Grâce à son distributeur, Fattal, la société M-Lab revendique aujourd'hui environ 60% de parts de marché des masques médicaux vendus au Liban.
Grâce à son distributeur, Fattal, la société M-Lab revendique aujourd'hui environ 60% de parts de marché des masques médicaux vendus au Liban. Mohammed Yassine

Fondée en pleine pandémie, en mai 2020, par quatre jeunes Libanais, les frères Ziad et Imad Mitry, Anthony Aoun et Élie Aramouni, la jeune société M-Lab connait déjà un franc succès. «Nous sommes présents dans près de 1600 pharmacies et dans la majorité des supermarchés, et nous détenons aujourd’hui environ 60% de part de marché des ventes de masques médicaux au Liban», indique Ziad Mitry. «Il faut toutefois souligner que le Liban a bénéficié d’énormément de dons de masques suite à la double explosion du 4 août, ce qui a nettement réduit les ventes», nuance-t-il.

Tout commence début 2020, alors que le Liban, largement importateur, subissait une pénurie de masques à cause de la pandémie de la Covid-19 et de l’explosion de la demande mondiale. Les jeunes gens travaillent alors dans la distribution: Ziad Mitry était chef de département des produits médicaux chez Fattal, Élie Aramouni y effectuait un stage, et Anthony Aoun travaillait au sein de la chaîne de supermarchés familiale Le Charcutier Aoun. Ils voient dans la dépréciation de la livre et la pénurie de masques une opportunité de développer la production locale, sachant qu’environ 40% des coûts de fabrication sont libellés en livres libanaises. Avec Imad Mitry, ils financent eux-mêmes, pour un montant non-communiqué, le lancement de leur société et l’achat des matières premières nécessaires. Ils signent également un contrat d’exclusivité avec une usine de textile, située à Zalka, d’une capacité de production de près de 210.000 masques par jour, qu’ils avaient déjà approchée en amont.

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Capitalisant sur ce succès, la société décide de diversifier son offre de produits de protection contre la Covid-19. Elle se lance d’abord dans la production de purificateurs d’airs portables autour du cou, avant de rajouter des gels hydroalcooliques, des sprays désinfectants et de l’alcool à 70°, dont la production est sous-traitée à une autre usine. Par ailleurs, l’équipe de M-Lab y distille aussi depuis décembre 2020, son propre gin, commercialisé sous le label O’17, en référence à la révolution du 17 octobre, et déjà disponible dans plusieurs bars et supermarchés.


«Nous sommes présents dans près de 1600 pharmacies et dans la majorité des supermarchés, et détenons aujourd’hui environ 60% de part de marché des ventes de masques médicaux au Liban»
 
Ziad Mitry
COfondateur de m-lab


Outre un modèle basé sur la sous-traitance, Anthony Aoun attribue ces résultats au «partenariat stratégique signé avec la société Fattal, le plus gros acteur dans le secteur de la distribution au Liban». «Cela nous a permis très rapidement de s’accaparer une part de marché d’environ 30% des masques médicaux vendus au Liban à fin 2020, et d’atteindre près de 60% aujourd’hui», indique de son coté, Élie Aramouni.

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Les huit employés de M-Lab se consacrent aujourd’hui à la communication, au marketing et au développement. Au niveau local, l’équipe travaille sur le développement de coussinets pour lits d’hôpitaux et de couches pour adultes. «Nous collaborons avec plusieurs hôpitaux et sommes en phase finale de test. La commercialisation de ces produits d’hygiène ne devrait pas tarder», explique Élie Aramouni.

En parallèle, M-Lab cherche à exporter ses produits, notamment dans les pays du Golfe. «Avec la dépréciation de la livre, nous pouvons être très compétitifs à l’export, voire rivaliser avec les masques médicaux fabriqués en Chine», indique Imad Mitry. Mais sa société fait face à un obstacle de taille: la certification de l’Institut de recherche industrielle (IRI) au Liban, qui n’est pas reconnue dans les pays du Golfe. Pour cela, «nous les avons soumis à de nouveaux tests à Dubaï. Une fois jugés conformes aux normes, nous pourrons alors les exporter dans tous les pays du Golfe», espère Ziad Mitry.