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Culture - Cinéma

La caméra vérité de Nicolas Khoury

La caméra vérité de Nicolas Khoury

Une scène du film « Fiasco », réalisé par Nicolas Khoury. Capture d’écran

Depuis son adolescence, Nicolas Khoury traîne sa caméra partout. Elle est sa confidente mais aussi le principal témoin de son quotidien. Fiasco, son nouveau documentaire sélectionné au prestigieux Festival du film documentaire de Copenhague CPH : DOX, est un film « free style », spontané, qui n’a pas été écrit mais réalisé en plusieurs étapes depuis 2015 et surtout ressenti car profondément vécu. C’est la caméra qui est le fil conducteur des années qui se succèdent. Toujours plantée dans la maison du réalisateur, elle dialogue avec les trois personnages du film. Alors que d’anciennes vidéos s’allient à de nouvelles, cette caméra traduit son parcours, sondant l’intimité du cinéaste, et montrant la relation forte et parfois dysfonctionnelle qui le lie à sa mère et à sa sœur après la mort de son père. Lorsque sa sœur, complice de ses vidéos de jeunesse, se marie et s’éloigne du cocon familial, elle laisse son frère seul face à leur mère qui lui dira un jour tendrement : « Je ne veux pas que ta vie soit un fiasco. » Est-ce parce que, pour les mères libanaises, si leur fils ne se marie pas et ne laisse pas de descendance après lui, il est souvent considéré comme ayant échoué dans sa vie ? La mère ignore que son fils est sujet à une angoisse dont il ne connaît pas le nom. Serait-ce la peur de la solitude, ce fantôme qui hante la maman depuis la disparition de son mari et de ses frères ?

La solitude inhérente à l’homme

C’est ainsi par l’idée de fiasco que commence la quête du metteur en scène qui met sa personnalité à nu et se raconte. Une réflexion sur la vie, sur la solitude, mais aussi sur la société libanaise, jamais dramatique, mais teintée d’humour et de dérision. Si l’histoire commence par des scènes théâtrales où frère et sœur – très jeunes encore – se déguisent et incarnent des personnages fictifs, elle se termine bien par la réalité où plus personne ne joue un rôle mais se révèle à l’autre.

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Diplômé en études cinématographiques et audiovisuelles de l’Académie libanaise des beaux-arts (ALBA) en 2010, Nicolas Khoury, né en 1989, est un réalisateur de documentaires et monteur de films indépendant vivant et travaillant à Beyrouth. Sa filmographie comprend trois longs métrages indépendants qui ont remporté des prix dans plusieurs festivals. Son documentaire Resonances (27 minutes) avait remporté les prix du meilleur court métrage documentaire à It’s All True (Brésil) en 2018, ainsi qu’aux Journées cinématographiques de Carthage (Tunisie) la même année. Quant à son plus récent court mérage, Une ville, une femme, il vient d’être sélectionné par le Beirut Art Film Festival (BAFF) pour représenter le Liban au grand Festival du film de l’art à Montréal.

L’affiche du film.

Un nouveau défi

Pour Nicolas Khoury, Fiasco était une sorte de terrain d’expérimentations « comme une thérapie et un nouveau début quelque part ». C’est la caméra qui ouvrait des fenêtres, des portes à de nouvelles histoires. Utilisant différents champs de vision et différentes techniques pour filmer, il prouve encore une fois que le cinéma est un outil d’intériorisation mais aussi de jeu. Le cinéaste avoue que la postproduction du film s’est faite durant l’année la plus difficile au Liban, pays qui cumule des crises économique, sociales et sanitaire, en plus de vivre les répercussions du drame du 4 août.

Avec le soutien de l›International Media Support (IMS), The Arab Fund for Arts and Culture (AFAC) et Cultural Resource (al-Mawred al-thaqafy), et coproduit par Yara Yuri Safadi et Sekak Films, ce film, dont Cherine Debs assure le montage, a constitué un véritable défi, « surtout que les festivals de films, notre public principal, annulaient leurs éditions ou étaient diffusés en ligne. Cela nous a fait remettre en question la possibilité de sortir Fiasco », confie Khoury. « Cependant, poursuit-il, après chaque projection que nous avons faite en interne dans le processus de postproduction et en voyant les réactions des téléspectateurs, l’équipe et moi étions confiants qu’il s’agissait du meilleur moment pour faire ce documentaire. Nous avons remarqué à quel point l’intimité était un besoin en ces temps difficiles, ainsi que l’humour qui distingue le film tout en traitant de sujets compliqués. » « Le montage a été la partie la plus longue et la plus difficile de notre travail, avoue Nicolas Khoury. Nous avons réussi à avoir un premier brouillon du documentaire début 2020, que nous avons amélioré tout au long de l’année, notamment avec l’enfermement. L’explosion de Beyrouth le 4 août a constitué un grand choc pour tout le monde. Nous avons alors mis Fiasco en mode pause. »

Dans ce contexte, « être sélectionné au CPH : DOX a représenté une formidable impulsion pour enfin finaliser le processus de postproduction en ligne », conclut le réalisateur.

Depuis son adolescence, Nicolas Khoury traîne sa caméra partout. Elle est sa confidente mais aussi le principal témoin de son quotidien. Fiasco, son nouveau documentaire sélectionné au prestigieux Festival du film documentaire de Copenhague CPH : DOX, est un film « free style », spontané, qui n’a pas été écrit mais réalisé en plusieurs étapes depuis 2015 et surtout...

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