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Économie - Électricité

L’avance à EDL votée fin mars toujours pas débloquée

Le recours déposé par le bloc parlementaire des Forces libanaises pour invalider la dernière avance du Trésor accordée à EDL est problématique à plusieurs niveaux.

L’avance à EDL votée fin mars toujours pas débloquée

La République forte, le groupe parlementaire des Forces libanaises, a annoncé hier avoir déposé un recours en invalidation de l’avance à Électricité du Liban. Photo ANI

Trois sources bien informées ont confirmé à L’Orient-Le Jour que la Banque du Liban (BDL) n’avait toujours pas débloqué l’avance de 300 milliards de livres, soit 200 millions de dollars au taux officiel de 1 507,5 livres pour un dollar, pour permettre à Électricité du Liban (EDL) d’acheter du carburant pour ses centrales.

L’enveloppe avait été votée en urgence fin mars – loi n° 215/2021, publiée au Journal officiel le 15 avril – par les parlementaires en plein contexte de crise marqué par un effondrement de la livre. Cette avance suffit en principe à couvrir deux mois de carburant, une durée qui peut varier en fonction de l’intensité du rationnement imposé par le fournisseur d’État, dont les capacités ne suffisent pas en temps normal à répondre à la demande nationale.

Pour l’heure, EDL arrive à exploiter 1 200 mégawatts (MW) sur les 1 800 qu’elle peut mettre en service, un niveau plus ou moins maintenu depuis la mi-avril, précise une des sources, proche de l’établissement public. Le fournisseur d’État, dont l’indispensable réforme est repoussée depuis des décennies par les conflits d’intérêts des différentes formations politiques du pays, est forcé de compter sur ces avances dans la mesure où ses tarifs sont figés depuis le début des années 1990 sur un prix du baril de pétrole largement inférieur au cours actuel.

Pour mémoire

L’appel d’offres pour le gasoil en suspens depuis plus d’une semaine

« Le carburant acheté en 2021 l’a été avec des fonds qui restaient sur l’enveloppe de 2020. Il reste assez pour payer un navire-citerne, d’où l’importance de pouvoir utiliser rapidement l’avance », a indiqué cette source. Elle estime qu’EDL peut encore prendre le pari de maintenir le niveau actuel de production « pendant quelques jours » avant de se retrouver obliger d’augmenter sensiblement le rationnement pour faire durer ses stocks de carburant aussi longtemps que possible, comme cela avait été le cas entre mars et avril. Seuls un peu plus de 900 MW étaient en service, ce qui représente un nombre considérable d’heures de coupure.

Les Forces libanaises posent un recours

Hasard du calendrier, c’est hier que La République forte, le groupe parlementaire des Forces libanaises (FL), a annoncé avoir déposé un recours en invalidation visant la loi n° 215/2021. Selon le député Georges Okaïs, qui n’a pas répondu aux appels de L’Orient-Le Jour hier, au même titre que le service de presse de la BDL, le recours dénonce le fait que la loi viole le droit à la propriété privée consacré dans le préambule de la Constitution, les avances du Trésor étant financées par les réserves de devises à la BDL, dont la quasi-totalité est actuellement composée de réserves obligatoires des banques – plus de 15 milliards sur les 16,35 milliards évoqués par le gouverneur il y a deux semaines. Or, rappelle le bloc, ces réserves sont déposées à la BDL par les établissements bancaires pour couvrir une portion des dépôts en devises détenus par leurs clients, comme l’impose la réglementation internationale.

Le fait de ponctionner les réserves obligatoires pourrait avoir des conséquences néfastes sur les relations déjà chancelantes des banques libanaises avec leurs correspondantes à l’étranger, comme l’a souligné l’agence de notation financière américaine Moody’s dans une note la semaine dernière. « Le bloc s’était opposé à l’approbation (de la loi n° 215) et avait voté contre au Parlement. Nous avions dit à l’époque que la question de l’argent des déposants – ou ce qui en reste, malheureusement – est pour nous sacro-sainte », a affirmé Georges Okaïs lors de la conférence de presse. Il revient désormais au Conseil constitutionnel de statuer sur ce recours, en décidant dans un premier temps s’il sera suspensif ou non en fonction des éléments soumis.

Pour mémoire

Malgré le vote des avances du Trésor, les problèmes d’EDL persistent


Si le recours des FL semble légitime sur le papier, il reste problématique à plusieurs niveaux. Tout d’abord, parce que ses auteurs n’ont proposé aucune alternative à court terme au gel des avances à EDL, dont le processus de réforme ne peut se concevoir que sur le long terme. Ensuite, parce que le gel de l’avance poussera mécaniquement le fournisseur à augmenter le rationnement en électricité, laissant les Libanais face à deux options : soit vivre davantage dans l’obscurité, soit payer des factures de plus en plus onéreuses aux propriétaires de générateurs privés qui fournissent du courant pendant les heures de coupure. Enfin, les unités de production de ces exploitants consomment du mazout, dont les importations sont subventionnées par un mécanisme mis en place par la BDL en octobre 2019 et qu’elle finance également à partir de ses réserves de devises.

L’État, qui fonctionne sans gouvernement de plein pouvoir depuis la démission de l’exécutif de Hassane Diab en août dernier, prévoit de rationaliser ces mécanismes à très court terme, selon plusieurs annonces faites par des responsables locaux.

Trois sources bien informées ont confirmé à L’Orient-Le Jour que la Banque du Liban (BDL) n’avait toujours pas débloqué l’avance de 300 milliards de livres, soit 200 millions de dollars au taux officiel de 1 507,5 livres pour un dollar, pour permettre à Électricité du Liban (EDL) d’acheter du carburant pour ses centrales. L’enveloppe avait été votée en urgence fin mars...

commentaires (2)

Quelqu’un a remarqué que l’approvisionnent et la distribution du courant est inchangé malgré le peu de moyens dont dispose l’EDL. Les libanais ont été rationné pendant des dizaines d’années alors que le secteur de l’électricité bénéficiait du plus gros budget de l’état. Et il n’y a pas que l’électricité. Comment expliquer cette anomalie pour ne pas dire cette arnaque qui se révèle au grand jour depuis la crise financière du pays? Les libanais sont tellement occupés à trouver des solutions à leurs problèmes qu’ils n’ont pas vu l’évidence en comparant leur vie d’avant avec celle d’aujourd’hui. Parce qu’à part les produits alimentaires et la confiscation de leur argent rien a changé dans leur vie quotidienne comparée à celle d’avant où l’argent coulait à flot dans les caisses de l’état. Malgré l’effondrement total du système économique tout reste inchangé pour eux, Il y a de quoi se poser de sérieuses questions.

Sissi zayyat

11 h 31, le 27 avril 2021

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Commentaires (2)

  • Quelqu’un a remarqué que l’approvisionnent et la distribution du courant est inchangé malgré le peu de moyens dont dispose l’EDL. Les libanais ont été rationné pendant des dizaines d’années alors que le secteur de l’électricité bénéficiait du plus gros budget de l’état. Et il n’y a pas que l’électricité. Comment expliquer cette anomalie pour ne pas dire cette arnaque qui se révèle au grand jour depuis la crise financière du pays? Les libanais sont tellement occupés à trouver des solutions à leurs problèmes qu’ils n’ont pas vu l’évidence en comparant leur vie d’avant avec celle d’aujourd’hui. Parce qu’à part les produits alimentaires et la confiscation de leur argent rien a changé dans leur vie quotidienne comparée à celle d’avant où l’argent coulait à flot dans les caisses de l’état. Malgré l’effondrement total du système économique tout reste inchangé pour eux, Il y a de quoi se poser de sérieuses questions.

    Sissi zayyat

    11 h 31, le 27 avril 2021

  • L'argent des déposants a été suffisamment volé. Il faut un stop total. Qu'ils aillent chercher à vendre des onces d'or, étant donné que cet or qu'on disait qu'il couvrait la livre, il n'a pratiquement servi à rien tant que la livre a perdu 85% de sa valeur.

    Esber

    11 h 26, le 27 avril 2021

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