de liberté dont tout le monde venait tirer profit », observe l’ancien Premier ministre Tammam Salam.Le royaume saoudien poursuit en ce temps-là sa fulgurante ascension grâce à l’exploitation de ses ressources pétrolières avec l’appui américain. Le Liban est, lui, perçu comme une porte d’entrée vers l’Occident tant en raison de son emplacement géographique que de son tissu culturel et social, attirant intellectuels et notables de toute la région. « De nombreux Saoudiens – ainsi que d’autres Arabes du Golfe – ont tissé doucement mais sûrement des liens et développé une forte affinité avec le Liban, considérant le pays comme un lieu d’éducation, de vacances ou encore d’investissements grâce au secteur bancaire et financier », souligne Bernard Haykel. Les prestigieux couloirs de la Brummana High School, de l’École internationale de Choueifate ou encore de l’Université américaine de Beyrouth ont ainsi vu défiler des membres des familles royales du Golfe, tandis que les hauteurs de Aley et de Bhamdoun ont longtemps été leurs lieux privilégiés de villégiature. Un amour pour le Liban qui se transmet de génération en génération. « Le roi Abdelaziz a explicitement et publiquement dit à ses fils : le Liban est votre seconde patrie », raconte le journaliste Mounir Hafi dans L’Arabie saoudite pour le Liban (en arabe aux éditions al-Tab’ah 1, 2008).

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Dès les années 1950, le royaume devient également l’un des principaux donateurs à l’association islamique philanthropique des Makassed, fondée et dirigée jusqu’en 1982 par l’ancien président du Conseil Saëb Salam. « Les Saoudiens ont beaucoup aidé mon père dans le cadre de l’association, et ceci a renforcé les liens entre eux », assure Tammam Salam.

« Les Saoudiens ne soutenaient pas uniquement la communauté sunnite, qui constituait leur allié traditionnel, mais ils avaient aussi de bons rapports avec les chrétiens et les chiites », assure le diplomate arabe précité. Sur le plan politique, le déclin progressif du nassérisme dans le sillage de la cuisante défaite de la guerre des Six-Jours en 1967 puis le retrait progressif des forces égyptiennes du Yémen du Nord – où les troupes loyalistes étaient appuyées par le royaume saoudien – font émerger une nouvelle dynamique régionale. « À mesure que cette bipolarité entre Riyad et Le Caire s’est amenuisée, le Liban n’était plus un champ de bataille entre ces deux pôles aux yeux des uns et des autres », indique le diplomate arabe.

Le roi Abdallah et le président Émile Lahoud. Photo d’archives « L’OLJ »

Des capacités très limitées

Si ces conditions favorisent l’amélioration des rapports entre le royaume saoudien et Beyrouth, l’éclatement de la guerre civile libanaise en 1975 ouvre une nouvelle page dans leurs relations. La confrontation entre Israël et les forces de l’Organisation de libération de Palestine (OLP) dirigées par Yasser Arafat s’exporte au Liban, et les puissances régionales s’engouffrent à leur tour dans le conflit. Martelant tout au long des quinze années de guerre un discours pacificateur appelant à l’unité nationale, le royaume saoudien multiplie également les contacts diplomatiques. « Les dirigeants saoudiens avaient des capacités très limitées, étant donné l’énorme influence que la Syrie et Israël exerçaient sur le Liban. Ils n’étaient pas favorables aux actions menées par l’OLP et soutenaient l’intervention syrienne dans l’espoir qu’elle ramène le pays à la stabilité », note Bernard Haykel. « Ce que les Saoudiens pouvaient projeter pendant la guerre, c’était leur pouvoir financier et leur influence, ce qu’ils ont fait en grande partie par l’intermédiaire de Rafic Hariri une fois qu’il a développé une forte relation avec eux », rappelle le spécialiste.

Installé en Arabie saoudite depuis le milieu des années 1960 où il a fait fortune dans le secteur du bâtiment et des travaux publics, l’entrepreneur originaire de Saïda entretient alors des liens privilégiés avec le roi Fahd qui lui valent – fait rarissime – d’obtenir la nationalité saoudienne. Durant la guerre, le royaume devient une terre d’exode pour des Libanais en quête de stabilité. Un pays où ils bénéficient en outre de privilèges, notamment dans le secteur de l’emploi. Leur nombre passe ainsi de 25 000 avant 1975 à 127 000 dans les années 1980, selon les estimations.

À la même période, Rafic Hariri développe massivement ses activités philanthropiques au Liban, comme la mise en place de bourses scolaires, et devient l’émissaire de Riyad au pays du Cèdre. Une mission dont l’objectif est de mettre en place un cessez-le-feu et de mener à des négociations de paix en tant que représentant du royaume saoudien. « Il y a eu deux lectures de cette relation : les pourfendeurs du haririsme amplifiaient le fait qu’il servait les intérêts de l’Arabie saoudite, tandis que ses amis soulignaient qu’il était un patriote libanais qui a su faire bon usage de ses amitiés saoudiennes au profit de son pays, explique le diplomate arabe. En réalité, il était les deux à la fois. »

Réunis en Arabie saoudite, les députés libanais issus des dernières élections de 1972 signent, en octobre 1989, l’accord de Taëf qui rééquilibre le partage du pouvoir politique au profit des sunnites et au détriment des chrétiens. « Pour les Saoudiens, cet accord de paix avait une dimension personnelle, et ils avaient besoin de le soutenir : ce sont eux qui ont mis fin à ce conflit long de 15 ans en dépensant leur capital politique et financier », affirme Randa Slim, chercheuse au Middle East Institute. « Les Saoudiens se sentaient responsables du nouvel ordre libanais post-Taëf, mais les Syriens étaient maîtres du terrain », indique de son côté le diplomate précité. Officialisée dans l’accord de paix, la mainmise politique et sécuritaire de Damas sur l’appareil d’État libanais s’étend tout au long des quinze années suivantes. C’était l’époque de la domination du double S « syrien-saoudien », qui reposait sur l’idée que les deux pays, malgré des agendas complètement différents, avaient besoin l’un de l’autre.

De gauche à droite : le président du Parlement Nabih Berry, l’émir saoudien Abdallah, le président de la République Élias Hraoui et le Premier ministre Rafic Hariri, à Beyrouth en juin 1997. Photo d’archives « L’OLJ »

Des milliards sur la table

Principal bailleur de fonds de la reconstruction dans un pays en ruine et endetté, Riyad dispose d’une marge de manœuvre politique limitée et compose avec Damas, malgré le rôle central exercé par son protégé Rafic Hariri. Accédant à la présidence du Conseil en 1992, ce dernier met en place un plan de redressement économique et de reconstruction, et ouvre la voie aux investissements en provenance du Golfe. Un projet toutefois controversé puisque ses détracteurs y voient un moyen pour le royaume de favoriser les intérêts du camp sunnite dans le pays. Le Premier ministre est accusé alors de vouloir changer le visage du pays pour satisfaire les desiderata des touristes du Golfe.

Sauvant le Liban de la banqueroute à deux reprises entre 2001 et 2002, les conférences des donateurs organisées dans la capitale française sont également marquées par l’engagement massif de Riyad – plus grand bailleurs de fonds lors de Paris II –, en annonçant une aide de 700 millions de dollars. La dépendance du Liban à l’égard des pays du Golfe s’affirme de plus en plus dans le sillage des vagues de migration de Libanais qui partent tenter leur chance dans la péninsule Arabique. Entre 1990 et 2004, les fonds envoyés par la diaspora depuis le Golfe représentaient 10 à 15 % du PIB, selon un rapport de l’ONU paru en 2006.

L’assassinat de Rafic Hariri le 14 février 2005, imputé au Hezbollah et à Damas, marque cependant un tournant dans les relations entre Beyrouth et Riyad, qui perd son principal levier d’influence au Liban. Son fils Saad prend la relève, mais les rapports avec le royaume saoudien ne sont déjà plus tout à fait les mêmes. « Les amitiés héritées n’ont pas la force des amitiés construites », souligne le diplomate précité. Si le retrait des troupes syriennes s’ensuit, la concurrence entre l’Arabie saoudite et l’Iran s’invite au Liban avec la montée en puissance du Hezbollah. La scène politique locale se divise entre 14 Mars et le 8 Mars (prosyrien), et l’influence du parti chiite se renforce dans un premier temps à travers la conclusion de l’entente de Mar Mikhaël en février 2006 avec le Courant patriotique libre dans le but de mener Michel Aoun à la présidence de la République et d’assurer une couverture chrétienne au Hezbollah.

Pour mémoire

Pourquoi Riyad s’active (enfin) au Liban

Le pouvoir de ce dernier se cristallise davantage l’été suivant dans la guerre contre Israël. Si le royaume saoudien prend position contre les interférences syriennes, il surprend toutefois par sa décision de fustiger « l’aventurisme » du Hezbollah et ses conséquences sur le Liban. « Les Saoudiens sont restés très attachés au Liban durant le règne du roi Abdallah. Il était prêt à dépenser de l’argent pour y maintenir l’influence de l’Arabie à tout prix », note Bernard Haykel. En 2006, le royaume saoudien et le Koweït déposent au total la somme de 1,5 milliard de dollars à la Banque du Liban pour soutenir la livre libanaise, tandis que le roi Abdallah annonce la prise en charge des frais de scolarité de tous les élèves libanais des écoles publiques pour cette année. L’année suivante, Riyad annonce une aide de plus d’un milliard de dollars au Liban lors de la conférence internationale des donateurs présidée par Jacques Chirac.

Deux ans plus tard, l’Arabie saoudite se retrouve toutefois concurrencée par le Qatar sur la scène diplomatique régionale. L’émirat prend les devants pour débloquer la crise politique entre les camps du 8 et du 14 Mars. Si le sommet de Doha en 2008, qui a mis fin à une crise politique et institutionnelle sans précédent au Liban, amorce un processus de rapprochement entre Beyrouth et Damas, Riyad table sur une politique d’ouverture encourageant Saad Hariri à signer l’accord final et dépose un milliard de dollars supplémentaires à la BDL. « En marge des préparations du sommet arabe à Riyad en 2008, le roi Abdallah nous avait fait un long sermon – plutôt une parole d’Évangile – sur la nécessité de trouver un terrain d’entente entre Libanais », se souvient le diplomate précité. « Il y a cette sorte d’attitude saoudienne en toile de fond selon laquelle il faut sauvegarder le Liban dans sa diversité », ajoute-t-il.Pris en tenailles dans la bataille des axes saoudo-émirati et iranien, les Libanais font cependant les frais de la détérioration des relations entre Beyrouth et le Golfe qui voit d’un mauvais œil l’influence du Hezbollah sur les affaires nationales. Dès 2009 puis au cours des années suivantes, des centaines de Libanais chiites se voient expulser du jour au lendemain ou privés de visa d’entrée dans le Golfe au gré des évolutions géopolitiques, sous couvert de considérations « sécuritaires ». Le déclin des relations entre Beyrouth et Riyad – et plus largement le Conseil de coopération du Golfe – s’accélère dans le sillage des printemps arabe en 2011 en raison de l’engagement du Hezbollah dans le conflit syrien et de son soutien aux manifestations à Bahreïn.

Les anciens Premiers ministres Tammam Salam, Fouad Siniora et Nagib Mikati reçus par le roi Salmane à Djeddah, le 15 juillet 2019. Photo Dalati et Nohra

La brève séquestration de Saad Hariri

L’accession au trône du roi Salmane en 2015 puis la montée en puissance de son fils Mohammad ben Salmane (dit MBS), avant sa nomination en tant que prince héritier en 2018, actent le changement d’approche du royaume envers Beyrouth. « L’ère de la proximité entre le roi et la famille Hariri prend fin avec l’ascension de Salmane », fait observer Randa Slim.

Suite au refus du Liban, dont la diplomatie était dirigée à l’époque par Gebran Bassil, de se joindre au communiqué de la Ligue arabe condamnant à l’unanimité les « actes hostiles » de l’Iran après une attaque contre l’ambassade d’Arabie saoudite à Téhéran en janvier 2016, Riyad bloque son aide de 3 milliards de dollars à l’armée libanaise. Une « interdiction totale » de voyager au Liban est mise en place pour les ressortissants saoudiens et émiratis, tandis que le Hezbollah est classé peu après par la Ligue arabe sur la liste des groupes « terroristes », en dépit des réserves du Liban et de l’Irak.

Mécontent de la mainmise du Hezbollah sur le gouvernement libanais sous la présidence de Michel Aoun, Riyad tente de passer à la vitesse supérieure en 2017. Un an après son retour en tant que Premier ministre, Saad Hariri est contraint de démissionner depuis l’Arabie saoudite où il est séquestré, tandis que Paris intervient en urgence pour jouer le rôle de médiateur. La prise en otage par le royaume du Premier ministre d’un pays allié, qu’il considérait même comme son petit frère, assombrit sérieusement les relations entre les deux pays. Le tour de force se solde par un échec : Saad Hariri revient en force au Liban, soutenu par Michel Aoun et le Hezbollah. Mais le Liban paie au prix fort la déroute saoudienne : le royaume décide alors de lui tourner complètement le dos. « Les élites saoudiennes ont lentement mais sûrement réalisé que peu importe ce que fait l’Arabie saoudite, son influence au Liban sera toujours limitée. Beaucoup d’argent a été dépensé et gaspillé avec très peu de retour sur investissement », note Bernard Haykel.

Les rapports avec Beyrouth ont longtemps été liés aux liens personnels qui unissaient les Libanais et les responsables du Golfe. Mais l’arrivée d’une nouvelle génération de dirigeants dans la péninsule Arabique, comme le prince héritier d’Abou Dhabi Mohammad ben Zayed et MBS, a créé une véritable rupture. L’influence grandissante du dauphin saoudien coïncide également avec la volonté affichée de Riyad de se concentrer sur les priorités nationales et le développement de larges projets de diversification économique. « Cette nouvelle génération aborde la politique sous un angle économique et financier, et se veut très pragmatique dans sa manière de façonner sa politique étrangère », fait remarquer Randa Slim. L’Arabie saoudite a muté d’une royauté ronronnante à une puissance nationaliste et interventionniste.Les critiques acerbes régulièrement lancées contre le royaume saoudien dans les discours du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, et l’envoi de combattants au Yémen alimentent d’autant plus les tensions. Le leader chiite avait notamment salué en septembre 2019 les attaques contre les installations pétrolières saoudiennes de la compagnie nationale Aramco, attribuées aux houthis, et averti que l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis seraient « détruits » en cas de guerre avec l’Iran. Deux mois plus tôt, le roi Salmane recevait la visite des trois anciens chefs du gouvernement – Fouad Siniora, Tammam Salam et Nagib Mikati – en vue d’aborder les crises politique et économique au Liban. « C’est pratiquement la dernière fois qu’on a cultivé cette relation. Depuis, la situation est quelque peu figée », confie Tammam Salam.

Ce changement d’approche a contribué à faire fuir les riches visiteurs du Golfe et assené un coup sévère au tourisme libanais. La suspension des importations de produits libanais le 25 avril dernier, suite à la saisie par les autorités saoudiennes de cinq millions de pilules de captagon dissimulées dans des grenades en provenance de Beyrouth, est le dernier exemple en date de l’effondrement de cette relation. Pour le Liban, cela ne fait plus de doute : son grand frère saoudien ne lui veut plus que du bien.

27 juin 1997. Dans Beyrouth quadrillée par les services de sécurité, une grande Mercedes noire se faufile entre les badauds rassemblés sur l’artère principale de Hamra. Tout sourire sous les flashes des caméras et les jets de pétales de fleurs, le Premier ministre Rafic Hariri est au volant du véhicule. À ses côtés, le prince héritier saoudien de l’époque, Abdallah ben Abdelaziz...

commentaires (5)

Le Liban a finalement a finalement preferé se ranger du coté de l’Iran plutot que de l’arabie saoudite . Bien que cette relation avec l’Iran ne presente aucune rentabilité mais pire encore elle est porteuse de problemes et de conflits a n’en plus finir.

JPF

23 h 27, le 06 février 2022

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Commentaires (5)

  • Le Liban a finalement a finalement preferé se ranger du coté de l’Iran plutot que de l’arabie saoudite . Bien que cette relation avec l’Iran ne presente aucune rentabilité mais pire encore elle est porteuse de problemes et de conflits a n’en plus finir.

    JPF

    23 h 27, le 06 février 2022

  • Suite au refus du Liban, dont la diplomatie était dirigée à l’époque par Gebran Bassil, de se joindre au communiqué de la Ligue arabe condamnant à l’unanimité les « actes hostiles » de l’Iran après une attaque contre l’ambassade d’Arabie saoudite à Téhéran en janvier 2016, Riyad bloque son aide de 3 milliards de dollars à l’armée libanaise. Une « interdiction totale » de voyager au Liban est mise en place pour les ressortissants saoudiens et émiratis, tandis que le Hezbollah est classé peu après par la Ligue arabe sur la liste des groupes « terroristes », en dépit des réserves du Liban et de l’Irak. VOILA COMMENT BASSIL EST A L'ORIGINE DU DECLIN DES RELATIONS AVEC L'ARABIE SEOUDITE POUR PLAIRE A SON MAITRE NASRALLAH QUI LUI AVAIT DICTEE SON DISCOURS DEUX JOURS AUPARAVENT Les critiques acerbes régulièrement lancées contre le royaume saoudien dans les discours du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, et l’envoi de combattants au Yémen alimentent d’autant plus les tensions. Le leader chiite avait notamment salué en septembre 2019 les attaques contre les installations pétrolières saoudiennes de la compagnie nationale Aramco, attribuées aux houthis, et averti que l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis seraient « détruits » en cas de guerre avec l’Iran. VOICI AUSSI COMMENT UN CHEF DE MILICE ARMEE A ENTRAINE LE LIBAN VERS SA FAILLITTE AVEC L'AIDE DE DEUX CHRETIENS LIBANAIS AVIDES DE POUVOIR AU DETRIMENT DU LIBAN.PARFAITE EXPLICATION DANS CET ARTICLE

    LA VERITE

    15 h 06, le 10 mai 2021

  • Depuis que le Liban a eu des présidents qui se sont succédés et qui faisaient office de polichinelles sans aucun projet constructif pour leur pays, le Liban s’est disloqué et est devenu un moulin où tout et n’importe quoi entrait et sortait sur ses frontières. N’ayant rien retenu de la leçon des réfugiés palestiniens en vague de millions ils ont renouvelé l’expérience avec les syriens. Un président qui se montre mou et docile lorsqu’il s’agit de protéger son pays s’est contenté de constater cet afflux qui n’a jamais cessé d’ailleurs en dénonçant du bout des lèvres l’arrivée de ces réfugiés alors que notre pays peinait à subvenir aux besoins de ses propres citoyens. Il a la conscience tranquille puisqu’il a soulevé le problème sans jamais le régler comme d’habitude alors qu’il utilise le panache et l’obstination qu’on lui connaît lorsqu’il s’agit de mettre en route un projet pour sauver le pays et s’obstine à le bloquer fort de sa fonction. Les traitres pullulent dans notre pays et à leur tête les plus grands responsables politiques qui aussitôt qu’il s’agit de leur intérêt personnel envoient paître les libanais et s’assoient sur la constitution et l’honneur du pays. On ne s’improvise pas président de la république c’est une vocation dont l’honneur le patriotisme et la droiture sont les premiers critères pour gouverner un pays, qualités dont le président et les actuels politiciens ne peuvent pas s’enorgueillir.

    Sissi zayyat

    14 h 30, le 10 mai 2021

  • Allah yirham Loubnan avec mes remerciements au tandem Aoun Bassil Nasrallah. Quelle tristesse de réaliser que jusqu’a présent, malgré la crise que traverse le pays, il y a encore beaucoup de libanais qui n’ont toujours pas développé un sens patriotique et font passer l’intérêt du pays en dernier.

    CW

    14 h 20, le 10 mai 2021

  • Tout le monde tourne le dos au Liban, merci au Hezbollah et a ses sbires.

    Jack Gardner

    12 h 06, le 10 mai 2021

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