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Économie - Infrastructures

Vers un blackout en juin si l’État ne paye pas le carburant d’EDL

Le Liban risque de se retrouver dans le noir le 22 du mois prochain, selon l’agenda présenté hier par la commission parlementaire des Travaux publics, des Transports, de l’Énergie et de l’Eau.

Vers un blackout en juin si l’État ne paye pas le carburant d’EDL

Le député Nazih Najm et le ministre sortant de l’Énergie et de l’Eau, Raymond Ghajar. Photo ANI

Déjà rendu difficile par les problèmes financiers du pays, l’approvisionnement en carburant des centrales d’Électricité du Liban (EDL) est désormais compromis suite à la décision du Conseil constitutionnel mardi de suspendre des effets de la loi n° 215/2021. Un texte voté fin mars pour débloquer une avance de 300 milliards de livres (200 millions de dollars au taux officiel de 1 507,5 livres pour un dollar) pour payer une partie des tankers commandés par le fournisseur de courant mais contre lequel des députés des Forces libanaises ont déposé un recours il y a une semaine. Sans solution de rechange, le fournisseur d’État sera ainsi contraint de progressivement augmenter le rationnement déjà important en électricité avant de mettre toutes ses centrales à l’arrêt d’ici au 22 juin, d’après les déclarations faites par la commission parlementaire des Travaux publics, des Transports, de l’Énergie et de l’Eau.

Présidée par le député Nazih Najm, cette dernière s’est réunie hier après-midi en présence du ministre sortant de l’Énergie et de l’Eau, Raymond Ghajar, ainsi que du directeur général d’EDL, Kamal Hayek. Selon Nazih Najm, qui a repris l’essentiel des propos rapportés par ses interlocuteurs, EDL a prévu d’échelonner les fermetures de centrales – terrestres et barges incluses – à partir du 18 mai jusqu’au 22 juin. Faute de carburant, celles de Jiyé (Chouf) et de Zouk (Kesrouan) seront mises à l’arrêt en deux temps : les 8 et 22 juin pour la première et les 18 et 20 mai pour la seconde. Les navires-centrales branchés sur chacun de ces deux sites seront, eux, déconnectés les 21 et 29 mai. S’agissant des autres centrales, Zahrani (Liban-Sud) sera stoppée le 13 juin et Deir Ammar (Liban-Nord) le 2 juin. Le député a ajouté que ce programme sera mis en œuvre si aucune solution n’est trouvée pour financer les achats de carburant. Le ministre a, lui, indiqué qu’il fallait que 800 à 900 mégawatts (soit la moitié des capacités totales du pays, hors générateurs privés et concession de Zahlé dans la Békaa) soient opérationnels pour que EDL puisse distribuer de l’électricité « de manière acceptable » (un réseau électrique doit conserver un équilibre instantané entre production et consommation pour ne pas se déclencher, c’est-à-dire passer hors service). Pour rappel, la double explosion meurtrière qui a ravagé Beyrouth le 4 août dernier a détruit le siège d’EDL, où se trouvait le centre de contrôle national du réseau, sans qui la gestion de la production et de la distribution est beaucoup plus compliquée.

Le délai du recours des FL interpelle

Doté de capacités insuffisantes pour répondre à la demande, EDL est constamment en déficit dans la mesure où ses tarifs sont fixés depuis le début des années 1990 sur un prix du baril d’une vingtaine de dollars, avant même de comptabiliser l’impact financier des pertes techniques (pannes sur le réseau) et non techniques (les branchements illégaux) ou des carences en matière de recouvrement des factures. Selon Raymond Ghajar, hier, les tarifs actuels (qui évoluent en fonction de paliers de consommation définis) devraient être multipliés par un facteur de 15 à 17 pour permettre au fournisseur de s’autofinancer, une perspective qu’il a jugée irréalisable compte tenu de la crise que traverse le pays.

Dans le Commerce du Levant

La fausse piste du pétrole irakien

Pour acheter son carburant, l’établissement doit, en attendant, compter sur les avances du Trésor débloquées par le Parlement et qui sont financées via les réserves de devises de la Banque du Liban (BDL). Or ces réserves, qui servent également à financer les mécanismes de subventions sur les importations, sont au plus bas, soit un peu moins de 16,5 milliards de dollars selon les chiffres qui circulent, dont l’écrasante majorité (autour de 15 milliards) serait constituée par les réserves obligatoires en devises des banques qui ne peuvent en principe pas être employées. Ces dernières servent en effet à couvrir une partie des dépôts des clients des banques qui les détiennent comme l’impose la réglementation bancaire internationale.

C’est sur cette base que les députés FL ont déposé leur recours, jugeant que la loi débloquant des crédits supplémentaires à EDL – qui continue jusqu’ici de financer son carburant sur les restes de son budget de 2020 – allait porter atteinte à ces réserves. Ces députés ont dès lors dénoncé le fait que la loi débloquant l’avance viole le droit à la propriété privée consacré dans le préambule de la Constitution.

Avec le blocage des avances et la perspective d’un rationnement accru, les Libanais vont devoir compter davantage sur les propriétaires de générateurs privés. Or les unités de production de ces exploitants, illégaux mais tolérés, et qui fournissent du courant pendant les heures de rationnement imposées par EDL depuis des décennies à des tarifs bien plus élevés que ceux du fournisseur d’État, consomment du mazout, un carburant dont les importations sont subventionnées, elles aussi, via les réserves de la BDL.

Pour mémoire

L’appel d’offres pour le gasoil en suspens depuis plus d’une semaine

Les députés FL ont enfin attendu un mois après le vote de la loi et près de deux semaines après sa publication au Journal officiel pour déposer leur recours, un délai qui interpelle compte tenu du fait que leur bloc parlementaire, La République forte, était dès le départ opposé à l’adoption du texte.

Le secteur de l’électricité est un de ceux qui attisent le plus les tensions politiques entre les différents partis au pouvoir, sur fond de conflits d’intérêts. 

Le procureur financier interdit aux navires-centrales de quitter le territoire libanais
Le procureur général financier Ali Ibrahim a interdit hier à la société Karpowership de faire sortir du territoire les deux navires-centrales qu’elle opère au Liban depuis 2013, le Orhan Bey, connecté sur le site de Jiyé (Chouf), et le Fatmagül Sultan à Zouk (Kesrouan), selon des informations de presse que nous avons pu faire confirmer par une source au fait du dossier. La décision aurait été prise pour garantir que la filiale de l’opérateur turc Karadeniz ne se dérobe pas à son obligation de payer 25 millions de dollars à l’État libanais dans le cas où la justice confirmerait sa participation à des « transactions financières et opérations de courtage litigieuses », comme l’impose une disposition prévue dans le contrat liant la société à Électricité du Liban (EDL).
Karpowership est dans le collimateur de la justice depuis mars suite au déclenchement d’enquêtes par le juge d’instruction de Beyrouth pour faits de « corruption » et de « blanchiment d’argent ». La procédure a conduit à l’arrestation mi-mars de plusieurs personnes, dont Ralph Fayçal, représentant de Karpowership, et les intermédiaires Fadel Raad et Hassan Ahmad. Le conseil de Ralph Fayçal a martelé dans le sillage de l’arrestation de son client que les enregistrements qui avaient servi de base aux poursuites avaient été contrefaits.
Le dossier de l’électricité en général, et celui des barges en particulier, est au centre de tensions politiques majeures entre plusieurs partis au pouvoir. Autre élément important : l’État, en défaut de paiement sur ses obligations en devises (eurobonds) depuis mars 2020, doit plusieurs dizaines de millions de dollars à plusieurs prestataires d’EDL, comme Karpowership dont le contrat se termine vers la fin de l’année – il a été prolongé à plusieurs reprises depuis 2013.
La location de ces barges avait été présentée comme une solution temporaire pour combler le déficit de production d’EDL, le temps que le pays construise des centrales permanentes. Un chantier qui n’a finalement jamais été mené, en raison des conflits d’intérêts des différents partis au pouvoir, ne laissant d’autres choix au pays que de continuer à compter sur Karpowership. Les deux barges déploient une capacité de 370 mégawatts, soit près d’un quart des capacités totales disponibles dans le pays.
Déjà rendu difficile par les problèmes financiers du pays, l’approvisionnement en carburant des centrales d’Électricité du Liban (EDL) est désormais compromis suite à la décision du Conseil constitutionnel mardi de suspendre des effets de la loi n° 215/2021. Un texte voté fin mars pour débloquer une avance de 300 milliards de livres (200 millions de dollars au taux officiel de...

commentaires (5)

AVEC CE QUI RESTE DES ECONOMIES D,UNE VIE DES DEPOSANTS. LA COSA NOSTRA DES CORROMPUS LIBANAIS APRES AVOIR APPAUVRI ET AFFAME LES LIBANAIS VEUT LES ENTERRER VIVANTS. ET LEDRIAN VIENT DIALOGUER AVEC CES BRUTES INHUMAINES MERCENAIRES ET PARAVENTS VENDUS POUR LEUR SAUVER ET GARANTIR LEURS AVENIR AU POUVOIR AU LIEU DE LES DEGAGER PAR FORCE A LA WGB ET SAUVER LE PEUPLE LIBANAIS ET LE LIBAN. DEBARRASSEZ LE LIBAN DE CETTE RACAILLE.

LA LIBRE EXPRESSION

14 h 26, le 06 mai 2021

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Commentaires (5)

  • AVEC CE QUI RESTE DES ECONOMIES D,UNE VIE DES DEPOSANTS. LA COSA NOSTRA DES CORROMPUS LIBANAIS APRES AVOIR APPAUVRI ET AFFAME LES LIBANAIS VEUT LES ENTERRER VIVANTS. ET LEDRIAN VIENT DIALOGUER AVEC CES BRUTES INHUMAINES MERCENAIRES ET PARAVENTS VENDUS POUR LEUR SAUVER ET GARANTIR LEURS AVENIR AU POUVOIR AU LIEU DE LES DEGAGER PAR FORCE A LA WGB ET SAUVER LE PEUPLE LIBANAIS ET LE LIBAN. DEBARRASSEZ LE LIBAN DE CETTE RACAILLE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 26, le 06 mai 2021

  • Ca suffit de remplir ce seau troué. L'EDL n'est même pas capable de payer le carburant pour les centrales existantes, mais nos nobles dirigeants insistent toujours pour en construire de nouvelles.

    Salim Naufal / SOFTNET ENGINEERING

    11 h 57, le 06 mai 2021

  • Pourquoi gardent ils la réserve d’or qui est censée être utiliser en cas de force majeur? Existe t-elle encore? Quelle force majeure peut s’avérer plus pressante et plus urgente que celle de la situation du pays et du peuple d’aujourd’hui? A mon avis le pays n’a plus d’or ni de bronze. Ils ne lui reste plus que ses yeux pour pleurer. Cette tactique de laisser se détériorer jusqu’à la décomposition le pays est voulu par ces personnes qui occupent le pouvoir puissent apitoyer le monde sur le sort des citoyens et ainsi obtenir sans conditions des aides pour pouvoir en bénéficier et se remplumer et ainsi se remettre en selle.

    Sissi zayyat

    11 h 56, le 06 mai 2021

  • Pourquoi ne pas commencer par utiliser les réserves en or qui sont la propriété de tous les libanais et non seulement des déposants ?

    Esber

    08 h 03, le 06 mai 2021

  • Augmenter les tarifs de l'EDL, d'accord, mais pas avant d'assurer l'électricité 24/24h, ni d'avoir fait payer tous les consommateurs, On sait qu'environ la moitié de l'électricité livrée l'est gratuitement, soit piratée, soit même pas facturée comme dans les régions du Hezbollahland.

    Yves Prevost

    07 h 34, le 06 mai 2021

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